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vendredi 6 mai 2022

La guerre en Ukraine et le crépuscule de l’Occident.


 

Le 05/05/2022

place-armes

Face à la guerre en Ukraine, nous sommes sommés de choisir notre camp selon un manichéisme absolu, en l'occurrence derrière une Amérique, redevenue le champion des plus hautes valeurs humanistes.

Ceux qui émettent quelques objections le feraient au nom d'un "parti pris anti-américain virulent".

La réalité historique qu'il faut bien regarder en face et qui devrait nous conduire à mieux percevoir la façon dont le monde apprécie quant à lui l’Amérique, donc l'Occident, est pour le moins contrastée.

*le génocide indien comme acte fondateur (pour le coup, le mot, fût-il anachronique, est rigoureusement approprié).

*la conquête des Philippines conduite avec une sauvagerie sans égale.

*la réduction en lumière et chaleur de 300 000 habitants d'Hiroshima et Nagasaki, pour l'essentiel civils de tous sexes et âges, sans objectif militaire, alors même que le Japon était soumis à un blocus hermétique, sans ressources, que la maitrise américaine dans les airs et sur mer était totale et que le mikado faisait des offres de cessation des hostilités. Si crime contre l'humanité il y eut ce fut bien dans ce moment-là.

*durant la "guerre froide", l'appui systématique et sans états d'âme à des dictatures de tous poils en Amérique, en Grèce et en Extrême-Orient.

*dans la même période, 10 000 jours durant, la mise à feu et à sang du Viêt-Nam, et ses prolongements laotiens et cambodgiens, avec le résultat pitoyable que l'on sait et dont, avec le recul, on recherche vainement ce qui pouvait justifier des victimes qui se comptent par millions... encore, indéniable "crime contre l'humanité"...

peine l'implosion de l'empire soviétique survenue, en guise de "nouvel ordre mondial", un interventionnisme sans frein qui, via l'Irak, allait mettre, pour le coup la planète à feu et à sang, au prix de mensonges d'état désormais avérés.

Sans omettre, au prix de semblables mensonges, l'opération kosovare et le bombardement de la Serbie 45 jours durant, qui permet de redonner une nouvelle vie à une Otan dont nul ne voyait plus la justification.


Encore ne s'agit-il que des faits historiques les plus saillants.

Or, dans le même temps, et aujourd'hui plus que jamais, tout cela au nom de valeurs hautement proclamées : la dignité de l'homme, son intégrité, sa liberté ! Comment, hors Occident, n'y verrait-on pas qu'hypocrisie et duplicité ?


Je pensais pour ce qui me concerne que l'Europe, après avoir pris sa part au cours des siècles passés à une semblable hypocrisie, avait désormais pour vocation et destin de remettre l'Occident sur le droit chemin, seule voie susceptible d'assurer, dans le nouveau monde qui émerge, la pérennité de notre civilisation, mieux encore, d'en favoriser la renaissance et, pour cela de se dégager de l'emprise de son avatar d'outre-Atlantique.


Au lieu de cela, nous voilà revenus au banc des rameurs de la galère américaine, pour un naufrage de concert programmé...

Douloureuse perspective au soir de nos vies...

Jean-René Bachelet, le 5 mai 2022

 

 

en 1944, Jean-René Bachelet a effectué une carrière militaire complète dans l’armée de terre, de 1962, il entre à Saint-Cyr, jusqu’en 2004, où, général d’armée, il occupe les fonctions d’inspecteur général des armées. Chasseur alpin, il a commandé le 27e bataillon de chasseurs alpins, bataillon des Glières. Comme officier général, outre de multiples commandements nationaux au plus haut niveau, il a exercé le commandement du secteur de Sarajevo dans le cadre de la Forpronu en 1995, au paroxysme de la crise. De longue date, il a mené une réflexion de fond touchant aux fondamentaux du métier militaire en termes d’éthique et de comportements; cette réflexion est traduite dans un certain nombre de documents dont les principaux sont «L’Exercice du métier des armes dans l’armée de terre, fondements et principes» et le «code du soldat», ainsi que dans de multiples articles et communications. Jean-René Bachelet quitte le service actif en 2004 et sert actuellement en deuxième section des officiers généraux.

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