Le conflit du Haut-Karabakh
a éclaté il y a tout juste un an.
L’Azerbaïdjan, appuyé par la Turquie,
a reconquis dans le sang ce territoire que l’Arménie avait
unilatéralement déclaré indépendant en 1991.
Il n’aura fallu que treize
jours de combat pour que les troupes turco-azéries reprennent un tiers
du territoire, utilisant pour cela des moyens conventionnels, de la
haute technologie, des drones issus du commerce mais aussi du matériel
vétuste. Cette offensive hybride s’est doublée d’une mobilisation
médiatique à sens unique. Tandis que la Turquie
et l’Azerbaïdjan livraient leur propre récit, l’Occident jadis chrétien
se borna, dans le meilleur des cas, à dénoncer du bout des lèvres les
exactions et les exils forcés.
Sous la responsabilité de la Russie, qui a accepté de
vérifier les modalités de mise en place du cessez-le-feu, la zone vit
désormais dans un calme trompeur et précaire. Chacun a joué sa partition
du moment : la Russie, acteur majeur du Proche-Orient, se pose en
arbitre cynique (et non, d’ailleurs, dans le rôle de rempart de la
chrétienté que certains voudraient lui faire jouer) ; la Turquie
pousse ses pions dans sa zone d’intérêt, conformément à son agenda
panislamique et à ses velléités hégémoniques ; les États-Unis, qui
poursuivent leur pivot stratégique vers l’Asie
du Sud-Est, sont aux abonnés absents, preuve (s’il en fallait) que la
liberté – la vraie – ne les intéresse pas ; l’Europe, enfin, la petite Europe du marché commun, regarde pensivement ses souliers en attendant que les coups de feu aient cessé.
Ce 27 septembre marque un triste anniversaire que je rappelle dans @Le_Figaro. Il y a un an, les Turco-Azéris attaquaient l’#Artsakh #HautKarabakh et ses 150 000 citoyens #armeniens. Ce petit peuple chrétien abandonné de presque tous est toujours menacé. Ne l’oublions pas. pic.twitter.com/lP19HOXa90
— J-Christophe Buisson (@jchribuisson) September 26, 2021
Aujourd’hui, nous n’avons plus de larmes pour les
Arméniens. Pas davantage que nous n’en avions hier pour les chrétiens du
Levant. Ce n’est même pas de la lâcheté, c’est pire : de
l’indifférence. Nous avons pris goût, depuis la première guerre du
Golfe, aux feux d’artifice nocturnes de l’artillerie vus par le filtre
vert des jumelles infrarouges. Nous avons eu, tout naturellement, le
même réflexe d’ébahissement infantile devant les tirs turcs sur la
banlieue de Choucha. Disparition des valeurs, disparition de la dignité –
jusqu’à la disparition de l’émotion elle-même, qui cède la place au
divertissement. Un divertissement monstrueux pour les enfants pervers de
l’Occident obèse et blasé.
Ayons une pensée aujourd’hui pour le Haut-Karabakh, les
monuments séculaires et les sépultures familiales que ses habitants ont
dû abandonner à la barbarie. C’est le moins que nous leur devons.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire
Ici, les commentaires sont libres.
Libres ne veut pas dire insultants, injurieux, diffamatoires.
À chacun de s’appliquer cette règle qui fera la richesse et l’intérêt de nos débats.
Les commentaires injurieux seront supprimés par le modérateur.
Merci d’avance.