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jeudi 22 décembre 2022

On veut supprimer toutes les traditions qui se rattachent à Noël mais pas celle de la grève des transports !


 

Marie Delarue 21 décembre 2022

On le redoutait, voilà donc qui est fait : une fois de plus, une fois encore, rime avec des transports.

Tout comme les voitures brûlées à la Saint-Sylvestre, empêcher les Français de rejoindre leur pour les fêtes est désormais une « tradition » bien ancrée. 

Et quand on veut supprimer toutes celles qui se rattachent réellement à notre culture – crèche, santons, sapin, etc. –, on se garde bien de s’en prendre à celle-là.

La grève, donc. Vingt jours après la précédente (du 2 au 5 décembre, 60 % des trains avaient été annulés), les syndicats n’ont pas levé leurs préavis de grève pour et le jour de l’An. En bons tartuffes, ils ont « décidé de ne pas appeler » à la grève des contrôleurs « tout en maintenant leur préavis afin de laisser à chacun la possibilité de se joindre au mouvement ». C’est touchant.

La décision en revient donc à un « collectif » qui – on ne le croirait pas – ne manque pas d’humour. Si si. Ainsi, un certain Olivier, membre de ce collectif baptisé CNA, mandaté par SUD Rail et la Cheminots qui confie aux Échos : « Nous n’avons pas envie d’embêter les gens pendant la période des fêtes. Si les gens sont pénalisés à Noël, c’est entièrement la faute de la direction. »

Pourtant, c’est en raison des propositions de ladite direction que les syndicats ont levé le pied. Direction qui, pour éteindre l’incendie, a proposé, à l’issue des négociations avec le collectif (reçu le 8 décembre), « d’augmenter la "prime de travail" des chefs de bord de 600 euros par an, dont une partie serait intégrée à leur salaire en 2024, ainsi qu’une indemnité supplémentaire de 600 euros bruts par an ».

De l’aveu même de l’UNSA Ferroviaire, ces mesures sont d’un « très bon niveau et répondent aux revendications du CNA ». Mais qu’importe. Le fameux collectif constitué sur et fort de 3.500 membres réclame « une meilleure reconnaissance de la spécificité du métier de contrôleur ». « Notre parole doit être entendue sérieusement, avec de vraies réponses de la part de l’entreprise », a déclaré l’un de ses représentants sur BFM TV. Mais c’est quoi, au juste, « de vraies réponses » ?

Résultat : les Français sont une fois de plus pris en otage par une poignée de jusqu’au-boutistes soucieux de tester leur pouvoir de nuisance. Ce week-end, 25 % des trains, essentiellement des TGV, seront annulés, davantage encore pour ceux circulant entre gares de province. C’est la preuve, s’il en fallait encore une, du mépris qu’on porte dans ce pays à la rurale.

Christophe Fanichet, le PDG de SNCF Voyageurs, vient d’annoncer le remboursement à 200 % des billets. « Je veux présenter les excuses de l'entreprise. Une grève pour les congés de Noël, c’est vraiment inacceptable, je suis en colère », a-t-il déclaré. Nous aussi, car une fois de plus, cette grève est indigne. Pour 3.500 extrémistes, ce sont des centaines de milliers de citoyens qui seront privés d’un moment de fête, de militaires qui ne pourront rejoindre leurs familles, d’enfants qui ne pourront retrouver un parent éloigné.

Pourtant, Clément Beaune, notre ministre des Transports, se dit « confiant ». Ce doux rêveur est persuadé qu’« il y aura des trains à Noël ». Il est bien le seul. En ce mercredi 21 décembre début d’après-midi, il est impossible d’échanger un billet car tous les trains vers le sud sont annulés ou complets. Pas de BlaBlaCar disponibles. Seule alternative : prendre un car, mais les BlaBlaBus sont passés de 50 euros, hier soir, à 99,99 euros, ce matin. Formidable France…

À bout, on n’espère plus qu’une chose : qu’on privatise la SNCF, totalement, et qu’on en finisse !

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