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samedi 7 janvier 2023

Quatre figurants du film Tirailleurs sous le coup d’une OQTF : mobilisation générale en vue ?


 
 

Georges Michel 6 janvier 2023

« En fait, c’est une histoire de papiers qui les rattrape alors qu’ils sont là depuis plusieurs années », déplore une représentante du Réseau éducation sans frontières. 

Ah, ces histoires de papiers ! Une plaie dans ce pays qui croule sous la paperasse. Qu’est-ce donc encore ?

Quatre « jeunes majeurs », autrement dit « quatre jeunes Ardennais d’origine africaine », selon France Bleu Champagne-Ardennes, autrement dit et plus précisément quatre Maliens et Ivoiriens sans papiers, sont sous le coup d’une obligation de quitter le territoire national, autrement dit d’une . Mais voilà, ces « jeunes » (entre nous, notion tout à fait relative) ont tourné comme figurants dans le film Tirailleurs qui, à peine sorti, fait déjà couler beaucoup d’encre. « Une symbolique évidemment très forte, qui est assez bouleversante », selon la même représentante du Réseau éducation sans frontières. « Petits-fils de tirailleurs, arrière-petits-fils de tirailleurs, jouant dans un film sur les tirailleurs, et aujourd’hui obligés de partir. » Présenté comme ça, effectivement, c’est bouleversant.

Entre nous, l’Histoire est pleine d’histoires comme ça. Tiens, je pense au député José Gonzalez, qui a soulevé de dégoût la gauche parce qu’il a récemment été nommé vice-président du groupe France-Algérie de l'Assemblée nationale. Pied-noir né en Algérie, issu d'une famille de pieds-noirs, le « jeune » Gonzalez, un beau matin de 1962, fut obligé de partir. Et pas sous le coup d'une avec moult possibilités de faire traîner la chose. Bon, ils vont dire que ce n’est pas pareil. Ça se discute...

Entre nous, encore, vous ne trouvez pas ça bizarre qu’on invoque ainsi sans vergogne les origines, la filiation, la vraie, celle du sang, pas celle bricolée dans les laboratoires de ce qu’on appelle aujourd’hui la « parentalité », pour défendre ces quatre Ardennais de fraîche date (« quasiment cinq ans », nous dit-on, autrement dit une éternité) ? En revanche, en appeler à l’arrière-grand-père, qui s’est fait casser la gueule par les Boches sur le chemin des Dames ou à Verdun, pour revendiquer son droit à rester maître chez soi, ici, en France, serait xénophobe, raciste, extrémiste de droite, que sais-je encore, et, de toute façon, ne donnerait droit à aucun privilège. Là encore, ils vont dire que ce n'est pas pareil. Là encore, ça se discute.

Tout un symbole, effectivement, que cette histoire. Et tous les arguments sont bons – c’est normal, c’est le jeu – pour défendre ces quatre hommes. « Ils sont très bien intégrés dans la société française, travaillent dans des grandes entreprises ardennaises actuellement [est-ce à dire que dans des petites entreprises, ce serait moins bien, moins sûr, moins crédible ?], sont dans des métiers qu’on pourrait dire en tension », explique la militante associative à France Bleu. « Les métiers qu’on pourrait dire en tension » : c’est-à-dire « qu’on pourrait dire » ? Où l’on voit que cette affaire des fameux « métiers en tension » ne fait que commencer. Vous verrez.

Cela dit, avec un taux d’exécution des qui s’établissait à 5,6 % pour le premier semestre 2021, nos quatre tirailleurs de circonstance ne sont sans doute pas encore dans l’avion pour Bamako ou Abidjan. À moins qu’ ne leur trouve une petite place dans un avion pour la Californie où il vit habituellement, sans doute parce que la richesse est moins pénible au soleil.

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