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lundi 5 juin 2023

Mégenrer : attention, ça coûte cher !


 

Sabine de Villeroché 4 juin 2023

Qui n'a jamais fait la bourde en donnant du « monsieur » à une dame, ou inversement ? Ce qui, avant, relevait de la simple étourderie vite absoute avec les excuses du gaffeur devient, sous régime woke, le péché de « mégenrage » très lourdement sanctionné. 

La preuve avec l'Anglais Joshua Sutcliffe, qui en a perdu son job.



Pour avoir félicité ses élèves d'un « "bien joué les filles" alors qu'un garçon transgenre était dans le lot », ce jeune enseignant de 33 ans est empêché d'exercer son métier pour « mégenrage » par la Teaching Regulation Agency (agence de régulation pédagogique). Une première au Royaume-Uni. Le lourd passif du « délinquant » ne l'a pas aidé. Doublement coupable car il s'était, dans le passé, ouvert auprès de ses élèves sur son opposition au mariage gay et regrettait que « les hommes ne soient plus assez masculins aujourd'hui ». Ainsi, le système répressif se met en place et la France - qui, à son tour, avec quelques années de retard, connaît la même vague de contagion du phénomène trans - n'échappe pas au phénomène.

Le mégenrage tel que défini par nos associations militantes est une notion complexe, subtile et élastique : « Nombreuses sont les personnes qui ont fait l’amalgame, peut-être involontaire, entre corps et identité de genre. Ainsi, l’une des formes les plus courantes de mégenrage est l’utilisation de pronoms binaires pour une personne non binaire ou transgenre. L'usage du "il" ou "elle" est donc à proscrire. L’une des plus importantes et douloureuses formes de mégenrage, c’est l’esprit public genré, qui ne respecte pas ceux qui sortent de ce système binaire. Les formulations madame, monsieur, sont également une manière de mégenrer autrui. »

« Pour comprendre la problématique de ces personnes, en tant que cis, il est primordial d’intégrer le fait que le corps ne fait pas le genre. »

D'où l'invention du prénom « iel » (entré dans le dictionnaire) censé être utilisé pour désigner ces « 22 % de Français entre 18 et 30 ans [qui] ne se sentent ni homme ni femme », les « gender fluid ».



À ce sujet — Iel était une fois…

Et les pouvoirs publics sont très sourcilleux sur le sujet. Parce qu'il est « impératif de créer un environnement inclusif qui respecte les sensibilités des personnes trans » dans toutes les sphères de la société, la DILCRAT (Délégation interministérielle à la lutte contre le racisme, l'antisémitisme et la haine anti-LGBT) édicte les règles de bonne conduite : employeurs, administration (parmi lesquelles l'armée) et écoles sont tenus « d'employer les pronoms indiqués par la personne afin de respecter son identité de genre, d'adapter la civilité, d'accepter la demande de suppression de la mention de son sexe » et de mettre vestiaires, dortoirs et toilettes mixtes ou dans le genre souhaité à disposition… Sous peine de « discrimination sur le fondement de l'identité de genre », délit réprimé par le Code pénal (article 225-1 à 225-4) et puni jusqu'à 45.000 euros d'amende et trois ans d'emprisonnement. Le tout sous étroite surveillance du Défenseur des droits qui assimile « le fait de mégenrer délibérément à l'oral ou à l'écrit un.e employé.e trans » à du harcèlement moral (décision du 28 mars 2012).

À l'école, les règles sont encore plus claires : pour l'Éducation nationale, conformément à la circulaire Blanquer, « refuser le prénom d’usage d’une personne trans et/ou refuser d’utiliser les pronoms/accords correspondant à son identité » est un exemple « d’agissement LGBTphobe ». Ce qui, en conclut l'association militante pro-trans Chrysalide, permet logiquement « d'agir contre le personnel éducatif et administratif » récalcitrant.

Plus inquiétant pour les familles : « Si les parents persistent à refuser les désirs de leur enfant, il est important de réaliser qu’il/elle est potentiellement en danger au sein de sa famille et que ce refus témoigne uniquement d’une partie des violences dont il/elle peut être victime. L’établissement scolaire est autorisé à transmettre une information pour situation préoccupante afin qu’une évaluation soit faite et que le juge des enfants soit saisi en cas de danger avéré » (art. L226-2-1 du Code de l’action sociale et des familles), précise l'association Chrysalide, qui s'appuie sur la circulaire Blanquer (&2 a). Nous n'en sommes pas encore au cas de ce père canadien condamné à six mois de prison pour mégenrage parce qu'il refusait la transition de sa fille, mais ça commence à y ressembler.

Cette pensée woke construit décidément un monde étouffant, liberticide et répressif. Une éclaircie, cependant : Twitter, immédiatement brocardé par le lobby trans, a annoncé au mois d'avril assouplir ses règles sur la censure concernant notamment le « mégenrage ». Serait-ce que la coupe est pleine ?

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