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samedi 6 août 2022

Réchauffement, sécheresse : l’agriculture française face aux défis de demain



 

Geoffroy Antoine 5 août 2022

La période caniculaire que connaît actuellement la France provoque des sécheresses sans précédent sur la totalité du territoire. 

Météo-France est clair : le mois de juillet 2022 est le plus sec que la France ait connu depuis 1958 et l’installation de sondes climatiques. 

Première victime de cette aridité généralisée : l’agriculture. La terre chauffe, les sols se déshydratent et les récoltes s’annoncent mauvaises. Maïs, blé, pois protéagineux ; sans parler des cultures maraichères, les denrées alimentaires de l’hexagone souffrent de cette vague de chaleur qui n’en finit pas. Malgré cela, l’heure ne peut être au fatalisme. Si ces périodes caniculaires devaient s’avérer récurrentes, l’agriculture française n’aura d’autre choix que l’adaptation ; il en va de la souveraineté alimentaire du pays. 

Mais alors quelles solutions s’offrent à nos agriculteurs ? Elles sont nombreuses mais une chose est sûre : pour relever les défis du réchauffement climatique, il faudra, nécessairement, sortir d’un certain dogme écologiste crispé sur la position du « on ne touche pas à l’écosystème ». Précisions.


Irrigation et stockage des eaux de pluies : une mesure pragmatique ?

C’était en novembre 2021. Dans le Poitou-Charentes, des centaines de militants « écologistes »,  à l’appel du collectif « Bassines non merci », vandalisaient une gigantesque bassine de rétention d’eau installée par des sociétés agricoles. En quelques heures, des milliers de litre d’eau destinée à l’irrigation en cas de sécheresse s’évaporaient dans la nature.

Mais que sont et à quoi servent ces gigantesques bassines ?

Le 2ème syndicat agricole de France, « La coordination rurale », avec un certain sens de la formule, résume l’utilité de ces bassines en cinq mots : « l’eau de l’hiver pour l’été ».

Le principe est simple et relève du bon sens : pendant les périodes de forte pluie (automne et hiver), on creuse la terre pour y installer de gigantesques bâches et on y stocke l’eau excédentaire tombée dans les nappes phréatiques ou bien débordant des cours d’eau, rivières et ruisseaux notamment. Cela va sans dire, l’eau de pluie qui tombe naturellement dans les fosses est, elle aussi, préservée. Lorsqu’un été caniculaire se présente, afin d’éviter la déshydrations des sols, on use de cette eau afin d’irriguer les surfaces agricoles les plus nécessiteuses. Double intérêt : en plus de prévenir le flétrissement des plants agricoles liés à la chaleur, les bassines permettent d’éviter les crues et prévenir ainsi les risques d’inondation.

Problème : de nombreuses associations écolo s’y opposent. Leur argument : la préservation des écosystèmes et un supposé « accaparement des ressources par une minorité ». Ainsi les collectifs « Bassines non merci » ou encore « Agir pour l’Environnement » s’indignent de mesures qui pourraient, selon eux, « remettre en cause le cycle naturel de l’eau et plus généralement de déstabiliser des écosystèmes entiers. »

Seulement voilà, la France à la chance d’être l’un des pays d’ où les indices de pluviométrie sont les plus stables. Le docteur en sciences physiques et expert en eau Bernard Legube ne dit pas le contraire lorsqu’il affirme, en novembre 2021, que « Les données sur les hauteurs piezo, sur une trentaine d’années, ça ne bouge pas trop pour le moment ». De plus, la mise en place de ces bassines est strictement surveillée par les autorités et le pompage ne peut être réalisé que lorsque les rapports de pluviométrie s’avèrent excédentaires.

Récupérer puis stocker les eaux de pluie afin d’être en mesure d’irriguer les récoltes ; une mesure concrète, pragmatique et réaliste pour contribuer à la souveraineté alimentaire du pays.


Recourir aux OGM pour préserver les cultures : une technique éprouvée, mais qui fait peur

La nouvelle avait fait l’effet d’un coup de tonnerre dans le monde scientifique. En 2013, une équipe de chercheurs japonais, en analysant le génome du riz, découvrait la possibilité d’améliorer celui-ci en le rendant beaucoup plus résistant à la sècheresse. En favorisant un gène particulier du riz, les scientifiques ont pu améliorer le système racinaire de ce dernier et lui donner la capacité d’aller chercher de l’eau plus en profondeur dans les sols et, ainsi, jouir d’une meilleure résistance aux périodes de forte chaleur.

Au début des années 2000, les équipes de la société française Limagrain mettent en place une nouvelle variété de maïs, génétiquement modifiée, renforcée par l’apport d’un gène de sorgho, une céréale africaine très résistante à la sécheresse. Si les études n’ont pas encore été menées à leur terme, les polémiques sur les OGM n’aidant pas, de nombreux travaux de recherche tendent à démontrer que la céréale de sorgho peut être une solution pérenne afin de prémunir les récoltes agricoles des effets délétères de la sécheresse.

En France, L’acronyme « OGM » pour « organisme génétiquement modifié » inquiète. Pourtant, pour Michael Shellenberger, auteur à succès de l’ouvrage  Apocalypse Never, ancien collaborateur au GIEC et fervent défenseur du nucléaire, il ne peut être rayé des solutions et s'inscrit pour lui dans un combat écologique pragmatique et réaliste :   « si vous vous souciez de l’environnement, vous devriez changer votre regard sur les OGM ».   Quoi qu'il en soit, à nos agriculteurs de jouer pour continuer à maintenir la France dans son rang de première puissance agricole européenne.

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