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mardi 1 décembre 2020

Comment l’Occident est-il devenu le paillasson des Néo-Ottomans ?


 
 

Au lendemain du conflit opposant les forces arméniennes du aux forces azerbaïdjanaises, le sentiment des Arméniens d’Europe est unanime : c’est l’incompréhension face à l’indifférence de la communauté internationale. 

Pourtant, si la neutralité de nos gouvernements vis-à-vis de ce conflit irrite les Arméniens d’Europe, elle ne surprend pas.

Que peut-on espérer, en effet, d’une Europe qui montre chaque jour son incapacité à s’opposer à la , à lui imposer des sanctions, malgré les provocations répétées du dirigeant turc ? Le tableau est pourtant édifiant : intimidations, discours antifrançais, portraits d’ brûlés, incursions en mer Égée, à Chypre, menace d’ouvrir la voie aux migrants… Mais comment l’Occident est-il devenu le paillasson des Néo-Ottomans ? En réalité, il suffit d’observer la mollesse des réponses apportées par nos États aux drames qui surviennent chaque jour au sein même de leurs frontières. Par son relativisme face aux attentats terroristes, sa soumission à ses minorités, ses injonctions qui consistent toujours à « ne pas faire de vague », « ne pas faire le jeu de l’extrême droite », « ne pas tomber dans l’islamophobie », l’Occident, et plus particulièrement la France, a montré à la Turquie qu’il n’était plus que l’ombre de lui-même. Et ce ne sont pas ses concepts creux de « laïcité », de « multiculturalisme » ou de « république » qui feront trembler ceux qui rêvent d’un empire sous l’égide de l’islam.

Car l’urgence n’est plus uniquement dans le Haut-Karabagh. Si l’Europe doit s’intéresser à ce qui se passe à l’Est, ce n’est pas tant pour les Arméniens, mais pour elle-même.

Or, faisant mine d’ignorer la menace barbare, l’Occident refuse d’admettre qu’un conflit civilisationnel est pourtant en train de se jouer sous ses yeux. Pour comprendre cette logique civilisationnelle et cette nouvelle « question arménienne », il faut appréhender l’essence même de l’identité arménienne : premier pays chrétien au monde, géographiquement isolé dans un Caucase montagneux et entouré de voisins hostiles, il représente un obstacle géographique aux ambitions des panturquistes. Mais quand et où s’arrêtera cette ambition ? Faut-il attendre, comme l’a écrit Sylvain Tesson, « que les Mamelouks viennent recamper devant Vienne » ?

Dans ce contexte, l’Artsakh se dresse comme un dernier et fragile rempart contre l’anéantissement de son identité, de son et de sa foi. Et quoi de plus essentiel que ce bout de civilisation qui ne veut pas mourir ? En cela, l’ et l’Artsakh synthétisent en elles seules la plupart des valeurs que l’Occident gagnerait à recouvrer, Occident qui ne reconnaît plus ni frontières, ni identité, ni civilisation. Que l’Europe prenne en exemple le courage et l’humilité du peuple arménien, car ce peuple-là ne connaît que trop bien le prix de la dhimmitude, pour l’avoir expérimenté tout au long de son histoire, de discriminations en pogroms, et jusque dans sa chair au début du siècle dernier.

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