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vendredi 29 janvier 2021

Le sacrifice de la « génération Covid » : mais laissez-les vivre, et travailler !


 

Il était temps ! Les politiques s’emparent, enfin, du profond malaise de la française. 

Ils ont, enfin, levé le nez des courbes d’admissions hospitalières, des études sur les variants, des rythmes de fabrication des vaccins, des sondages… et, enfin, commencent à s’alerter : 30 % de la population étudiante a des troubles dépressifs et anxieux quand, selon The Lancet, 37 % des 16-24 ans ont atteint un seuil critique d’inquiétude et de stress.

En mettant « la sécurité des Français » au premier plan, par des politiques de confinement et de privation des libertés les plus élémentaires, dont celles de s’instruire et de travailler, les pouvoirs publics s’égarent, oubliant une règle de base : crise économique, manque de perspectives, absence de projets sont autant de facteurs aggravants de… crise sanitaire. Car la crise économique a un impact sanitaire direct, et énorme : en plus de tous les phénomènes dépressifs que la récession engendre, celle-ci fait considérablement baisser l’espérance de vie, augmente l’obésité, les addictions, tandis que, sans avenir, nos jeunes se soignent moins, se marieront moins, auront moins d’enfants – on a vu, ces jours-ci, que le taux de natalité n’a jamais été aussi bas depuis 1945 – et divorceront plus.

Selon l’Observatoire des inégalités, un étudiant sur six doit travailler pour vivre : aujourd’hui, privés de tous ces jobs qui leur permettent de vivre, et donc d’étudier, beaucoup d’entre eux renoncent à leurs études et tombent dans une grande précarité.

Ces dernières semaines, les files d’attente devant les différents organismes d’aide alimentaire sont interminables. Et déchirent le cœur.

Or, écrit le pédopsychiatre Patrice Huerre, dans le FigaroVox, « la réanimation psychique devrait compter autant que la réanimation médicale pour offrir d’autres issues au désespoir d’une partie de la jeunesse. L’ouverture des cours pour les étudiants et les lycéens en est un exemple. Il s’agit de l’entretien indispensable des relations sociales, si précieuses dans la construction de soi. Le “distanciel” ne suffit pas. »

Face à cette détresse et à cette précarité née de la fermeture de nombreuses activités, a décidé de réagir… par un chèque psy ! Même si celui-ci, soyons honnêtes, est assorti d’un repas à un euro, midi et soir, dans les CROUS pour tous les étudiants, y compris les non-boursiers, ce fameux chèque psy est presque une insulte, en tout cas un terrible, retentissant aveu de faiblesse. Car c’est soigner les effets du malaise plutôt qu’en éradiquer les causes.

Incapable de changer de direction dans cette gestion de la crise où le tout sanitaire l’emporte, paradoxalement, sur la vie même, où la richesse d’une existence est réduite à celle de la vie nue, enchaîné à un conseil scientifique devenu omnipotent, Emmanuel Macron ne peut que poursuivre sur cette lancée catastrophique. Les débats sur le prochain reconfinement, qu’on nous présente comme inéluctable, en sont la preuve désolante.

Pour autant, le président de la République est, nous dit-on, très préoccupé par le sort de cette jeunesse ; l’idée d’un « capital jeunesse » fait son chemin : il tourne autour d’une bourse ciblée sur les quartiers prioritaires de la ville – c’est l’idée avancée par Élisabeth Moreno, ministre délégué chargé de l’Égalité des chances. Comme toujours, de la France rurale et périphérique, celle des ex-classes moyennes, de la petite bourgeoisie laborieuse, il n’est point ici question.

Stanislas Guerini, le Monsieur « effet apéro », a eu une autre idée : lancer un prêt à taux zéro de 10.000 euros remboursable sur trente ans. Et ajouter, ainsi, de la à l’immense dette publique qui grève déjà l’avenir de nos enfants. « Cet argent pourra servir à payer les frais de scolarité, mais aussi, pourquoi pas, à financer un tour du monde qui peut apporter un vrai capital personnel pour la vie future. » Gaston Lagaffe de la LREM, Stanislas Guerini n’a sans doute pas vu les vidéos des files d’étudiants qui, la tête basse, se pressent pour obtenir l’aide alimentaire. Ni imaginé que de nombreux étudiants ont déjà contracté des prêts étudiants pour financer leurs études. Ni soupçonné que leur préoccupation première, ce n’est sûrement pas de faire le tour du monde !

En Hongrie, le ministre de la Famille, Katalin Novák, vient d’annoncer une exonération d’impôts pour les moins de vingt-cinq ans, ce qui aurait comme conséquence, dit-elle, une augmentation du revenu de ces jeunes de 22 %.

Un pari sur le travail, un pari sur l’avenir.

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