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samedi 26 mars 2022

Comment la Macronie répond-elle au scandale McKinsey ?


 
 
 Kevin Tanguy 25 mars 2022

Voilà une semaine que la commission d'enquête sénatoriale a dévoilé un scandale de plus en Macronie. Selon le rapport des sénateurs, les dépenses en conseils du ont doublé depuis 2018, approchant les 900 millions d’euros en 2021. 

De l’argent dont aurait principalement bénéficié le cabinet McKinsey. Cerise sur le gâteau, l’entreprise n’a pas payé d’impôts en France depuis dix ans.

Malgré ces révélations, le gouvernement ne semble pas ébranlé. Invité de l’émission politique de RTL, dimanche 20 mars, Bruno Le Maire est resté impassible et a martelé : « Que ces prestations soient véritablement ciblées sur ce que l’État n’a pas vocation à faire au long cours, oui. S’il y a des dérives, et qu’on estime que ces prestations sont excessives, nous recentrerons ces activités. » « On est toujours étonné que l’État français, avec le nombre de fonctionnaires dont il dispose, n’ait pas en interne les compétences pour accomplir les missions demandées à des cabinets extérieurs », lance de manière pugnace le journaliste au ministre. Mais rien ne semble atteindre Bruno Le Maire, qui a de nouveau justifié le recours à des cabinets privés, avant de rappeler qu’il s’engageait à ce que toutes les entreprises qui font de l’optimisation fiscale payent ce qu'elles doivent à l’État français. On peut raisonnablement se demander pourquoi le ministère ne s’assure pas, avant d’engager des prestataires, de leur situation fiscale… « Le cabinet McKinsey est bien assujetti à l’impôt sur les sociétés (IS) en France mais ses versements s’établissent à 0,00 € depuis au moins dix ans », peut-on lire dans le rapport sur « l’influence des cabinets de conseil privés sur les politiques publiques ». En une décennie, pas une personne n’a été capable de s’en apercevoir. Le ministre a peut-être tout simplement cru sur parole le directeur associé de McKinsey au bureau de Paris, Karim Tadjeddine, auditionné devant les parlementaires en janvier dernier : « Je le dis très nettement : nous payons l’impôt sur les sociétés en France et l’ensemble des salaires sont dans une société de droit français qui paie ses impôts en France. »

Même justification - ou éléments de langage - du porte-parole du gouvernement. « Est-ce que c’est un scandale que l’État puisse avoir recours à des cabinets de conseil ? » lance Gabriel Attal, ce jeudi matin, sur le plateau de RMC. De son côté, le chef de l’État s’est dit choqué par les agissements du cabinet McKinsey.


 

Malgré le discours policé du gouvernement, il reste irréfutable qu'un laisser-faire a été accordé à ces grands cabinets de conseils. Et que certains ont côtoyé Emmanuel Macron bien avant qu’il ne soit président de la République. Les relations entre McKinsey et le pouvoir français ne sont pas récentes. En 2007, Nicolas Sarkozy charge Jacques Attali de créer une commission pour proposer des réformes économiques. À cette époque, Emmanuel Macron est présent aux côtés de Jacques Attali en tant que rapporteur général adjoint. Il fera forte impression auprès de McKinsey. Dès lors, il gardera un contact avec eux. De précieuses relations qu’Emmanuel Macron n’a pas hésité à utiliser lors de sa campagne présidentielle de 2017. Dans l’ombre, une dizaine de consultants de McKinsey auraient travaillé bénévolement. Les journalistes de « Complément d’enquête » ont eu accès aux échanges de mails, révélés dans les MacronLeaks : des discussions entre des membres de La République en marche et des salariés de McKinsey, et cela avec leur boîte mail professionnelle.

Les révélations de la commission d'enquête sénatoriale faites à quelques jours du premier tour ne semblent pas affecter outre mesure le Président sortant. Pourtant, de nombreux internautes ont fait la comparaison avec François Fillon, pointant du doigt un deux poids deux mesures.


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