19/06/2022
Les nouveaux instruments du dialogue social macroniste sont arrivés.
Alors que le gouvernement avait commandé fin 2021, 90 nouveaux blindés pour le maintien de l’ordre, le premier exemplaire vient de sortir d’usine. Lance-grenades automatique 30 coups, caméra de vision nocturne à l’avant du véhicule, entre autres performances inquiétantes: l’engin laisse présager une répression toujours plus importante des éventuels mouvements sociaux du prochain quinquennat
En octobre 2021, le Ministère de l’Intérieur annonçait dans un communiqué l’acquisition de 90 nouveaux blindés pour la gendarmerie nationale à l’issue d’une mise en concurrence du marché public initiée en décembre 2020. La société SOFRAME a remporté le marché, avec le modèle ARIVE (Armoured Infantry Vehicle).
Ces véhicules blindés de maintien de l’ordre remplaceront progressivement les véhicules blindés à roues de la gendarmerie (VBRG) utilisés depuis les années 1970 en France et dans les départements d’outre-mer. Depuis l’arrivée d’Emmanuel Macron au pouvoir, les VRBG ont été utilisés pour l’évacuation de la ZAD de Notre-Dame-des-Landes en 2018, et aussi contre le mouvement des Gilets Jaunes à partir de fin 2018. Plus récemment le gouvernement a mobilisé en novembre dernier ses blindés face à la révolte en Guadeloupe et en Martinique contre le « pass sanitaire » mais plus largement contre les mauvaises conditions de vie, et encore récemment pour réprimer le « Convoi de la liberté » le 12 février 2022 à Paris. Un reportage de QG avait relaté l’événement.
Ce blindé de 14,5 tonnes dénommé Centaure par la gendarmerie mesure 7,4 mètres de long pour 3,3 mètres de hauteur et peut atteindre une vitesse de 110km/h. Il peut transporter entre 10 à 12 gendarmes.
Niveau équipement, le Centaure est déjà équipé d’une lame installée à l’avant du véhicule permettant de dégager des axes barrés ou bloqués par des véhicules et des barricades. Ce blindé a la capacité de pousser des voitures et objets pesant jusqu’à 3,5 tonnes, le tout à une vitesse de 30km/h selon l’Essor.
Au-delà de sa taille et de son poids imposant, ce véhicule blindé de maintien de l’ordre possède une caméra de vidéosurveillance longue portée sur le toit ainsi qu’un système de défense à base de lacrymogène sur chaque côté du véhicule avec une concentration de gaz CS très élevée. Ce système de défense ressemble à celui en place sur les véhicules blindés à roues de la gendarmerie. Le 16 mars 2019, Gaspard Glanz, fondateur de l’agence de presse indépendante Taranis News avait ainsi filmé un VRBG diffusant de la poudre de gaz lacrymogène lors d’une manifestation des Gilets jaunes sur les Champs-Elysées. La chose avait été confirmée par la préfecture de police à l’équipe de Checknews, au sein du quotidien Libération.
Le nouveau blindé de la gendarmerie est également équipé d’un lance-grenades automatique, télécommandé 30 coups avec une portée de 400 mètres en plus d’une caméra de vision nocturne intégrée sur l’avant de la carcasse. Le BCM STARK-30 de la société Sunrock possède un “système de rechargement facile et rapide sur le côté” qui peut s’effectuer sans descendre du véhicule (comme on peut le voir ici plus bas).
Nouveau fleuron de la gendarmerie, il a été exposé du 13 au 17 juin sur le stand du Ministère de l’Intérieur au salon de l’armement Eurosatory qui s’est tenu au parc des expositions de Paris Nord Villepinte.
Cet investissement massif laisse évidemment présager une répression toujours accrue des prochains mouvements sociaux, auxquels l’État semble s’être préparé en renforçant son arsenal pendant la période Covid. Outre ces nouveaux blindés impressionnants, une commande de 170.000 munitions de LBD, dont 10.000 avec produits marqueurs, a au demeurant été passée au printemps 2021.
Le premier quinquennat d’Emmanuel Macron avait été marqué par la mise en oeuvre d’une violente doctrine du maintien de l’ordre. Au total, la répression du mouvement des Gilets jaunes, des manifestations contre la réforme des retraites, ou contre la loi Sécurité globale, aura fait plusieurs centaines de blessés graves et de mutilés, notamment 32 éborgnés et 6 mains arrachés ainsi que plus de 27.800 blessés (±3360) selon le rapport d’enquête de l’Observatoire des Street-medics, parmi lesquels 25.800 seulement pour le mouvement des Gilets jaunes, un chiffre dix fois supérieur au chiffre officiel admis par le Ministère de l’Intérieur. Un triste record que l’on espère ne pas voir battu, alors que le pouvoir macroniste semble être entré dans une inquiétante veillée d’armes.
Luc Auffret
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire
Ici, les commentaires sont libres.
Libres ne veut pas dire insultants, injurieux, diffamatoires.
À chacun de s’appliquer cette règle qui fera la richesse et l’intérêt de nos débats.
Les commentaires injurieux seront supprimés par le modérateur.
Merci d’avance.