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jeudi 24 février 2022

[Tribune] Ukraine : « Poutine ne piétine pas des accords qui n’ont jamais été respectés » (I)


 

 Christian Vanneste 23 février 2022

Paul Valéry a écrit, avec sa lucidité coutumière : « Le passé, plus ou moins fantastique ou plus ou moins organisé après coup, agit sur le futur avec une puissance comparable à celle du présent même. » 

Cette formule éclaire la complexité du problème ukrainien. Celui-ci aurait pu et dû être traité avec réalisme. Mais les strates mémorielles accumulées sur cette partie du monde et leur utilisation par les acteurs du drame selon leurs intérêts divergents ont éloigné toute solution raisonnable.

La première observation qui s’impose devient, hélas, récurrente : la presse des pays qui se prétendent des démocraties éprises de devient de plus en plus univoque et manichéiste. Le bien est à l’Ouest, la est le Grand Satan. On lit, par exemple, que Vladimir Poutine piétine les accords de Minsk. Signés le 12 février 2015, après un premier essai en 2014, au Palais de l’Indépendance de Minsk, capitale de la Biélorussie, par les présidents russe, français, allemand et ukrainien, ils devaient marquer la fin des combats en Ukraine en échange d’un certain nombre d’engagements des parties : au-delà des aspects militaires, retrait des armes lourdes, échange de prisonniers ou garantie des frontières sous l’égide de l’OSCE. Le point essentiel visait la réforme constitutionnelle de l’Ukraine et la reconnaissance d’une large autonomie pour les deux républiques séparatistes du Donbass, celle de Donetsk et celle de Lougansk, avec des permettant d’assurer leur représentation au parlement de Kiev.

Or, l’Ukraine n’a jamais voulu mettre en œuvre cette condition cruciale. Vladimir Poutine ne piétine donc pas des accords qui n’ont jamais été respectés par la partie adverse.

La lourde responsabilité des « Occidentaux » est évidente : les exécutifs allemand et français qui avaient signé ces accords n’ont pas exercé une pression suffisante sur le gouvernement de Kiev pour qu’il les applique. La France, en particulier, exhibe dans cette affaire la légèreté et l’insuffisance de ses deux derniers Présidents. Nicolas Sarkozy avait été plus vif et plus efficace sur le dossier géorgien. Il faut toutefois chercher au-delà de l’Atlantique les véritables responsables de la crise, chez les démocrates américains qui continuent à appliquer la doctrine de Brzeziński visant à faire exploser la et à empêcher tout rapprochement entre celle-ci et l’Europe qui pourrait faire naître une puissance économique, politique et militaire et mettre fin au protectorat américain sur la vieille Europe par le biais de l’OTAN.

(Suite de cette tribune à paraître demain.)

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