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mercredi 14 juin 2023

Air Defender 2023 : quand l’OTAN préfère occuper l’Europe

 

13.06.2023 

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Le plus grand exercice des forces aériennes de l’OTAN depuis la guerre froide, Air Defender 2023, se déploie en Europe ces jours-ci. 

Selon le NYT, ceci est censé montrer, ce qui se passerait, si l’OTAN était attaquée par la Russie. Au-delà de l’inversion accusatoire de l’agression, il semblerait que cette structure ait développé un nouveau plan de bataille : légitimer par le conflit en Ukraine une reprise en main directe du Continent européen par les Etats-Unis et une redistribution des rôles internes par la remilitarisation accélérée de l’Allemagne.

Du 12 au 23 juin, l’OTAN coordonne avec l’Allemagne l’exercice aérien Air Defender 2023, qui engage plus de 250 avions de 25 pays, notamment de deux pays non-membres, la Suède et le Japon. Quelque 10 000 personnes participent à cet exercice, qui impliquera largement en plus de l’Allemagne, les pays de l’Est, notamment la République Tchèque, la Pologne, les pays baltes … Et le choix de la russophobie actuelle, manifestement ajoutée à celui de l’imprégnation nazie lors de la Seconde Guerre mondiale, n’est pas anodin. C’est le terreau de la lutte contre la Russie, aujourd’hui comme hier. Car à l’inverse des slogans actuels, le communisme luttait contre le nazisme, quand le libéralisme et ses grands chefs d’entreprises servaient la cause. Mais de cela, il est mal venu de parler …

Comme le précise le NYT :

«Les vols de lundi comprenaient un arrêt au stand dans une base aérienne en Lituanie, une ancienne République soviétique où la peur de la Russie est grande, en particulier pour montrer à quelle vitesse les avions de guerre décollant d’Allemagne arriveraient. Des arrêts similaires seront effectués dans d’autres pays qui étaient autrefois sous la coupe de Moscou — la Pologne, la Roumanie et la République tchèque.»

Bref, nous sommes dans une belle mise en scène. Et les acteurs semblent oublier, qu’ils sont sur scène.

«En fin de compte, tout est une question de dissuasion crédible», a déclaré le général Gerhartz. «Nous ne voulons pas être trop agressifs, mais montrer que nous sommes forts.» 

Ces gens, sont-ils sérieux ?

Pensent-ils réellement qu’un exercice doit faire peur aux uns et rassurer les autres ? Si jamais l’OTAN décidait sous un prétexte ou un autre d’attaquer la Russie, car c’est bien de cela qu’il s’agit, cet exercice ne rendrait pas par magie les peuples européens prêts à prendre les armes et ne ramènerait pas à la vie par un coup de baguette magique l’infanterie, qui remplit à peine le Stade de France.

En revanche, ces exercices sont une démonstration de force interne, pour montrer qui est le maître. Deux remarques très intéressantes en ce sens apparaissent discrètement au cours de l’article du NYT.

Tout d’abord, il s’agit de la remilitarisation des pays, actant l’échec de l’Union européenne à assumer la sécurité de ses membres. Même si ce constat est plus que surprenant dans le cadre du conflit ukrainien, puisque l’Ukraine n’est pas membre de l’UE. En tout cas, ainsi se justifie la remilitarisation de l’Allemagne, comme l’exprime Stephan Weil, président de la région de Basse-Saxe :

«Depuis l’invasion russe de l’Ukraine, nous savons que l’architecture de sécurité européenne, telle que nous l’assumons depuis des décennies, ne fonctionne plus, et que la défense nationale doit donc avoir une importance beaucoup plus grande.»

 Et avec cette remilitarisation, c’est tout l’équilibre politique inter-européen qui est remis en cause.

Ensuite, le conflit ukrainien permet de légitimer une présence militaire étrangère, surtout américaine, plus forte en Europe.

«Depuis l’invasion de l’Ukraine, l’OTAN est passée de ce que les militaires appellent la dissuasion par représailles — reposant sur la promesse de prendre la défense de n’importe quel membre et de repousser toute force d’occupation — à la dissuasion par déni, qui vise en premier lieu à empêcher une occupation. Cela signifie plus de troupes et d’équipements basés en permanence à la frontière russe, plus d’intégration des plans de guerre alliés et plus de dépenses militaires.»

Bref, avec le conflit en Ukraine, l’OTAN est bien passée à l’attaque — en Europe. Et pour éviter une putative «occupation russe», une véritable occupation américaine se répand comme la peste dans nos pays. Mais puisqu’il s’agit de nous protéger d’un danger par eux-mêmes créé, qui oserait se plaindre …

Par Karine Bechet-Golovko

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