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lundi 11 octobre 2021

Le désastre de la politique étrangère macronienne



 

Qui se souvient encore de Jupiter recevant fastueusement les présidents américain et russe, l’un aux Invalides, l’autre à Versailles, ces hauts lieux de la monarchie qu’il prétendait ainsi restaurer comme monarque républicain concentrant tous les pouvoirs ? 

Les rangs des adorateurs se sont, depuis, éclaircis mais il en reste suffisamment pour maintenir cet homme désastreux à 24 % de votes dans les sondages actuels. 

Macron n’est pas l’homme providentiel élu par le peuple en dehors du jeu des partis. Il est un accident de l’Histoire élu par défaut et la France paie maintenant le prix de ce choix calamiteux.

Au hasard de ses discours de campagne, il privilégie l’effet immédiat obtenu auprès de son public plutôt que l’intérêt supérieur de notre pays dans le monde. Sans doute pour séduire les doubles nationaux franco-algériens avait-il cru bon de multiplier les repentances à propos de la guerre d’Algérie. Sûr de ne pouvoir compter sur le soutien ni de ceux qui regrettent l’Algérie française, ni de tous les patriotes qui voient en lui un ennemi déclaré, il avait fait le choix d’abîmer l’image de la France pour gagner des voix chez ceux qui la détestent. Mais comme, parmi cette jeunesse en qui il place ses espoirs, il y a aussi les enfants des harkis, il a donc dit tout le mal qu’il pensait du gouvernement d’Alger construit « sur une rente mémorielle », devant notamment 18 petits-enfants de harkis. Le « en même temps », où certains voyaient paraître enfin le génie du centrisme, révélait son secret : dire tout et son contraire en fonction des publics auxquels on s’adresse. Le pouvoir algérien est ombrageux : convocation de l’ambassadeur de France, puis rappel de l’ambassadeur d’Algérie à Paris et, enfin, interdiction de survol du territoire algérien par les avions français alors que celui-ci est nécessaire pour nos opérations militaires au Sahel. Le Jupiter foudroyant du haut de la puissance française n’est décidément qu’un matamore bavard dont chaque discours risque de ne foudroyer que les intérêts de son propre pays.

Les coups d’État ont été nombreux dans les anciennes colonies africaines françaises. Or, c’est dans l’épicentre du terrorisme sahélien, le Mali, que M. Macron a jugé utile de fustiger le gouvernement issu du dernier d’entre eux, dénué selon lui de la moindre légitimité. Là aussi, des paroles inconsidérées, acceptables chez une personne privée, mais maladroites chez un homme d’État qui doit en peser les risques, sont venues pourrir les rapports de la France avec un pays dans lequel plus de cinquante Français sont morts.

Entre le retrait partiel des troupes françaises et le mot excessif d’« abandon » employé par le Premier ministre malien, la mort d’un nouveau militaire français avait de quoi susciter la colère, mais celle-ci exprimée à l’encontre du gouvernement, soutenu, semble-t-il, par une grande partie de l’opinion, était malvenue dans la bouche du Président français, car elle conduit à une impasse. L’homme fort de Bamako se souvient que le Mali a déjà eu une relation privilégiée avec Moscou et la Russie met désormais un pied au Mali comme elle l’a fait en République centrafricaine. Que nos opérations militaires et la mort de nos soldats conduisent à une mainmise russe n’est guère la preuve d’une politique cohérente et efficace. Les clés de la sécurité dans le Sahel sont l’Algérie et la Libye. Avant de gâcher nos relations avec la première, nous avions déjà laissé place au tandem russo-turc dans la seconde. Là encore, à quoi servait-il de s’en prendre à la mort cérébrale de l’OTAN face à Erdoğan si c’était pour le laisser agir à sa guise en Méditerranée ? Alors Macron a dressé un village Potemkine à Montpellier, un sommet Afrique-France plein de jeunes espoirs, mais sans chefs d’État ou de gouvernement ; bref, une plaine de jeux à défaut d’un sommet qu’il a rendu impossible. Le sommet s’est déroulé à Sotchi, il y a deux ans, lorsque Vladimir Poutine avait accueilli plus de quarante dirigeants africains.

Trump dînait avec Macron à la tour Eiffel. Son successeur Biden a fait tomber « notre » Président de haut jusque dans les profondeurs en lui piquant un énorme contrat de sous-marins pour l’Australie. Quant à Poutine, il attend sans doute le Président suivant pour traiter à nouveau sérieusement avec la France.

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