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mardi 22 mars 2022

Ex-prisonnière du SBU – « J’ai été violée pendant 11 jours et enterrée vivante »

Ex-prisonnière du SBU violée et torturée pendant 11 jours
 

Le 9 février 2020, la chaîne russe NTV a diffusé l’interview d’Ioulia Prossolova, une ex-prisonnière retenue par le SBU dans la fameuse prison de Marioupol surnommée la « bibliothèque », où elle a été violée et torturée pendant 11 jours, puis enterrée vivante pour l’obliger à avouer un assassinat avec lequel elle n’avait rien à voir.

Pour celles et ceux qui parlent russe, l’interview est à la limite du soutenable, surtout lorsque Ioulia raconte les viols à la chaîne après que ses bourreaux l’aient battue des pieds à la tête jusqu’au sang. Les passages de discours de Porochenko ou de reportages le concernant, qui ont été intercalés par endroits, n’arrivent pas à rendre la vidéo plus supportable.

Voici l’interview en entier, en russe, à ne regarder pour les russophones que si vous avez le cœur bien accroché :


Ioulia Prossolova, une habitante de Donetsk, a été capturée par le SBU en pleine rue à Marioupol. Ce qu’elle a vécu pendant ses 688 jours de captivité en Ukraine, et ses 11 jours de torture et de viol dans la « bibliothèque » peut-être qualifié sans exagération de véritable enfer.

Les prisonniers qu’ils soient capturés par le SBU ou les bataillons néo-nazis ukrainiens, n’ont aucun droit, contrairement à un détenu de droit commun. Les bourreaux ont tous les droits sur leurs prisonniers y compris celui de les torturer, de les violer et de les tuer.

Cette prison secrète du SBU à Marioupol, la « bibliothèque », avait été mentionnée l’an passé par Vassili Prozorov, un ancien agent des services de renseignement ukrainiens qui s’est réfugié en Russie. Il avait raconté comment des gens y étaient torturés et pour certains exécutés, et comment le SBU utilisait la torture pour obtenir des confessions.

Plusieurs des méthodes de torture qu’il a mentionnées (asphyxie, coups, brûlures de cigarettes) ont été utilisées sur Ioulia, mais pas seulement. Comme je l’ai déjà entendu de la part d’autre anciens prisonniers ou prisonnières, le viol fait aussi partie de l’enfer que vivent bon nombre de prisonnières qui tombent entre les mains du SBU ou des bataillons néo-nazis.

« Une fois qu’ils m’ont déshabillée, ils ont commencé à me battre avec des fouets. Ils m’ont battue des pieds à la tête. Ils sont venus un par un et m’ont battue jusqu’à ce que je tombe », raconte Ioulia.

Elle explique qu’ils l’ont tellement battue durant ces 11 jours de torture dans la « bibliothèque » que son corps était noir, totalement couvert d’hématomes.

« Tout le monde est sorti, un seul est resté, il s’est déshabillé et a commencé à me violer. C’était au sous-sol. Quand je me remettais déjà de ces drogues qu’on m’avait données là-bas, il a commencé à me violer… Il s’est totalement déshabillé, je n’ai pas compris pourquoi au début, et puis il a commencé à mettre ses mains partout, pas seulement sur mes organes sexuels, partout. Aussi longtemps que je n’ai pas perdu connaissance. Parce que je souffrais. Il portait un masque. Il prenait du plaisir. Un autre s’en va, le suivant arrive. Quel genre d’êtres humains est-ce là ?! », ajoute-t-elle.

Ioulia explique que pour elle, ceux qui font cela, qui violent des femmes frappées, torturées et couvertes de sang, et qui se réjouissaient de ses cris de douleur ne sont pas des êtres humains. Et que les cinglés qui font ça se baladent aujourd’hui en toute liberté en Ukraine.

« Ce ne sont déjà plus des êtres humains. Une personne qui veut du sang. Un homme qui bande quand je me noie dans mon sang, et il vient vers moi comme ça. Comment est-ce possible ? Ça lui plaît quand une personne gît, comme on dit, baignant dans son sang, et complètement humiliée ? Et il a envie de sexe ? Qu’est-ce qu’il est ? C’est un cinglé. Et ils [les cinglés – NDLR] se baladent en Ukraine. En Ukraine, où Porochenko les a nourris, » explique-t-elle.

Et pendant tout ce temps, Ioulia ne pouvait même pas se rendre aux toilettes. Elle a passé 11 jours enfermée dans cette cellule au milieu de ses excréments et de son sang, à se faire torturer et violer par ses geôliers.

Mais le viol n’est pas la seule méthode de psychopathe utilisée par le SBU pour faire craquer les prisonniers, simulation de noyade et asphyxie sont aussi largement utilisés. Ioulia Prossolova a ainsi été littéralement enterrée vivante pour l’obliger à avouer un crime qu’elle n’a pas commis.

« C’était le jour le plus effrayant de ma vie. Le dernier jour. Mais le plus terrifiant de toute ma vie. Je ne pensais pas que des gens étaient capables de faire ça. Ils ont ouvert la porte, apporté de la cellophane noire, m’ont fait tomber et ont commencé à m’emballer dans la cellophane, me mettre dans ce sac, vivante. « Salope, on va t’enterrer vivante ici, on va creuser ta tombe », » se remémore Ioulia.

Le but de toutes ces horreurs ? Obliger Ioulia à avouer être une terroriste qui a posé une bombe sous la voiture du colonel du SBU Alexandre Kharaberiouch.

« Alexandre Kharaberiouch était un homme terrifiant qui avait l’habitude de brutaliser et de torturer les gens à l’aéroport de Marioupol. Certaines personnes n’ont pas survécu à ses tortures, elles sont toujours recherchées », explique-t-elle.

Le meurtre peu discret de ce bourreau de Marioupol devait être résolu rapidement, alors le SBU a désigné Ioulia Prossolova pour jouer le rôle de l’assassin et l’a obligée à apprendre par cœur le « scénario » de cet assassinat qu’elle n’a pas commis. Après 11 jours de viols et de torture, et le simulacre d’enterrement, Ioulia est prête à tout pour rester en vie, alors elle avoue tout ce que le SBU lui demande.

Durant toute sa captivité, Ioulia a tenu grâce à la prière, à sa foi, et à la certitude que sa mère l’attendait. Cela lui a donné la force de tenir jusqu’au bout, de survivre à tout ça. Après 688 jours en enfer, le 7 septembre 2019, Ioulia Prossolova est libérée et envoyée à Moscou dans le cadre de l’échange de prisonniers mené entre l’Ukraine et la Russie.

Alors qu’elle était amenée à Kiev pour prendre l’avion, elle a reconnu avec horreur un de ses bourreaux parmi les gardes qui l’escortaient.

« Et je comprends que c’est avec cet homme que j’ai passé 11 jours en enfer dans le sous-sol de l’aéroport, où j’ai été violée, battue, humiliée, c’est lui ! », décrit-elle en pleurs, expliquant avoir craint qu’au lieu d’être libérée elle soit envoyée quelque part pour y être exécutée.

Si Ioulia parle aujourd’hui, et a donné à NTV un témoignage long et complet de ce qui lui est arrivé, c’est dans l’espoir que ses bourreaux, ainsi que Petro Porochenko, le président ukrainien de l’époque, soient un jour jugés pour ce qu’ils ont fait. Qu’ils paient pour ce qu’ils lui ont fait subir, et dénoncer le fascisme qui règne en Ukraine.

Voilà ce que la France, l’Allemagne, les États-Unis et les autres pays occidentaux soutiennent, financent et couvrent. Un pays où des gens peuvent être enlevés en pleine rue par le SBU, comme Ioulia Prossolova, ou Daria Mastikacheva, battus, torturés, violés, voir leurs proches être menacés de mort, ou subir des simulacres d’exécution, pour leur faire avouer des crimes qu’ils n’ont jamais commis.

Voilà ce qu’est l’Ukraine post-Maïdan : un repère de cinglés en uniforme (agents du SBU, membres de bataillons néo-nazis), qui peuvent commettre les pires crimes contre des innocents, sans être inquiétés, ni par la justice de leur pays, ni par celle de l’Union Européenne, à laquelle l’Ukraine espère adhérer un jour.

Christelle Néant

 

MàJ du 22/03/2022

L'aéroport de Marioupol sous lequel se situait la sinistre prison secrète nommée « la bibliothèque » vient de tomber sous le contrôle de la milice populaire de la RPD (ce qui infirme les annonces de médias occidentaux disant que l’armée russe n’avance plus, voire recule à Marioupol), ce qui va permettre d’enquêter et d’essayer de trouver des preuves des crimes dénoncés par de nombreux témoignages d’anciens prisonniers, mais aussi par l’ancien agent du SBU, Vassily Prozorov.

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