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dimanche 27 mars 2022

Ces signes qui montrent que Macron ne fera pas 30 % le 10 avril


 
 
 
 Frédéric Sirgant 26 mars 2022

Il est déjà réélu et ses partisans se concentrent, nous apprend Le Figaro, vendredi soir, sur la soirée de sa réélection et le jour de sa passation de pouvoir avec lui-même : 

« Selon des sources concordantes dans l'entourage du Président, le décorum devrait être identique aux prédécesseurs. Pas de tapis rouge dans la cour et d'arrivée remarquée à l'Élysée : le chef de l'État réélu descendrait de son bureau jusqu'à la salle des fêtes, où le président du Conseil constitutionnel Laurent Fabius le proclamerait officiellement Président réélu, avant le 13 mai au soir, date d'expiration du mandat actuel. »

On pourrait multiplier les déclarations actant que les jeux sont déjà faits, les plus convaincues émanant des LR assurés de la défaite de Pécresse : Guillaume Larrivé, cette semaine, plaidait déjà pour une alliance avec la majorité macroniste. Larrivé, ce n'est plus le ralliement de 20 h 02, c'est la trahison à J-20 !

Il y a donc, dans cette étrange campagne, deux états d'esprit : les sûrs d'eux, sûrs de leur victoire écrasante (Macron 30 %) ou sûrs de leur défaite inévitable (les Verts et la gauche hors Mélenchon). Et puis il y a les autres, qui se battent pour la 2e ou la 3e place : Zemmour, Pécresse, Mélenchon, Le Pen.

Ces mêmes sondages, cette semaine, devraient leur redonner espoir. Ce n'est pas claironné, mais c'est la réalité : Macron baisse fortement, de trois points.

C'est le JDD qui a fait la synthèse : « Après l’embellie de début mars, puis la stagnation la semaine dernière, le voilà sur une pente glissante. Emmanuel Macron est crédité vendredi de 28,4 % des intentions de vote, selon notre moyenne réalisée tout au long de cette campagne à partir des cinq dernières enquêtes. Le chef de l’État a donc perdu environ 3 des 5 points qu’il avait gagnés après l’irruption de la guerre en Ukraine dans le débat politique en France. Les dynamiques ayant leur importance, surtout à deux semaines du premier tour, il s’agit d’un premier signe d’alerte pour le Président-candidat, qui semblait jusque-là assez tranquille. »

Et puis il y a la (non-)campagne du Président sortant sur le terrain. L'envoyé spécial du Monde à son meeting de Nice in absentia doit se rendre à l'évidence : « En ce mercredi 23 mars, les macronistes tiennent meeting au palais Nikaïa. Sans leur candidat, resté à Paris pour accorder une interview à M6, avant de s’envoler pour le sommet de l’OTAN et le Conseil européen, à Bruxelles, jeudi et vendredi. La salle, d’ailleurs, se révèle trop grande en l’absence du favori des sondages ; des rideaux noirs ont été tirés pour cacher les gradins vides. Un peu moins de 2.000 personnes s’installent sans faire de bruit. “Ils sont chauds ! Ils sont chauds !”, s’époumonent les deux speakers contre l’évidence. » Chauffage de salle froide façon Marlène Schiappa. Si l'on ajoute qu'il y avait plus d'une centaine d'élus sur ces « moins de 2.000 », on mesure que l'enthousiasme en faveur de Macron est à relativiser. Le journaliste du Monde parle même de « semblant de ferveur »...

Cela n'empêche pas un Christian Estrosi, désormais fervent macroniste, après avoir été chiraquien et sarkozyste, de prédire le « basculement » des Alpes-Maritimes vers Macron, qu'il croit discerner dans l'effacement de Valérie Pécresse. Si l'électorat LR le plus modéré, là comme ailleurs, se ralliera certainement à Macron dès le premier tour, il semble oublier que la droite qui domine chez lui est la droite Zemmour-Le Pen : en 2017, Fillon (sur une ligne Trocadéro) et Le Pen y avaient viré en tête à 27 % chacun, devant Macron à 19 %. Or, les mêmes sondages qui indiquent -3 points pour Macron accordent +2 points à Marine Le Pen, à 19,3 % au niveau national. Si l'électorat de la vraie droite se remobilise dans les quinze jours et si le peu de ferveur autour du Président sortant se poursuit, Emmanuel Macron ne fera certainement pas 30 % le 10 avril, ni à Nice, ni en France.

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