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mercredi 4 janvier 2023

Rentrée sociale à haut risque : vers de nouvelles jacqueries ?


 

Nicolas Gauthier 3 janvier 2023

2023 sera-t-elle l’année de tous les dangers en matière sociale ? 

C’est en tout cas la question qui agite nombre de cervelles, médiatiques comme politiques. Surtout quand on sait que le mouvement des gilets jaunes a démarré sur deux mesures gouvernementales a priori anecdotiques, sauf pour cette France périphérique qui en fut la première victime : limitation à 80 km/h sur les routes nationales et taxe sur le diesel.

Aujourd’hui, les réformes des retraites et de l’assurance risquent d’être plus rudes à avaler pour nos compatriotes déjà passablement énervés. Ce qui explique pourquoi le Élisabeth Borne tente déjà d’allumer des contre-feux. À propos de la première, elle affirme : « Personne ne devra travailler 47 ou 48 ans. »

Quant à la seconde, même commencement d’abandon d’un article de la future loi qui catalysait tous les rejets, soit la baisse de 40 % des indemnités si le venait à passer sous la barre des 6 % : « Nous allons retirer ce point, et nous remettrons ce sujet dans la concertation sur les nouvelles règles. »

Une fois traduit du sabir technocratique en langage vernaculaire, cela signifie que le gouvernement recule avant même d’avoir avancé sur le dossier. Mais le problème est ailleurs, ces deux réformes présentant autant de défauts majeurs : elles sont ressenties comme injustes et, surtout, incompréhensibles par le commun.

Injustes, car il est sous-tendu dans ces textes que les Français, non contents de se conduire en « Gaulois réfractaires », seraient de plus des fainéants rechignant à travailler plus longtemps pour gagner moins et à passer leur existence à frauder les prestations sociales. Qu’il existe des fraudeurs, la chose est avérée ; mais il s’agit plus souvent de réseaux organisés, souvent issus de l’immigration (voir, à ce sujet, Le Cartel des fraudes, du magistrat Charles Prats, Ring éditeur) pratiquant la triche à grande échelle, que du fait de magouilleurs à la petite semaine.

Certes, il y a donc détournement du système, mais ne serait-il pas plus logique de taper sur ceux qui le détournent plutôt que de démanteler ce même système ? À moins, bien sûr, de croire qu’il existe des classes sociales dangereuses par nature, tel que l’estimaient une certaine bourgeoisie de naguère et les enfants gâtés du macronisme d’aujourd’hui ?

L’incompréhension, ensuite. Ce qui se conçoit bien s’énonce clairement, dit-on. Marine Le Pen a peut-être lu moins de livres qu’Élisabeth Borne, mais fait sûrement preuve de plus de sens quand elle explique que plus que l’âge du départ à la retraite, compte surtout le nombre d’années passées au travail. Pour elle, c’est quarante. L’un qui a commencé tôt part plus tôt. L’autre qui a commencé tard part plus tard.

Ceci expliquant probablement cela, Marine Le Pen annonce qu’elle s’apprête à aller à nouveau à la rencontre des Français. « Elle va reprendre ses déplacements. […] Mener une campagne qui ne dit pas son nom », apprend-on ainsi, de son proche entourage.

La lettre que Jordan Bardella, président du Rassemblement national, vient d’adresser, ce 3 janvier, à tous les boulangers de France, à propos de la flambée des prix de l’électricité, donne un avant-goût de la teneur de ce tour de France à venir : « Quel paradoxe de voir le président de la République se réjouir de l’inscription de la au patrimoine immatériel de l’humanité par l’UNESCO, mais condamner, par son inaction, des milliers d’artisans boulangers à fermer le rideau, pris à la gorge par une inflation hors de contrôle. »

 


En effet, il est une autre chose incompréhensible pour les Français : comment les gouvernements s’étant succédé depuis des décennies ont-ils pu saccager une industrie nucléaire qui nous permettait d’accéder à une électricité bon marché ? Le corolaire de cette question relève encore de l’injustice : pourquoi ceux qui travaillent dur devraient-ils payer au prix fort les errements de leurs gouvernants ?

Personne ne peut évidemment dire s’il y aura un nouveau mouvement social de type gilets jaunes. Un fait est néanmoins avéré : les grands bouleversements surviennent souvent quand le peuple ne veut plus et que l’État ne peut plus. Nous n’en sommes pas loin.

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