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mardi 30 mars 2021

Nancy : Virée à cause de la Covid



covid (pixabay)
covid (pixabay)
 

« Vous vous rendez-compte du bordel que vous avez foutu ? » C’est ainsi qu’une salariée de l’entreprise ByMyCar de Nancy-Laxou (54) a été accueillie par son directeur après une période d’isolement pour cause de Covid.

Le 8 janvier 2021, à 6 h 59 précisément, Charlotte (appelons-là ainsi) découvre dans sa boite mail privée un message daté du 5 janvier 2021 (trois jours plus tôt) ainsi rédigé : « L’enquête sanitaire de l’Assurance Maladie a établi que vous avez été en contact rapproché avec une personne porteuse du virus et que vous présentez un risque de contamination. 

Afin de lutter contre l’épidémie et vous protéger ainsi que vos proches, nous vous demandons d’appliquer les consignes suivantes : vous devez rester isolée jusqu’au 9 janvier 2021 ; Prenez rendez-vous pour faire votre test. »
Charlotte fonce au labo le plus proche. Le résultat tombe à 16 heures : positif ! Elle doit rester isolée jusqu’au 18 janvier. Elle prévient son employeur.

25 cas contacts

Charlotte est responsable ‘’livraison’’ des véhicules neufs et occasions de l’entreprise « RNO BYMYCAR Nancy » qui a repris en décembre 2020 Renault Retail Group SA (RRG), la grande enseigne Renault de l’avenue de la Résistance à Laxou (54).
Elle retourne à son travail le 19 janvier. Elle est guérie. Ce jour-là, elle est convoquée à 8 h 30 par le directeur de l’entreprise, Thierry Munier. Ce dernier lui reproche, dans un entretien très tendu, d’avoir mis la santé des salariés en danger puisqu’elle a travaillé entre le 5 (date d’envoi du mail) et le 8 janvier (jour où elle en prend connaissance). Or elle a dû déclarer à l’ARS les personnes qu’elle a croisées durant ces trois jours et qui sont autant de cas contacts.
« J’en ai déclaré 25 dont 14 furent isolées, explique Charlotte. Aucun n’a été testé positif. »
Charlotte est reconvoquée ce même 19 janvier à midi pour un entretien préalable à licenciement. Elle est aussi mise à pied à titre conservatoire. Le 27 janvier, jour de l’entretien, elle est assistée par un syndicaliste. Le 3 février, elle reçoit une lettre recommandée par laquelle elle apprend qu’elle est licenciée pour faute grave.

« Un contexte délicat »

Dans sa lettre, le directeur reproche à Charlotte d’avoir  »côtoyé environ 70 personnes » et de ne pas porter le masque ». Il ajoute : « Ces faits démontrent de votre part un non-respect des règles sanitaires et notamment de l’application des gestes barrières qui ont fait pourtant l’objet d’une large communication au sein de l’entreprise et que vous ne pouviez ignorer… Vous avez donc porté gravement préjudice au bon fonctionnement de l’entreprise qui devait par ailleurs être en opération Portes ouvertes le week-end des 16 et 17 janvier 2021 et n’a pu compter sur l’ensemble de ces collaborateurs dans un contexte économique particulièrement délicat ou toutes les opérations commerciales sont essentielles (…) »

Aucun symptôme

Charlotte réfute l’ensemble de ces accusations. Elle a toujours porté le masque à son travail, affirme-t-elle, témoignages à l’appui. Pour le reste, elle ignorait qu’elle était cas contact entre le 5 et le 8 janvier d’autant qu’elle ne présentait aucun symptôme. Elle a donc demandé à son avocat, Me Laurent Paté, spécialiste en droit du travail, de saisir le Conseil des Prud’hommes et de réclamer des indemnités. Car elle estime n’avoir fait aucune faute.
Contacté, l’avocat explique : « Ma cliente a été licenciée injustement. Elle produira les photographies de son nouveau directeur, flute de champagne à la main, au bar improvisé de l’entreprise, sans masque au moment des faits. Dans le respect des règles sanitaires c’est  en toute bonne foi qu’elle  a déclaré le nom des collègues qu’elle avait côtoyés.  La COVID 19 ne doit pas servir d’alibi car la société BYMYCAR , en décembre 2019, s’était engagée à reprendre tous les salariés de Renault Retail Group conformément au Code du travail. »

Nous avons tenté de joindre Thierry Munier pour lui demander son avis. Nous lui avons laissé un mail sur sa boite professionnelle et nos coordonnées téléphoniques à son secrétariat. Nous publierons bien volontiers son point de vue dès qu’il voudra bien nous l’adresser.

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