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dimanche 18 septembre 2022

Électricité, nucléaire : dix ans après, la revanche de Nicolas Sarkozy



Frédéric Sirgant 17 septembre 2022

C'est une information du Figaro tombée vendredi soir et passée inaperçue, alors que vous hésitez toujours entre les options journée du pull, changement de chaudière, branchement de votre batterie sur le réseau façon Pannier-Runacher.

Elle est pourtant au cœur du problème. Nicolas Sarkozy a accédé à la demande du président du groupe LR à l'Assemblée nationale, Olivier Marleix, qui souhaite l'auditionner devant une commission d'enquête parlementaire pour faire la lumière sur les responsabilités qui ont conduit « au dépeçage de l'industrie nucléaire et de l'énergie en France ». François Hollande, lui aussi concerné, n'a pas donné sa réponse. Olivier Marleix, toujours selon Le Figaro, estime que l'ancien Président socialiste, vu l'ampleur de la crise - et de ses responsabilités -, ne pourra pas se défiler.

On comprend que Nicolas Sarkozy ait rapidement répondu positivement à l'invitation. Pour une fois qu'il n'est pas convoqué par un juge. Pour une fois, aussi, qu'il peut aller défendre son bilan et montrer qu'il a eu raison, qu'il a été cohérent, constant et visionnaire sur ce sujet. La crise énergétique actuelle met en effet crûment en lumière les erreurs stratégiques de la France et de ses deux derniers Présidents : l'abandon du nucléaire a été une erreur industrielle et économique majeure. On peut rétorquer qu'il est facile de dire cela, dix ans après, d'invoquer les imprévus de l'Histoire, etc. Sauf que cette décision fut prise il y a exactement dix ans, alors que tous les éléments du dossier étaient sur la table.

Pour les décideurs, les Présidents et les candidats à la présidentielle, mais aussi pour nous, les électeurs.

 Oui, tous les éléments de la crise actuelle étaient, en mai 2012, sur la table du débat de l'entre-deux-tours qui opposait François Hollande à Nicolas Sarkozy. Olivier Marleix rappelle l'accord de gouvernement conclu entre Europe Écologie Les Verts et le Parti socialiste qui prévoyait « la fermeture de 24 réacteurs contre 15 circonscriptions législatives en échange ».

 On comprend que Sandrine Rousseau préfère, aujourd'hui, parler barbecue et paresse, mais on aimerait que des journalistes aillent aussi la chercher sur ce sujet-là. On aimerait aussi voir rappeler l'action et les responsabilités précises d'un Emmanuel Macron et d'une Élisabeth Borne dans la mise en œuvre de la politique Hollande sur le nucléaire.

Donc, le soir du 2 mai 2012, Nicolas Sarkozy avait réaffirmé son soutien au nucléaire et son opposition à la fermeture des réacteurs prévue dans le programme de François Hollande, rappelant son importance pour faire bénéficier les Français d'une électricité bon marché : « Le nucléaire, depuis le général de Gaulle [...], ça fait l'objet d'un consensus. C'est un atout français. [...] Nous avons une électricité moins chère de 35 % que nos partenaires allemands, [...] c'est 240.000 emplois [...] C'est un avantage considérable pour notre industrie, et pour nos compatriotes qui se chauffent à l'électricité [...]. Pourquoi sacrifier le nucléaire pour un accord politique misérable ? »

Force est de reconnaître, sur ce point, la constance gaulliste de Nicolas Sarkozy et de sa famille politique, ce que ne se prive pas de rappeler Olivier Marleix : « Tout le monde ne doit pas être mis dans le même sac. Sur le nucléaire, notre formation politique a toujours été constante. En témoigne le lancement de l'EPR de Flamanville sous Nicolas Sarkozy. »

Au second tour, en 2012, Nicolas Sarkozy fut devancé par François Hollande d'un peu plus d'un million de voix. Mais il y eut - et c'était historique - plus de deux millions de bulletins blancs et nuls. Les commentateurs de l'époque, analysant les reports de voix, indiquèrent qu'un quart des électeurs de Marine le Pen et de François Bayrou de l'époque s'étaient abstenus. Dix ans après, ils sont certainement nombreux à déplorer la gestion calamiteuse de l'énergie depuis dix ans et à pester contre leurs factures et leurs dirigeants. Et, espérons-le, contre leur vote insouciant de 2012.

Il va sans dire que la fable du vote irresponsable de 2012 vaut évidemment pour 2022. Et 2027.

1 commentaire:

  1. Le petit Sarko avait raison sur beaucoup de choses... C'est dommage qu'il ait été élu juste avant la crise mondiale de 2008. Je pense qu'il aurait pu faire de grandes choses pour ce pays. Dommage, parce qu'avec 5 années de plouc suivies de 6 années de mégalo-destructeur, la situation est désormais irréversible. Il faut faire attention à ses désirs, parfois ils se réalisent....

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