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mercredi 28 juin 2023

À France Inter, rien de nouveau : l’extrême gauche succède à l’extrême gauche

 

 Gabrielle Cluzel 27 juin 2023

Pendant que l’on s’écharpe à l’Assemblée autour de la supposée « dérive à l’extrême droite » du média privé Journal du dimanche (JDD), nul n’évoque la « dérive à l’extrême gauche » du média public France Inter.

 Et à raison, à dire vrai, car en l’occurrence, le mot approprié n’est pas « dérive », qui suppose le glissement d’un point A vers un point B, mais « ancrage consolidé » : France Inter est déjà depuis belle lurette à l’extrême gauche et, rassurez-vous (ou pas), ne bougera pas d’un iota. Adèle Van Reeth, directrice de France Inter, a révélé lundi, au Parisien, les détails de la « succession » de l’humoriste belge Charline Vanhoenacker.

Souvenez-vous, c’était il y a quelques semaines. La nouvelle avait fait l’effet d’une bombe : l’émission quotidienne « C’est encore nous » de la désopilante Charline Vanhoenacker allait devenir hebdomadaire. Quel désespoir ! La cascade la plus célèbre de Charline Vanhoenacker date de septembre 2021, quand celle que Les Inrocks nomment la « femme la plus drôle de France » avait lancé l’opération ZOB : elle s’était filmée gribouillant un O puis un B après la première lettre du nom du candidat Reconquête sur une affiche électorale, achevant le tout avec une petite moustache évocatrice. Le souvenir d’une telle bravoure ne pouvait lui valoir qu'un soutien général dans l'adversité. D’autant que Charline Vanhoenacker avait pris, quand l'annonce de l'allongement de la périodicité de son émission était tombée, une posture de vierge martyre dans la fosse aux lions : cette décision ne venait pas d’elle, affirmait-elle, drapée dans son chagrin.

Très vite a soufflé un vent de complotisme : « Donc, Charline Vanhoenacker et ses chroniqueurs sont virés de France Inter (la semaine). Serait-ce un choix politique ? Si oui, guidé par qui ? », a demandé, accusateur, le député Aymeric Caron. La pétition « Sauvons "C'est encore nous" sur France Inter ! », lancée par le militant d’extrême gauche Victor Baissait, a rassemblé plus de 200.000 signatures, comme s'il s'agissait d'un chef d'œuvre multiséculaire en péril.



« Cette décision n’est pas politique ! », a dû se défendre Adèle Van Reeth. Ce qui est vrai et faux à la fois. Elle n’est pas politique au sens où le sous-entend Aymeric Caron : Charline Vanhoenacker n’a pas été sanctionnée pour ses options. Mais elle est politique car stratégique : selon la maxime bien connue du Guépard, il faut que tout change pour que rien ne change. Faire en sorte que la bonne parole d’extrême gauche, sous couvert d’humour, demeure à France Inter, mais portée par d’autres voix. On vient d’apprendre que Charline Vanhoenacker allait être remplacée par un trio féminin, et ces drôles de dames là ne sont pas Eugénie Bastié, Charlotte d’Ornellas ni Élisabeth Levy : Marie Misset est directrice de la rédaction de Konbini. Maïa Mazaurette est chroniqueuse sur TMC et l'humoriste Marine Baousson sévit déjà sur France Inter. « Elles donneront la parole à des gens engagés », peut-on lire. Engagés dans quoi et de quel côté ? Qui a besoin d’un dessin ?

La première, Marie Misset, a signé en octobre 2021, sur le Club Mediapart, la pétition « Journalistes, nous ne serons pas complices de la haine », assumant implicitement de vouloir « invisibiliser » Éric Zemmour. Quant au média qu’elle dirige, inutile de le présenter : entre euthanasie, ligature des trompes, transexualité et migrations... il enfourche avec une régularité de métronome tous les chevaux de bataille du wokisme. Maïa Mazaurette, plutôt axée sur les questions de sexualité - avec, notamment, « une zone mazaurette spéciale kids », tous les mercredis, expliquant aux petits enfants ce qu’est une sextape ou le rapport Sauvé - ne dédaigne pas non plus la politique, puisqu'elle a réussi ce prodige de mettre d’accord, durant la présidentielle, Éric Zemmour et Marine Le Pen, les dézinguant tour à tour avec une grande égalité de (mauvais) traitement sur « Quotidien ».

Marine Baousson se présente comme une lesbienne militante, grande promotrice de la PMA pour toutes. En plus de France Inter, on peut la retrouver sur Slate.fr. Voici comment, dans un podcast, elle décrit les élections législatives de juin 2022 : « Éric Zemmour et Jean-Michel Blanquer ont tous les deux perdu au premier tour dans leurs circonscriptions respectives. Oh naaaaaan, les pauvres… Oh la la mince… Bon, par contre, je fais la maligne, mais 89 députés RN sont élus à l’Assemblée nationale, et ça, c’est pas cool du tout parce qu’ils ont donc 89 sièges à l’Assemblée et, dans ma tête, c’est pas tellement des sièges, c’est plus des cuvettes sales jamais relevées… » (sic).

Adèle Van Reeth promet « un ton anti-politiquement correct ». Comprenez subversion conformiste et rébellion en carton. Avec l'argent qu'à notre corps défendant, en tant que contribuables, nous lui offrons. France Inter la bien nommée : celle de l’entre-soi.

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