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dimanche 29 mai 2022

Élisabeth Borne : 3 priorités, 3 mots d’ordre, 3 oublis



 
 
 
 Frédéric Sirgant 28 mai 2022


Il faut écouter la déclaration consciencieusement lue par Élisabeth Borne sur le perron de Matignon à l'issue de sa réunion de travail avec ses ministres.

 

 

On voit bien qu'on a changé d'ère : aux embardées syncopées et chantantes d'un Castex qui fleurait bon la France de De Funès a succédé le ronronnement monotone d'une voiture électrique ou hybride, qu'on n'entend pas arriver et que l'on regarde ensuite s'éloigner en méditant sur son degré d'autonomie.

Donc, Élisabeth Borne a fixé trois priorités et trois mots d'ordre à son gouvernement. Passons sur ces derniers (« rapidité, efficacité, résultats »), entendus mille fois. Les trois priorités sont intéressantes car ce sont des « urgences » : « pouvoir d'achat, santé, climat ». Urgence du moment, oui, le pouvoir d'achat, avec l'inflation. Mais santé et climat, urgence de plus long terme ? Non, pour la santé, il n'était pas question pour Élisabeth Borne de nous préparer aux futures pandémies mais tout simplement de faire en sorte que les hôpitaux fonctionnent cet été. Nous en sommes là.

« Nous devons répondre à très court terme au défi du manque de personnel dans les services hospitaliers et les établissements médico-sociaux. » Il y a en effet urgence aux urgences alors que de nombreux hôpitaux publics du pays font face à une pénurie de personnels, ce qui les pousse notamment à fermer la nuit ou à recourir à des bénévoles, comme à Bordeaux. Certains pointent la mise à pied de quinze mille soignants non vaccinés, un non-sens sanitaire et une aberration en termes de ressources humaines. Mais pour l'urgentiste Mathias Wargon, époux d'un ancien ministre et fervent partisan de l'exclusion de ses collègues non vaccinés, les réintégrer serait une mesure « clientéliste et démagogique ». Mais quel est donc le qui a laissé une telle situation d'urgence à Mme Borne ?

Pour le climat, là, l'urgence est plus lointaine, malgré la sécheresse qui sévit déjà. Et tout ce volet du programme Borne est porté par un mot : « planification ». Le mot magique volé par à Mélenchon et qu'il a scotché sur le front de son Premier ministre. C'est d'ailleurs curieux, ces gens qui prétendent planifier la fin du monde, le changement climatique, et qui ont tellement bien planifié les choses qu'ils ne sont pas fichus de mettre des médecins aux urgences cet été ni des profs de maths au lycée à la rentrée, etc.

Bien sûr, ces trois urgences sont celles de NUPES, et comme la barre Borne est à gauche, tant pis pour les trois priorités de l'électorat de droite, les trois oublis d'Élisabeth Borne, les trois i : insécurité, immigration, islamisation. Du temps de I, ils avaient fait semblant de prendre ces sujets au sérieux, mais voilà, a été pressé comme un citron et n'a pu fournir qu'un Abad, qui est déjà un boulet pour le gouvernement Borne.

Et pourtant, plus que jamais, ces sujets sont des urgences, à la fois urgences du moment et urgences pour éviter la fin de ce que nous sommes. Urgences du moment, avec l'affaire du burkini, la défenestration à caractère antisémite d'un vieillard à Lyon et la mort, vendredi, du médecin militaire poignardé par Mohamed aux cris d'Allah Akbar devant une école catholique. Sur tous ces sujets-là, nous n'aurons droit à aucune planification protectrice.

La voiture Borne n'est même pas hybride et ne marche qu'à l'énergie NUPES. À droite, plus personne n'est dupe. Elle nous conduit droit dans le mur.

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