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lundi 2 mai 2022

[Point de vue] Gros coup de blues parmi les députés LR sortants


 

 Arnaud Florac 1 mai 2022

C'est Le Parisien qui se fait l'écho, ce 30 avril, de la dépression collective qui semble saisir les parlementaires sortants des Républicains, alors que le scrutin approche désormais à grands pas.

 Beaucoup d'entre eux envisagent très sérieusement de ne pas se représenter, ou de ne pas se présenter tout court. 

Certains ont déjà franchi le pas. Le score ridicule de Valérie Pécresse semble avoir refroidi les ardeurs de la dite de gouvernement.

On ne peut pas fondamentalement en vouloir à ces députés ou à ces militants. ne savent pas où ils vont, et cela remonte à plusieurs années. L'élection de Laurent Wauquiez, en 2018, avait séparé en deux blocs : ceux qui s'en tenaient à une ligne de dite « assumée », c'est-à-dire une version bourgeoise et un peu plus respectable des grands thèmes réactionnaires (identité, transmission, sécurité, liberté, entre autres), d'un côté ; ceux, plus médiatiques, mieux considérés, qui voulaient plutôt continuer à barboter dans la soupe fade de la droite dite « de gouvernement » : Pécresse et Bertrand, pour ne citer qu'eux. Les années ont passé. Les premiers hésitent à rejoindre Reconquête ; ce qui les retient, c'est le regard des autres, probablement. Ce n'est pas à mettre à leur crédit, mais on n'est pas à leur place : ce n'est pas facile de perdre ses amis pour ses convictions. On n'a plus trop l'habitude de se mettre en danger, chez LR. Les seconds rejoignent la majorité macronienne : pour les plus consistants ; Horizons, le parti d'Édouard Philippe, pour ceux qui veulent entretenir l'ambiguïté sur leur appartenance ou non à la droite, si ce mot a encore un sens.

La république - Yves-Marie Adeline l'explique remarquablement dans un livre dont Boulevard Voltaire s'est fait l'écho, ces jours-ci - est un régime de gauche. L'espace qu'elle laisse à la est symbolique. Les conservateurs sont regardés avec beaucoup de suspicion, voire avec un peu de haine - et on ne parle pas des réactionnaires. Par un effet de cliquet couplé au mythe du « sens de l'Histoire », la droite (la vraie) échoue à se faire une place dans un régime que le macronisme a mis à nu en révélant ce qu'il est : un club de notables urbains, sans convictions, des techniciens qui naviguent à vue. D'où ce malaise des Républicains, qui ne peuvent pas, désormais, continuer à brandir le souvenir du général de Gaulle en guise de programme pour, finalement, se consacrer à des « ouvertures à gauche » quand ils sont aux affaires, comme le fit jadis Sarkozy.

Le parti qui s'appela successivement RPF, UNR, RPR puis UMP ne peut plus se contenter de « ripoliner la façade », pour reprendre l'une des expressions désuètes de notre Président réélu. Il doit reprendre les choses à la base : en quoi ses militants croient-ils ? Qu'est-ce que le parti a de plus que à gauche ou Reconquête à droite ? On cherche. Les témoignages de ceux qui ont jeté l'éponge sont éclairants. Ils parlent de perte des valeurs, de risque d'échouer, de manque de crédibilité. Ils montrent, en creux, le spectacle d'un parti devenu une coquille vide.

Va-t-on vers une nouvelle raclée des LR ? Possible. Qu'en ressortira-t-il ? Cela dépend de leur capacité de remise en question et de la solidité de leurs convictions. Dans ce domaine, leurs chefs n'ont pas particulièrement brillé, ces trente dernières années.

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