On ne peut longtemps chasser le naturel, il revient au galop.
La chose est connue depuis la nuit des temps. Aussi bien, tout Président qui assure à ses concitoyens qu’il « a changé » ne saurait être pris au sérieux. C’est bidon.
Le naturel du président de la République n’a pas tardé à reprendre le dessus. Le 31 décembre, il dégoulinait de bienveillance, la France chevillée au cœur : soyons « épris de liberté, d’universel, de créativité », nous a-t-il dit. « Restons unis, bienveillants, solidaires (sic). » Il l’a juré craché sur le tapis : dans les mois qui viennent, « quelles que soient ma place et les circonstances, je continuerai à vous servir. De la France, notre patrie, nul ne saura déraciner mon cœur. » On en aurait pleuré d’émotion… et dès le lendemain matin, il avait viré le drapeau français de l’Arc de Triomphe !
Le 31 décembre 2021, Emmanuel Macron assurait aussi avoir « appris à aimer les Français », et le 4 janvier, il confiait au Parisien : « Nous mettons une pression sur les non-vaccinés en limitant pour eux, autant que possible, l’accès aux activités de la vie sociale. » Et de préciser, au cas où l’on n’aurait pas bien compris la nature de son amour incommensurable : cette « toute petite minorité, on la réduit, pardon de le dire comme ça, en l’emmerdant encore davantage […] Eh bien, là, les non-vaccinés, j’ai très envie de les emmerder. Et donc on va continuer de le faire, jusqu’au bout. »
Toutefois, il faut le reconnaître, le Président aurait tort de se gêner puisqu’il est soutenu dans sa démarche par nombre de Français tout prêts à envoyer leurs voisins au goulag. On ne compte plus, en effet, les propositions telles « soumettre les allocations chômage à la vaccination », « faire payer les soins aux malades non vaccinés atteints de Covid », leur demander de « préciser s’ils veulent ou non être réanimés », etc. Les idées ne manquent pas puisqu’on rabâche à longueur de journée que lesdits non-vaccinés mettent la nation en péril.
À ce propos, une phrase a frappé ce matin mon oreille délicate. Parlant de ces non-vaccinés qui encombreraient les services de réanimation, un médecin qui s’exprimait sur les ondes a parlé « des non-vaccinés… enfin, ceux qui n’ont pas leur schéma vaccinal complet ». Faut-il croire alors que sont comptabilisés comme non-vaccinés ceux qui n’ont pas reçu leur troisième dose ? Au point où l’on en est, tout est possible.
Dans la série des tracasseries et privations de liberté destinées à « emmerder » les Français, le gouvernement compte beaucoup sur le passe vaccinal appelé à succéder, dans les prochains jours, au passe sanitaire. Si les députés finissent par le voter, ce qui hélas ne tardera sans doute pas, il va falloir beaucoup monde pour le mettre en place. Déjà, il semble que l’on puisse compter sur le roi de la grande distribution, l’illustre Michel-Édouard Leclerc, patron des magasins du même nom.
Interrogé sur CNews, mardi matin, Michel-Édouard Leclerc s’est exprimé clairement : « D’abord, on applique la loi. Nous saurons faire, nous sommes dans une stratégie volontariste et donc nous appliquerons le passe sanitaire, les jauges, la réglementation qu’on attend de nous. On n’en fait pas un plat. » Et comme Laurence Ferrari lui demandait ce que feraient les non-vaccinés si les préfets imposent le passe vaccinal aux grandes surfaces, il a répondu : « Ils ne viendront pas. »
Des milliers d’internautes lui ont répondu, notamment sur Twitter. La teneur générale se résume ainsi : « C’est pas grave, vacciné ou non, on ira ailleurs faire nos courses ! »
Chez les commerçants du groupe Super U, par exemple ? Dont le patron, Dominique Schelcher, refuse d’imposer un passe sanitaire à ses clients comme à ses collaborateurs ?
Mettre en place un pass sanitaire à l’entrée d’un supermarché soulèverait ces questions : Qui contrôlerait l’entrée ? Que se passerait-il en cas de conflit ? Que deviendraient les collaborateurs non vaccinés ? Et ce point : conditionner les courses alimentaires à une contrainte ?
— Dominique Schelcher (@schelcher) July 13, 2021
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