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vendredi 3 février 2023

Michel Gay : « Aucune raison technique ne justifie aujourd’hui l’explosion du coût de l’électricité en France » [Interview]


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Alors que les factures d’électricité explosent, dans un pays qui possède pourtant des centrales nucléaires, beaucoup ne comprennent pas ce qu’il se passe sur le marché de l’énergie. Ni pourquoi la France et ses centrales nucléaires ne sont pas capables de fournir l’intégralité de la population en énergie, à bas coûts.

Si le lobby « vert » sévissant en politique depuis plusieurs décennies, fait partie de la liste des responsables de ce fiasco, ça n’est pas la seule raison. Pour en discuter, nous avons interrogé Michel Gay, qui a publié plusieurs livres sur la question du nucléaire, des énergies renouvelables, et qui n’a pas l’habitude de manier la langue de bois.

Breizh-info.com : Tout d’abord, pouvez-vous vous présenter de nouveau à nos lecteurs ?

Michel Gay : Ancien pilote de chasse pendant 25 ans, je me suis ensuite intéressé au sujet de la production, de la distribution, du stockage et de l’utilisation de l’énergie, notamment de l’électricité depuis 10 ans.

J’ai écrit environ 700 articles publiés principalement sur Contrepoints, mais aussi sur Breizh Info, Le Monde de l’Énergie, Conflits, Métainfo,… et j’ai publié 3 livres (Vive le nucléaire heureux !, Au diable les énergies renouvelables !,et Sous-Exposé !).

Voir le site que j’anime : vive-le-nucleaire-heureux.com

Mon objectif est d’informer le plus largement possible les Français devant le rouleau compresseur médiatique de désinformation (ou de sottise par méconnaissance) dans le domaine énergétique. La profonde méconnaissance des Français sur la problématique des énergies constitue le terreau sur lequel prospèrent les prophètes du malheur, de l’obscurantisme et de la régression du niveau de vie.

Breizh-info.com : Qu’est-ce qui justifie aujourd’hui l’explosion du coût de l’électricité en France ? Pourquoi avons-nous rattrapé les autres Européens en matière de prix très élevés ?

Michel Gay :  Aucune raison technique ne justifie aujourd’hui l’explosion du coût de l’électricité en France. C’est une raison de mauvais choix de politique énergétique de la France et de l’Europe (que la France a accepté) qui ont parié sur les énergies renouvelables intermittentes (EnRI) soutenues par le gaz (essentiellement russe) et par le charbon allemand, ainsi que par de gigantesques subventions publiques, tout en sacrifiant le nucléaire.

Le choix allemand « imposé » à l’Europe d’indexer le prix de l’électricité sur le gaz a aussi été une erreur monumentale.

Aucune réduction des émissions de CO² ne résultera d’une transition énergétique relevant d’un panel de solutions de productions d’énergies renouvelables intermittentes selon les rapports et avis officiels émis par les autorités compétentes suivantes :

  • l’Académie des Sciences (19 avril 2017),
  • l’Académie des Beaux-Arts (2007),
  • l’Académie de Médecine (09 mai 2017),
  • la Cour des comptes (18 avril 2018),
  • la Commission nationale du débat public (12 septembre 2018),
  • et la Commission d’enquête parlementaire sur l’impact des énergies renouvelables qui indique le 26 novembre 2019 : « La transition du nucléaire vers les énergies électriques intermittentes n’a aucun impact sur le CO² et ne permet donc pas de lutter contre le réchauffement climatique »…
  • Tous expriment que :
  • l’éolien notamment ne sert ni la transition écologique, ni l’environnement, ni la santé,
  • la transition doit être transparente sur les coûts complets du mix énergétique programmé et les soutiens publics induits,
  • elle doit respecter les territoires, la biodiversité, les paysages, et le cadre de vie des ruraux.

Une grande confusion s’est installée entre énergie et électricité dans l’élaboration de la Programmation pluriannuelle de l’énergie (PPE)

Elaborée par le ministère de la Transition écologique et solidaire, la PPE est pourtant « l’outil de pilotage de la politique énergétique de la France » qui vise à diminuer les émissions de gaz carbonique (CO2).

Si le débat se fourvoie autour de la production d’électricité, il passera à côté de l’objectif principal de la PPE qui est de réduire la consommation des énergies fossiles et, conjointement, les émissions de gaz à effet de serre.

C’est également l’erreur majeure de la Commission européenne qui mélange l’objectif (réduire la consommation d’énergies fossiles) et les moyens (développer les énergies renouvelables productrices d’électricité).

Cette folle politique énergétique est à l’origine de la flambée des prix de l’énergie et de l’électricité aujourd’hui.

Breizh-info.com : Qui sont les principaux responsables de cette hausse des prix de plus en plus importante ? Qu’est-ce qui explique la perte d’influence des entreprises spécialisées dans le nucléaire en France sur plusieurs décennies alors que parallèlement, elles rayonnent dans le monde ?

Michel Gay : Les principaux responsables sont nommés dans le Point du 26/10/22 « Electricité : enquête sur un débâcle » .

Pour la perte d’influence, le rapport Folz d’octobre 2019 fait référence chez les experts : des compétences ont été perdues parce que la France n’a plus construit de réacteurs nucléaires durant 20 ans. Les personnels sont partis sur d’autres secteurs d’activités ou en retraite.

L’abandon des réacteurs du futur de quatrième génération est aussi une grande erreur qui sera lourde de conséquences dans 20 ans.

Breizh-info.com : Est-il possible selon vous, à court et moyen terme, de relancer l’industrie nucléaire et de faire chuter les prix de l’électricité en France, pour le consommateur ? Ne faut-il pas tendre vers un mixe avec du renouvelable, en attendant que les nouvelles centrales tournent à plein régime ?

Michel Gay : Oui, il est possible de relancer le nucléaire à moyen terme (il faudra 10 ans pour « remonter » la filière) et de faire chuter les prix de l’électricité en France pour le consommateur en sortant du système européen idiot et en revenant au véritable coût de production (faible en France), comme c’était le cas il y a 15 ans !

Les énergies renouvelables par ailleurs, sont un gouffre financier non seulement inefficaces et quasiment inutiles mais nuisibles car elles aspirent des financements qui seraient beaucoup plus utiles par ailleurs !

De plus, elles déstabilisent les réseaux et ruinent les Français par leur intermittence (pas de stockage possible malgré des annonces pour faire rêver le bon peuple).

Ces EnRI ont pu se développer de manière scandaleuse alors qu’elles constituent une impasse à la fois technique, financière et écologique. Les écologistes, notamment les « pères verts » de l’Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie (ADEME), manipulent les chiffres pour faire croire qu’elles peuvent répondre aux besoins de la France, de l’Europe et de l’humanité.

Il ne s’agit pas de bannir une « bonne flambée » de bûches dans sa cheminée, ni un complément d’eau chaude solaire pour des particuliers, ni la géothermie là où elle est possible, comme en Islande, ni même, dans certains cas, la production de gaz par méthanisation.

Il s’agit d’arrêter de tromper les citoyens en affirmant que les énergies renouvelables subventionnées, fatales, diffuses, ruineuses et intermittentes pourront succéder, même partiellement, aux énergies fossiles (pétrole, gaz et charbon) et fissiles (uranium et thorium).

Breizh-info.com : L’explosion des prix de l’énergie, l’échec manifeste de l’éolien à assurer notre indépendance énergétique…n’assiste-t-on pas là finalement aux révélations d’une grande imposture estampillée « Lobby vert », qui s’est emparé de l’écologie pour mener à bien un autre programme politique ?

Michel Gay : OUI, l’explosion des prix de l’énergie, l’échec manifeste de l’éolien à assurer notre indépendance énergétique…révèlent une grande imposture estampillée « verte » qui s’est emparée de l’écologie pour mener à bien un programme politique dérivant vers la dictature « verte ».

Et je dénonce depuis 10 ans l’immense imposture de cette écologie tyrannique qui peut conduire des illusions au cauchemar.

Breizh-info.com : Comment voyez-vous les prochains hivers, les prochaines années ?

Michel Gay : Les prochains hivers seront « tendus » avec encore des importations d’électricité mais elles devraient être moins importantes que cette année s’il n’y a pas de nouveaux défauts génériques sur les réacteurs nucléaires.

Pour le plus long terme, les gouvernements successifs doivent soutenir financièrement et politiquement le prolongement des réacteurs au-delà de 60 ans (l’AIEA et les Etats-Unis envisagent 80 ans et même 100 ans) ainsi que la remontée de la filière nucléaire dans les 20 prochaines années pour faire face à l’augmentation des besoins en électricité au moindre coût… en attendant un nucléaire durable pour plusieurs milliers d’années avec la quatrième génération utilisant 100% de l’uranium naturel au lieu de 1% aujourd’hui.

Propos recueillis par YV

Crédit photo : DR
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