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lundi 15 mars 2021

Emmanuel Macron et la colonisation : un énarque qui récite sa leçon


 
 

Dès avant son élection, en février 2017, lors d’un déplacement en , avait commencé une mise en accusation systématique de son propre pays. 

Il avait alors osé désigner la comme un « crime contre l’humanité ». Comment les Français ont-ils pu élire celui qui s’était alors rendu indigne des fonctions qu’il ambitionnait ? Un homme politique ne critique pas son pays dans un pays étranger.

S’il le fait pour des motifs de séduction électoraliste envers les Algériens ayant acquis la nationalité française, souvent en gardant la leur, c’est encore plus méprisable. S’il le fait en raison de la lecture idéologique de l’Histoire qui est celle de son camp, la gauche « progressiste », il souligne à quel point il ne peut représenter tous les Français, notamment les descendants des victimes de la rébellion, militaires, pieds-noirs et harkis, dont les malheurs sont ainsi effacés par un « crime contre l’humanité » qui les rend davantage coupables que victimes. S’il le fait par une fatuité pétrie d’ignorance, cela ne fait que confirmer l’erreur de confier la responsabilité la plus haute du pays à un jeune fonctionnaire sans autre expérience que bancaire.

La colonisation est un phénomène historique qui a consisté, pour une puissance techniquement et donc militairement plus avancée, à s’emparer de territoires avec des buts différents : étendre son activité commerciale, acquérir des ressources, implanter une population excédentaire, accroître ses forces. Les Romains ont colonisé le pourtour méditerranéen et une bonne partie de l’Europe occidentale. Souvent avec brutalité, ils ont installé la « paix romaine », à l’origine d’une civilisation brillante, riche de travail et d’échanges, construisant routes et villes. Qui pourrait s’en plaindre ? Les grandes invasions qui ont suivi ont accumulé les destructions. Où est le crime contre l’humanité ? Ni d’un côté, ni de l’autre, car les acteurs de l’Histoire ne font ni de la morale ni du droit, ils vivent dans les passions et les contraintes. Ce que semble ignorer un énarque qui récite sa leçon.

La France, après avoir perdu en grande partie ses premières colonies, a reconstitué un empire au XIXe siècle, surtout pour retrouver un prestige que ses désastres militaires lui avaient fait perdre, pour y puiser des renforts et pour exporter sa pensée « libératrice ». Rien de criminel : telle exaction commise est compensée par l’effort en infrastructure, en soins médicaux ou en éducation. L’Algérie en est un bon exemple, comme elle est aussi un excellent résumé de l’incohérence de nos gouvernements qui n’ont jamais vraiment choisi entre peuplement, et attentisme, jusqu’au moment où la démographie, décuplée par la médecine du colonisateur et la religion du colonisateur précédent, ont exacerbé les différences et précipité l’inéluctable. Lorsque les troupes de Charles X prennent Alger, c’est une satisfaction pour l’Europe entière enfin débarrassée d’un nid de pirates esclavagistes. Lorsque les pieds-noirs et les musulmans favorables à la France quittent l’Algérie sous la menace du massacre dans les conditions les plus horribles, les Juifs, présents dans ce pays depuis des siècles, les suivent. Où sont les crimes contre l’humanité ?

Lorsque les terroristes font exploser des bombes ou mitraillent des civils à Alger, l’armée a reçu du gouvernement de la IVe République l’ordre de « terroriser les terroristes » et elle en a pris les moyens en remportant la bataille d’Alger. Cinq ans plus tard, cette victoire est devenue inutile : beaucoup de Français d’Algérie ont été assassinés dans des conditions atroces. Le silence devant ce gâchis devenu inévitable serait seul décent. Mais l’élégance morale de M. Macron a d’autres caprices : il prend parti et le fait contre son pays en reconnaissant des assassinats de la part de l’armée française, comme si celle-ci ne luttait pas avant tout contre des assassins. L’irresponsabilité du geste est à peine croyable : les demandes d’excuses d’un gouvernement qui vit de la légende de la libération nationale contre l’occupant français ne seront jamais satisfaites. Quant à la française, elle alimentera chez de nombreux jeunes d’origine algérienne le sentiment de leur identité victimaire propre à justifier leur séparatisme. On ferait mieux d’enseigner les efforts en matière de santé, d’éducation et de développement consentis par la France dans ses département algériens, mais c’est trop demander à un homme dont la suffisance n’a d’égales que ses insuffisances.

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