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jeudi 2 juin 2022

Législatives : tout le monde – ou presque – s’en fout !



 
 
 Georges Michel 1 juin 2022

Il paraît qu’il y a une campagne électorale. Si, si. 

Vous ne vous en êtes peut-être pas rendu compte, mais depuis lundi zéro heure, la campagne officielle pour les élections législatives a débuté. 

La preuve : les mairies ont sorti les panneaux officiels. À charge des candidats de poser les affiches officielles sur ces panneaux. Dans ma circonscription, pas moins de treize candidats ! Pratiquement toutes les nuances politiques y sont représentées. Il est vrai que 1,42 euro par électeur et par an, si on fait plus de 1 % des suffrages exprimés dans au moins 50 circonscriptions, incite les partis, même les plus groupusculaires, à envoyer du monde au carton. Mais nous sommes mercredi et, dans ma commune, par exemple, sur ces treize candidats, seuls sept ont collé leur affiche, puisque cette opération est à leur charge. Visiblement, l’esprit militant n’est plus ce qu’il était.

Depuis que la phase est passée, Jean-Luc Mélenchon, inventeur de la NUPES, postule pour être Premier ministre. « T’as qu’à croire ! », disent ses adversaires de tout bord. Mais reconnaissons qu’au moins, il a fixé un objectif en bon vendeur de rêve et histoire de conserver à ce « moment démocratique » qu’est une élection, comme on dit, un semblant de dramaturgie. Car la est tout, sauf une comédie. Il a compris ça, le Méluche. Il a compris que contre l’opération du docteur anesthésiste Macron, il fallait tout faire pour maintenir éveillé l’électorat.

C'est ainsi qu'un sondage IFOP-Fiducial pour LCI, publié ce mardi 1er juin, indique que la NUPES pourrait obtenir entre 170 et 205 députés. La Macronie, de son côté, pourrait très bien ne pas retrouver la majorité écrasante de 2017 : entre 275 et 310, selon ce sondage. Rappelons que la majorité absolue est de 289 sièges. Ce n’est qu’une projection qui doit être prise avec prudence, d’autant que les élections législatives sont, en fait, 577 élections différentes, à pondérer en fonction des facteurs locaux.

Mais de ce sondage, on peut d’ores et déjà tirer l’enseignement que Mélenchon a gagné son pari en déplaçant le débat à gauche. Il n’avait rien à perdre et tout à gagner. Même si personne n’est dupe sur l’attelage hétéroclite que représente cette NUPES, chapeau l’artiste ! À droite, comment ne pas faire grise mine ? Les LR et leurs alliés de l’UDI obtiendraient entre 35 et 55 députés. Quant au RN et à Reconquête, ce sondage leur donne entre 20 et 50 élus pour le premier et jusqu’à 4 sièges pour le second. Des miettes. Au passage, il serait intéressant de connaître comment les hiérarques de Reconquête (dont Marion Maréchal), au lendemain du second tour de l’élection présidentielle, avaient trouvé qu’une union dès le premier tour des législatives entre l’ensemble des partis de la droite nationale (RN, Reconquête, DLF et LR patriotes) leur aurait donné 148 députés - le chiffre ne pouvait être plus précis…

Par ailleurs, n’en doutons point, si Emmanuel Macron obtenait une majorité relative, il est fort probable qu’il se trouverait bien des députés de « la droite et du centre » pour lui donner une majorité afin qu’il puisse gouverner. Lorsqu’on a voté pour Emmanuel Macron au second tour de l’élection présidentielle, on a déjà fait le plus gros du chemin.

Evidemment, encore et toujours, on ne peut qu’être choqué, voire scandalisé, par l’écart entre la « minorité présidentielle » sortie des urnes le 24 avril dernier (41,45 %) et le nombre de députés qui, potentiellement, pourraient la représenter (avec, au mieux, 50 députés, on serait à moins de 9 % de l'Assemblée…). Tout a été dit, déjà : mode de scrutin uninominal majoritaire à deux tours par circonscriptions et, pire sans doute, législatives raccord avec le quinquennat. Passé l'élection-phare, tout s'en fout, ou presque. Un désintérêt dont profite, bien évidemment, Emmanuel Macron, mais aussi Mélenchon, qui ne puise pas son électorat chez les ouvriers des aciéries et les mineurs de fond, vu qu’il n’y a plus, ou presque, de mines et d’aciéries... Un désintérêt qui va croissant lorsqu’on descend dans les couches populaires de l’électorat, plus favorables, justement, au discours de Marine Le Pen. En gros, moins le peuple vote, plus Macron et Mélenchon gagnent, mais surtout Macron, Mélenchon jouant le rôle du repoussoir. Il reste une semaine et demie pour sortir les Français de la salle de réanimation...

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