1 mars 2022
06h00. Un narratif occidental se met en place. Ainsi, “Les Etats-Unis disposent de renseignements solides selon lesquels Poutine est frustré et exprime des éclats de colère inhabituels à l’encontre de personnes de son cercle intime concernant l’état de la campagne militaire jusqu’à présent et la condamnation mondiale de ses actions” . On ne doute pas de la puissance du renseignement américain. Et l’on frémit d’aise à l’idée qu’il y ait une taupe infiltrée au Kremlin. Mais est-ce bien sérieux de prendre ses désirs pour la réalité?
Au fait, que penser du tête-à-queue suivant?
+ Downing Street le 28 février 2022 (matin): “Les mesures que nous introduisons, que de grandes parties du monde introduisent, visent à faire tomber le régime de Poutine”
+ Downing Street le 28 février 2022 (après-midi): “Nous ne cherchons pas à obtenir un changement de régime. Ce dont nous parlons ici, c’est clairement de la manière dont nous pouvons empêcher la Russie de chercher à subjuguer un pays démocratique”
07h00: Nouvelles du front –
Les médias occidentaux font un énorme bruit autour de clichés satellites fournis par la société Maxar Technologies et montrant une colonne de 64 km de camions militaires russes en direction de Kiev. La véracité de ces clichés devra être établie. Dans tous les cas, il est certain qu’après une journée de ralentissement de l’avancée russe pour cause de négociations, l’offensive reprend. Selon Actualités internationales et françaises:
“- Les forces Russes poursuivent leur offensive contre tout
l’ouest de Kherson (nord-ouest Crimée, sud Ukraine). De plus, la ville
est entièrement assiégée. (…) L’offensive {s’est poursuivie] toute la
nuit avec des tentatives de pénétrer depuis tous les côtés.
– Bombardements dans la région de Kiev, Sumy, Kharkov avec des dizaines de morts chez les militaires kiéviens.
– Deux missiles de croisière ont frappé une station radar se
trouvant à l’extrême sud-ouest du pays, à Izmail, entre la Moldavie, la
Roumanie et la Mer Noire“.
Selon des sources ukrainiennes, l’armée de Kiev a réussi à détruire un convoi de douze camions d’approvisionnement russe durant la bataille de Kherson.
08h00: Suite des nouvelles du front.
Toujours, selon Actualités internationales et françaises:
“Un cartographe Russe réputé publie une carte du front LDNR datée d’hier soir. Elle montre des succès très limités vers le nord, aucun vers Kramatorsk/Slaviansk (nord-ouest), contrairement à l’impression qu’on pouvait avoir des rapports de combats. Elle montre l’approche sur Severodonetsk (nord-ouest), le quasi-encerclement de Volnovakha au centre-ouest, le développement de l’encerclement de Marioupol au sud-ouest (avec l’arrivée des troupes Russes par la Crimée/Berdyansk dans le dos). Belle carte très honnête” C’est la guerre ! Les Russes ne font pas comme les Américains qui bombardent massivement avant de risquer leurs soldats. Ils vont sur le terrain. Et c’est dur car l’armée ukrainienne a été armée par l’OTAN et fanatisée par les fascistes ukrainiens (Bataillon Azov, Voie Droite etc…) depuis vingt ans.
09h00: la République tchèque punira d’un à trois ans de prison toute “intelligence avec la Russie”, y compris sur Internet. On nous dit que la Slovaquie va suivre.
10h: ” Loukachenko affirme que “l’armée Biélorusse ne participe pas aux hostilités contre l’Ukraine, car ce n’est pas nécessaire”
– Loukachenko informe que “la DCA Biélorusse assure la couverture
des troupes Russes depuis la Biélorussie afin que l’ennemi ne puisse pas
attaquer les arrières des lignes Russes”
11h: Point sur le front: “Une grande colonne de véhicules Russes s’accumule dans la région de Kharkov. Comme on le voit à l’ouest de Kiev et au centre-nord, entre Tchernigov/Sumy/Kharkov, les troupes Russes s’accumulent et attendent depuis les premiers jours du conflit. Cela pourrait déboucher, lorsqu’un signal sera donné, en une immense offensive générale par le nord, le nord-est, l’Est (…il reste une force (…) à Rostov non engagée, dans les arrières des LDNR), et éventuellement par le sud, rappelant les plus grandes offensives historiques. On ne voit jusqu’à maintenant que des reconnaissances offensives de petits groupes.”
12h00: L’OTAN joue un jeu très dangereux. Elle a convaincu les pays de l’ancien Pacte de Varsovie en son sein de faire intervenir des avions de la période soviétique encore en leur possession aux côtés de l’armée ukrainienne. La Slovaquie, la Bulgarie et la Pologne baseront 70 Mig(29 et SU-25 capables d’intervenir depuis la Pologne.
13h00: L’ancien président russe Medvedev, aujourd’hui vice-président du Conseil de Sécurité Nationale russe, envoie un tweet après que Bruno Le Maire avait expliqué que la France et l’Union Européenne se trouvaient en “guerre économique totale” avec la Russie: “Un ministre français a dit aujourd’hui qu’ils nous avaient déclaré la guerre économique. Faites attention à votre discours, messieurs ! Et n’oubliez pas que les guerres économiques dans l’histoire de l’humanité se sont souvent transformées en guerres réelles”. La version anglaise est même plus méprisante:elle parle de “some French minister“.
13h00: Google ferme arbitrairement les chaînes YouTube de RT et Sputnik.
14h00: Dans un discours plein de pathos, le président ukrainien est intervenu devant le Parlement Européen. Le président est en T-shirt noir et parle devant un mur blanc. Curieusement personne ne pose la question, depuis vendredi, de savoir si le Président est à Lviv ou à Kiev. Après avoir accusé Poutine d’avoir “tué seize enfants” le 28 février, sans que l’on sache de quoi il parle, Zelensky conclut: “Nous avons montré notre force, nous avons montré que nous sommes vos égaux. Montrez que vous êtes avec nous. Prouvez que vous n’allez pas nous laisser tomber. Prouvez que vous êtes des Européens. Et ensuite c’est la vie qui l’emportera sur la mort, la lumière qui l’emportera sur les ténèbres. Gloire à l’Ukraine!” . Ce qui est grave, ce sont les longs applaudissements qui suivent, pour un discours sans contenu, tenu par un homme qui a déclenché le conflit lors d’un précédent discours, lui, soigneusement préparé, et en costume cravate, à la conférence de Munich le 19 février, où il avait menacé de dénoncer le Mémorandum de Budapest de 1994 qui interdit à l’Ukraine de posséder des armes nucléaires. On ajoutera l’ironie d’une invitation à faire ressembler l’Union Euopéenne à l’Ukraine quand on connaît la situation d’un pays dont la corruption est l’une des plus terribles au monde et où une minorité fasciste fait régner la terreur sur le pays depuis la révolution de Mäidan. Ajoutons que l’Ukraine aurait de tels besoins de financement qu’elle ferait exploser les accords fragiles existant entre membres de l’Union. A peine sorti de son discours, Zelensky lance un autre appel pour que la Russie soit labellisée comme un “Etat terroriste”
14h: sans que l’on sache d’où sort ce chiffre, l’ONU estime à un million le nombre de personnes déplacées en Ukraine.
15h00: les représentants européens quittent la salle quand le ministre russe des Affaires étrangères, Lavrov, prend la parole devant le Conseil des Droits de l’Homme de l’ONU.
15h00: Les marchés d’actions continuent à dévisser et on peut lire dans Zero Hedge:” L‘économie mondiale, déjà fragile en raison d’une inflation galopante et de problèmes de chaîne d’approvisionnement, devra maintenant faire face à une crise énergétique. Comment pensez-vous que l’économie va gérer un pétrole à 100 dollars alors que l’inflation était déjà un problème majeur lorsque le pétrole était à 80 dollars le baril ? Les marchés d’actions savent ce qui se prépare, car ils ont déjà cassé leur moyenne mobile sur 10 mois (MMA ou Month Moving Average). Les deux dernières fois que cela s’est produit, le marché a fini par tester sa moyenne mobile de 40 mois peu après“.
16h00: Bruno Le Maire apprend le rétropédalage express: “Le terme de guerre utilisé ce matin sur France Info était inapproprié et ne correspond pas à notre stratégie de désescalade”. Et l’on apprend aussi que, finalement, on n’est pas en guerre avec ce peuple russe qui, ce matin, devait payer les conséquences de la politique de son pays.
16h30: la Russie a frappé la tour de la télévision de Kiev. La propagande ukrainienne explique que les Russes n’ont de respect pour rien puisque le site de Babi-Yar (où furent assassinés 33000 Juifs par les Allemands en 1941) est à proximité. Tous les trucs sont bons pour la guerre de propagande.
17h00: Les Occidentaux semblent ne pas comprendre comme ils jouent avec le feu nucléaire. Le gouvernement russe insiste sur le danger que représente la demande de renucléarisation de l’Ukraine par Zelensky. Et il remet en cause la présence d’armes nucléaires américaines en Europe.
17h00: le Parlement européen se joint au choeur des irresponsables en votant un soutien à l’entrée de l’Ukraine dans l’Union européenne. La présidente du parlement européen, Roberta Metsola se laisse aller à des propos incendiaires: “Les “oligarques” du président Vladimir Poutine et ceux qui le financent ne devraient plus pouvoir utiliser leur pouvoir d’achat pour se cacher derrière un vernis de respectabilité, dans nos villes, nos communautés ou nos clubs sportifs“. A noter que le Président du Conseil européen, Charles Michel est plus prudent; il parle d’un processus très long et incertain pour tout pays.
17h: le Mexique refuse de se joindre aux sanctions occidentales contre la Russie.
Point sur les opérations militaires:
L’étau se resserre sur Marioupol qui est encerclée par la jonction des troupes russes et des troupes des républiques sécessionnistes comme le montre cette carte de Military Advisor:
Le compte Stratpol sur Twitter postait en fin de matinée la carte suivante qui fait bien comprendre les mouvements d’encerclement pratiqués par l’armée russe:
Stratpol recommande la prudence mais ajoute:” L’essentiel de l’armée ukrainienne est bloqué dans deux chaudrons à Marioupol et Kramatorsk. Si cela se confirme, ça signifie qu’elle a de facto cessé d’exister”.
Bien entendu, notre expérience des derniers jours, c’est la lenteur méthodique avec laquelle avance l’armée russe. Elle ne veut pas s’enliser dans des combats urbains et préfère négocier la reddition des villes; avec quelquefois un double-jeu des autorités locales; ou des manifestants excités par les tenants du régime de Kiev. Comme la Russie cherche à épargner la population civile, elle met beaucoup plus de temps dans sa progression que ce que voudraient beaucoup de stratèges en chambre, qui crient déjà à l’échec de l’opération russe. Et ceci d’autant plus que le côté kiévien, n’ayant aucun succès réel à afficher à part de la destruction de matériel russe, multiplie les vidéos, mélanges d’images réelles non sourcées, de réutilisations et de jeux vidéos pour faire croire à l’effondrement imminent de l’armée russe. Et ceci d’autant plus, l’Occident en est convaincu, que Vladimir Poutine peut, qu’il va être renversé.
Pour notre part, nous continuons à tirer le fil que nous avons identifié. Vladimir Poutine est un stratège plus proche de Turenne que de Bonaparte. Prudent, méthodique, soucieux de dissimuler ses intentions, il sait qu’il ne peut se permettre des pertes élevées; il connaît la complexité de l’Ukraine, ce pays dont, une fois sorti du Donbass, l’identité est brouillée. Il ne peut pas se permettre une guerre qui serait perçue comme fratricide. Et il doit faire attention à ne pas effrayer la Biélorussie, revenue dans son alliance et qui prendrait ombrage de toute attitude russe dominatrice en Ukraine. C’est d’ailleurs la raison pour laquelle Sergueï Lavrov a expliqué aujourd’hui que Vladimir Zelensky restait le président légitime de l’Ukraine aux yeux de la Russie et que c’était à lui de demander à l’armée ukrainienne de cesser le combat. Bien entendu, les Russes ont un autre fer au feu et Viktor Medvedchouk a profité de la décomposition du régime kiévien pour quitter la résidence surveillée où l’avait assigné Zelensky, le héros démocrate selon l’Occident.
Les Russes en sont donc, comme on peut le voir, à la prise de contrôle de Kherson, la poussée vers Nikolaïev, la prise de contrôle lente de Kharkov en tâchant d’avoir le moins de pertes possibles. Par rapport à la carte de la fin de matinée, on sait que la jonction s’est faite pour encercler Marioupol. Et il faudra suivre demain ce qui se passe à Kramatorsk.
Enfin, dernier point militaire, la campagne a déjà coûté à l’armée ukrainienne, outre la destruction d’un millier d’infrastructures:
+ 7 300 tués ou blessés gravement,
+ 80 systèmes DCA hors d’usage,
+ 125 chars hors d’usage,
+ 350 véhicules blindés hors d’usage,
+ 60 systèmes d’artillerie de type “lanceurs de roquettes multiples” hors d’usage,
+ 6 navires hors d’usage,
+ 40 avions hors d’usage (abattus ou détruits au sol)
19h00: Zelensky continue son jeu de provocateur. Il fait dire qu’il envisage une frappe préventive contre la Biélorussie.
19h00: décidément c’est la journée des provocations rétractées: le président polonais Duda indique que son pays n’enverra pas d’avions combattre aux côtés des Ukrainiens. La Bulgarie et la Slovaquie aussi ont démenti une éventuelle implication. Apparemment il y a eu d’énormes discussions internes à l’OTAN
Et puis, le Pentagone commence à prendre les menaces nucléaires de la Russie au sérieux: le Ministère de la Défense américain a cherché à joindre ses homologues russes pour obtenir “dans tous les cas” un canal de communication pour éviter la guerre nucléaire. Dans tous les cas? Surtout si des avions de l’OTAN soutenaient l’Ukraine? Moscou ne prend pas les appels américains.
Commentaire ironique de M.K. Bhadrakumar: “Donc, la Pologne, la Slovaquie et la Hongrie clarifient. Il semble qu’il s’agissait soit d’une fausse nouvelle, soit d’une personne (très puissante) qui s’est ravisée et a dit aux garçons de se retirer après que la Russie les a menacés de “conséquences”, soit d’un sentiment qu’il est de toute façon trop tard pour faire une quelconque différence – ou les deux“.
21h00: la Russie établit un contrôle des changes
22h00: Malgré l’absence de sanctions sur le pétrole russe, celui-ci ne trouve pas d’acheteurs car les acteurs du secteur ont peur d’une extension des sanctions qui les laisserait avec des tonnes de pétrole invendables. Ce qui veut dire que la politique de Biden de maintenir le pétrole russe hors sanction ne marchera pas. Donc les prix vont monter et causer une crise économique majeure.
23h00: Selon Actualités internationales et françaises, “Des filières clandestines se créent dans l’ouest de l’Ukraine pour ex-filtrer les hommes en âge de se battre vers la Pologne, pour un coût de 3 à 6 mille euros. Certains passeurs ont été pris et attachés à des arbres ou à des poteaux avec du ruban adhésif.” Cela ne parle pas en faveur de l’énergie combattante de la nation ukrainienne,
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire
Ici, les commentaires sont libres.
Libres ne veut pas dire insultants, injurieux, diffamatoires.
À chacun de s’appliquer cette règle qui fera la richesse et l’intérêt de nos débats.
Les commentaires injurieux seront supprimés par le modérateur.
Merci d’avance.