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samedi 30 avril 2022

Le rachat de Twitter par Elon Musk : chute d’un mur de Berlin, pour les Américains


 
 
 
 Gaëlle Baudry 29 avril 2022

Outre-Atlantique, les réactions au rachat de Twitter par le libertarien Elon Musk sont autant extrêmes – voire hystériques - à gauche qu’à droite.

Du côté des conservateurs, le nom du professeur Tournesol des temps modernes est sur toutes les lèvres et ouvre une ère d’espérance équivalente à celle initiée lors de l’élection de Donald Trump, en novembre 2016. 

David Sacks, ancien directeur des opérations de PayPal et figure incontournable du monde des nouvelles technologies, explicitait, ce mercredi, ce sentiment d’euphorie lors d'un entretien sur la chaîne Fox News. « C’est la première fois qu’une personne se lève de la sorte face au règne de la censure exponentiellement croissante. Ceci me rappelle la chasse aux sorcières sous McCarthy. » « La bonne personne, au bon moment, avec le bon discours, peut mettre un terme à tout cela. »

Dans ce sens, le 14 avril, Musk mettait du baume au cœur des conservateurs lorsqu’il déclarait : « Une plate-forme digne de confiance, largement inclusive, est extrêmement importante pour l’avenir de la civilisation. Ce n’est pas l’argent qui m’intéresse ici. »

Par son symbolisme, la situation est équivalente, pour David Sacks, à celle de la chute du mur de Berlin en 1989. Le travail d’assainissement d’Elon Musk au sein de l’oiseau bleu sera titanesque et prendra des mois, voire des années. L’Union soviétique n’a-t-elle pas mis deux années supplémentaires pour tomber définitivement ?

L’espoir suscité n’empêche pas les commentateurs de s’interroger sur les embûches. Les ennemis sont partout. Comment va donc s’y prendre le milliardaire ? Et tout d’abord en interne ? Toutes les strates de l’organisation semblent acquises à la cause woke et à la censure. Aura-t-il des difficultés à recruter ? Car, dans cette industrie, l’idéologie fait rage. Sacks, qui connaît bien Elon Musk, reste positif : « Twitter a actuellement 8.000 employés, et personne ne sait vraiment ce qu’ils font. Même si on assiste à de grosses vagues de départ, Elon pourra toujours faire marcher l’entreprise avec 2.000 employés. Il leur donnera beaucoup plus de flexibilité qu’actuellement. »

L’autre combat sera de contourner la censure externe. Par exemple, que faire s’il est, comme pour le réseau social Parler (prononcé « parleur »), banni par les hébergeurs (Google Play, Apple, Amazon Web Services…) ? Mark Meckler, l’ancien PDG par intérim de Parler, n’est pas inquiet. « Je ne pense pas qu’ils pourront faire la même chose à Twitter, too big to fail. Elon Musk a un réseau suffisamment grand dans cette industrie pour sécuriser sa base technologique. » Et même pour bâtir son propre hébergeur - sur mesure - si besoin !

Vient ensuite la question de la censure gouvernementale. Les PDG de Facebook (Zuckerberg), Twitter (anciennement Dorsey) et Google (Pichai) ayant tous déjà été audités par le Sénat américain. La seule façon d’y échapper est certainement d’assurer une majorité républicaine au Congrès. Les dés seront jetés en novembre avec les élections de mi-mandat.

Enfin, l’avocat en droits civiques Harmeet Dhillon affirme que le siège de Twitter devra inévitablement s’éloigner de San Francisco et de la Californie. Ceci ne devrait pas être un problème, puisqu’en octobre 2021, Elon Musk avait déjà déménagé le siège de Tesla de la Californie vers le Texas (fiscalité plus accommodante). Restera la transparence sur la politique d’interférence de la plate-forme dans les élections ainsi que sur son algorithme de censure.

Concluons sur cette réflexion du Wall Street Journal de lundi dernier : « Observer M. Musk tenter de briser le progressisme idéologique de la Silicon Valley sera véritablement fascinant. »

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