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dimanche 24 avril 2022

Éoliennes en mer : à Oléron aussi, ils sont vent debout !


 
 
 
 Frédéric Sirgant 23 avril 2022

Les éoliennes en mer s'étaient invitées, mercredi soir, sur la table du débat du second tour. 

Ou plutôt les fantômes des éoliennes en mer prévues au Touquet et finalement jamais réalisées. Période de réserve électorale oblige, nous n'entrerons pas dans l'investigation « Qui disait vrai ? Qui mentait ? » Les fact-checkers ont fait leur travail.

Vacances : descendons la côte, allons vers le sud. Oléron. Oléron est une île magnifique. Hors saison, bien sûr. Magnifique car plus grande, mieux préservée, plus authentique que Ré, sa voisine. Moins parisianisée, aussi. Un bout de continent, avec ses villages, ses places. L'une de ces îles où l'on oublie parfois que c'est une île. Une île à la campagne ou la campagne sur l'île.

Mais voilà, à Oléron aussi, le gouvernement a projeté un parc d'éoliennes en mer. Après Saint-Nazaire, qui devrait être opérationnel cette année, et Fécamp en 2023, ce serait donc au tour d'Oléron (Charente-Maritime), parmi la quinzaine de nouveaux parcs prévus d'ici 2030. Et c'est dans quelques jours - le 28 avril prochain - que Francis Beaucire, qui préside depuis cinq mois le débat public, présentera le rapport qu'il en a tiré. L’État disposera alors de deux mois pour y répondre et émettre à son tour ses observations. Interrogé par Le Parisien, le 7 mars dernier, ce géographe de formation ne manie pas la langue de bois : « Ce projet, imaginé dans un territoire d’une exceptionnelle richesse biologique, a heurté à peu près tout le monde. [...] Le “non” s’est imposé presque comme une question de principe. ».

Et en effet, quand on connaît un peu la région d'Oléron, on ne peut qu'être très circonspect sur un projet emblématique de la contradiction écologique inhérente à ce concept, puisque le parc était initialement situé dans une zone Natura 2000 et un parc naturel marin.

Le « non » l'a donc emporté aussi bien chez les particuliers, les professionnels (de la pêche, notamment), mais aussi chez les collectivités. Ainsi le premier vice-président du comité régional des pêches (CRPMEM) de Nouvelle-Aquitaine, Johnny Wahl, Oléronnais cité par Le Parisien, est-il catégorique : « Que l’État abandonne ce projet ! S’il passe en force, on ne se laissera pas faire. »

Du côté des collectivités, l'intérêt initial pour le projet s'est étiolé et a laissé place à la méfiance, comme l'explique Le Figaro de ce vendredi, pour deux raisons. D'abord, le projet initial de 2016 était beaucoup plus modeste (120 km2, contre plus de 1.000 km2 avec les deux parcs désormais prévus...). Par ailleurs, le département est déjà fortement pourvu en éoliennes terrestres. Seule la communauté d'agglomération de La Rochelle a dit oui au projet.

Nul doute que le débat et la contestation vont aller crescendo. Et la belle Oléron n'a pas fini de faire parler d'elle.

D'aucuns y verront un nouveau symptôme du « retard français» sur l'éolien en mer, comme l'écrivait La Croix, il y a deux jours. En effet, c'est le 23 avril 2012, il y a dix ans, que le gouvernement désignait les lauréats du premier appel d’offres pour quatre parcs éoliens offshore : Saint-Brieuc, Saint-Nazaire, Courseulles et Fécamp, qui devaient entrer en production en... 2018. Or, la première éolienne en mer n’a été posée que le 12 avril dernier, au large de Saint-Nazaire. Toujours pour La Croix, ce retard français reposerait « en partie sur un manque de planification ». Ce mot, qui fleure bon de Gaulle ou l'URSSS, s'est d'ailleurs invité dans les discours de plusieurs candidats.

On peut aussi légitimement s'inquiéter de cet emballement pour l'éolien en mer, de cette hybris, de ces contradictions écologiques patentes, de ce manque de mesure, de prudence. À Oléron, en tout cas, la résistance s'organise. Le Figaro rappelle qu'un collectif NEMO (Non à l'Éolien Marin à Oléron) a lancé une pétition contre ces « éoliennes géantes (4 fois la hauteur du phare de Cordouan, 50 m de plus que la tour Montparnasse) ». Philippe Micheau, le président du comité départemental des pêches, a déclaré à Sud-Ouest que la zone projetée est « une zone privilégiée de travail située quasiment pile devant La Cotinière, le plus gros port de pêche de Charente-Maritime ».

Cordouan, La Cotinière, Oléron... Si tous ces noms qui font vibrer ceux qui ont un jour mis le pied sur cette île si simple et si enchanteresse pouvaient aussi demeurer les lieux authentiques qu'ils sont, alors, non, la France ne serait pas « en retard ».

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