Dans un entretien accordé au Monde (20 décembre 2021), Uğur Şahin, cofondateur du laboratoire à l’origine du vaccin à ARN messager produit avec Pfizer, revient sur l’efficacité du vaccin face à la montée en puissance de nouveaux variants tels que Delta et Omicron.
Un vaccin efficace à environ 70 %
Alors que le variant Omicron commence à prendre une véritable ampleur, le PDG de BioNTech se montre confiant : « Les données en vie réelle de Grande-Bretagne et d’Afrique du Sud nous fournissent des informations rassurantes », explique-t-il. Des analyses ont déjà fleuri sur le sujet : elles permettent à Ugur Sahin de conclure que « les données préliminaires en provenance du Royaume-Uni pointaient une efficacité d’environ 70 % après la troisième dose et d’environ 20 % à 40 % après la deuxième dose ». Et d’ajouter : « Les Sud-Africains font des observations similaires. Leurs données montrent aussi que la protection contre les formes sévères après deux doses serait de 70 %, ce qui, je pense, pourrait être un peu sous-estimé. »
Une efficacité éphémère
Se pose également la question de la durée d’efficacité du vaccin. Une équipe allemande a, en effet, mené des études sur le sujet. Ces études font état d’une baisse très rapide de l’efficacité. Trois mois après, elle était descendue à 25 %.
« Il y aura une perte de l’efficacité contre Omicron avec le temps, c’est très probable, mais il faut encore en mesurer la rapidité, tempère Uğur Şahin, il est évident que nous sommes loin des 95 % d’efficacité que nous avions obtenus contre le virus initial. Toutefois, après la troisième injection, notre vaccin semble fournir une protection de 70 % ou 75 % contre tout type de maladie, ce qui reste un bon résultat pour un vaccin en général et je pense que nous serons largement au-delà pour les formes sévères. »Le PDG de BioNTech ne cherche pas à le cacher : le vaccin n’empêchera pas l’épidémie de se poursuivre. Les personnes vaccinées sont, d’ailleurs, elles aussi touchées par les variants Delta et Omicron. Uğur Şahin recommande la prudence : « Nous devons être conscients que même les triples vaccinés sont susceptibles de transmettre la maladie et qu’il va falloir les tester, surtout dans l’entourage de personnes vulnérables. Le variant Omicron devenant dominant, les mesures de protection resteront essentielles, en particulier cet hiver. Sinon, nous ne serons pas en mesure de maîtriser l’expansion rapide de ce nouveau variant. »
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