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jeudi 22 juin 2023

Quand Elon Musk joue avec les nerfs de Macron


 
 
 
 Marc Baudriller 21 juin 2023

Notre Président est un banquier d’affaires, habile, dit-on, orgueilleux et habitué à parler d’égal à égal avec les patrons et les stars de l’économie. 

D’Elon Musk, le génial inventeur de la marque automobile Tesla, patron de SpaceX et méchant propriétaire de Twitter, Macron n’allait faire qu’une bouchée. 

Hop !emballé c’est pesé, envoyez les investissements en France pour une usine ultramoderne. Dans le dos de Musk, Macron continuerait à encourager un autre Français, Thierry Breton, qui, lui, promet à Musk des amendes colossales si Twitter ne se plie pas aux règles européennes de contrôle des contenus publiés. En clair, s’il ne pratique pas une précensure qui serait l’une des plus dures du monde.

Tendre bruyamment la main à l’Américain tout en le crossant derrière le paravent : c’est une scène de guignol que le président de la République française a prévu de jouer. Hélas, la pièce ne se déroule pas comme prévu.

« Ce qu'on lui demandera de faire »

Ainsi le milliardaire a-t-il livré trois actes délicieux. Premier acte, le silence. Musk est resté coi lorsque Thierry Breton, notre éminent commissaire européen en charge du marché intérieur et du numérique, revêt l'uniforme du gendarme : « Elon Musk fera ce qu'on lui demandera de faire s'il veut continuer à opérer », tançait brutalement Thierry Breton, sur France Inter, le 24 avril dernier.

Le Sud-Africain-Canadien-Américain était prié de courber l’échine. Et plus vite que ça ! Twitter devra « renforcer considérablement la modération des contenus, protéger la liberté d’expression et s’attaquer avec détermination à la désinformation », avait expliqué le commissaire, fin novembre 2022. Au moindre dérapage, le Twitter d’Elon Musk risque des amendes représentant jusqu’à 6 % du chiffre d’affaires mondial du réseau social.

Pour faire bonne mesure, l’Europe du tandem Breton-Macron brandit la menace d’une interdiction pure et simple de Twitter si jamais Musk ne se plie pas aux règles européennes sur les contenus. Allons-y gaiement, la liberté attendra. Mais voilà, deuxième acte et changement de climat, cette semaine.

Elon Musk arrive en France, laissant planer la possibilité de l’implantation, ici, d’une vaste usine Tesla. Cette fois, Thierry Breton entre dans un trou de souris. Pffuit, disparu ! On ne l’a pas vu, pas entendu. À la place, le Président français Emmanuel Macron, la langue plus pendante que le loup de Tex Avery devant les promesses d’emplois, se déploie en hôte obséquieux et courtois.

On frétille en Macronie

Pour le convaincre d’installer son usine de batteries Tesla dans l’Hexagone, Macron a rencontré le milliardaire trois fois en quelques mois, toute séduction dehors. De quoi régaler Elon Musk, qui retrouve soudain la parole, enchaîne les interviews et souffle le chaud brûlant. Mi-mai, à Versailles, Musk promet que Tesla va consentir « des investissements significatifs en France ». Ce week-end, le tentateur Musk flatte : « La France est la deuxième économie européenne, il y a beaucoup de talents en France. » La capitale Paris est une « très très belle ville, je pense que c’est un facteur d’attractivité », ajoute-t-il. On frétille, en Macronie. Il est « très probable que Tesla fera quelque chose de très important en France dans les années à venir », insiste-t-il au micro d’Anne Sophie Lapix, sur France 2, dans le cadre du salon VivaTech à Paris. Un peu vague, quand même. « Ça ne va pas suffire », lui lance d'ailleurs Lapix…

De fait, à ce jour, il n'y a rien de concret derrière ces grandes phrases. Voilà quatre ans, Musk avait choisi l’Allemagne ; cette fois, il pourrait choisir… l’Espagne, murmurent plusieurs titres de la presse française.

Manipulation

On peut passer au troisième acte, le plus drôle. Les cartes en main, Musk continue à jouer avec les nerfs de la Macronie comme un chat avec une pelote de laine : « Ce que je pense, c’est que le Président Macron se soucie de l’avenir de la France, assure Musk. C’est un homme intelligent, il sait ce qui est important ; en tous cas, il fait tout ce qu’il peut pour ce pays, et je suis un fan du Président moi-même ! » Le farceur est lancé.

- « Je le vois », ponctue Lapix, sans qu’on sache si c’est du lard ou du cochon.

Musk, qui avait soutenu assidûment Trump aux Etats-Unis, est prêt à en remettre une couche :

- « Je sais que tout le monde ne l’aime pas autant, mais moi je l’aime bien. »

On y croit, bien sûr. Musk se joue ostensiblement du manipulateur au petit pied. « Passer pour un idiot aux yeux d’un imbécile est une volupté de fin gourmet », doit se répéter le patron américain, à la suite de Courteline.

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