C’est la nouvelle injure à la mode. Le stade ultime de la décrédibilisation. La psychiatrisation outrancière de l’opposant.
Ceux que l’on traitait, auparavant, d’extrémistes de droite, puis de populistes. Les voilà maintenant complotistes. Donc, forcément crétins !
Les puissants, l’intelligentsia, le discours dominant cèdent à cette paresse intellectuelle : accuser l’opposant de complotiste pour le disqualifier et ne jamais faire son autocritique.
Sans dénoncer un complot mondial et mondialisé, on ne peut s’étonner de la perte de confiance absolue du peuple envers les élites. Parce que les exemples sont légion, de ce mensonge d’État et de ces intérêts révélés au grand jour. Le succès du documentaire Hold-up, qui pèche par des excès d’interprétations, est un symptôme qui devrait davantage inciter nos élites à la vérité, qui n’a rien à voir avec une transparence créée pour masquer d’autres réalités.
Ces exemples sont d’abord historiques. La génération d’aujourd’hui a grandi avec l’image de Colin Powell brandissant une fiole de je ne sais quoi pour prouver l’existence d’armes chimiques et justifier la guerre américaine en Irak. Tout le monde sait qu’il s’agit, aujourd’hui, d’un mensonge à la face du monde. Elle a connu l’affaire du sang contaminé, le nuage de Tchernobyl qui devait s’arrêter à la frontière. Comment lui reprocher d’être devenue méfiante ? Elle a vécu des trahisons d’État : le référendum de 2005, bafoué par la présidence Sarkozy, le Kouchner à la place du Kärcher™, la Fadela Amara à la place de la fin de la repentance.
Et, plus récemment, nous avons tous constaté les mensonges répétés de ce gouvernement dans la gestion de cette crise : l’affaire des masques, auparavant inutiles et aujourd’hui obligatoires partout.
Mieux encore : à mesure que les mensonges s’accumulent, la doxa nous dit ce que nous devons penser. Les CheckNews de Libération et du Monde, en plus d’être une usine à contre-vérités frisant au comique, se présentent comme des dispensateurs de ce qui est vrai et faux, du bien et du mal. Même la loi interdit, aujourd’hui, des convictions pourtant légitimes, sur les sujets sociétaux notamment. La phobie est devenue un délit dès lors qu’on la pose en suffixe à quelque minorité que ce soit.
Plus avant, ce sont les réseaux sociaux et les chaînes de télévision qui censurent les paroles dissidentes. La fermeture de la page Facebook des Identitaires ou, plus récemment, les modérations de Twitter sur le compte du président des États-Unis sont des preuves indiscutables du pouvoir pris par ces entreprises privées sur la pensée et l’expression des citoyens.
Il n’y a aucune raison objective de croire davantage aux médias officiels qu’aux médias alternatifs ou dissidents. Il n’y a aucune raison objective de croire davantage aux gouvernants qu’aux opposants.
Dans une tribune consacrée au film Hold-up, Slobodan Despot s’interroge en ces termes : « Par contraste, Hold-up révèle la pauvreté et le huis clos du débat de grand public. Comment se fait-il qu’à la place de ces gens qui pensent, qui cherchent et qui s’interrogent, pratiquement tout le temps d’antenne soit occupé par de péremptoires semeurs de panique, souvent criblés de conflits d’intérêts, et qui ne font que légitimer sans preuve ni discussion les décisions les plus extrêmes des autorités ? Sommes-nous soudain tombés en Union soviétique, pour que le vrai débat social, philosophique et scientifique doive se faire malgré le système et non plus en son sein ? » Je partage cette interrogation.
Alexandre Soljenitsyne le disait à Philippe de Villiers : « Les dissidents sont à l’Est, ils vont passer à l’Ouest. » Le monde orwellien de 1984 trouve des échos quotidiens dans notre époque postmoderne.
Eugénie Bastié explique cette illisibilité par le relativisme. « La gauche intellectuelle n’est pas la dernière responsable dans l’émergence de ce climat de post-vérité. Qui a déconstruit méthodiquement les institutions, sapé la notion d’autorité ? Qui a affirmé que « la vérité » n’existait pas et qu’il n’y avait que des subjectivités ? »
Les médias comme les politiques sont détestés des Français qui ne leur font plus confiance. Leur réponse : l’accusation de complotisme.
Notre tâche sera lourde, qui consiste à renouer la confiance avec les Français. La méthode ? Une vérité simple, non voyeuriste et qui ne se cache pas derrière une prétendue transparence. L’affirmation, aussi, de la liberté d’expression, notamment sur Internet.
Se faire traiter de complotiste ne doit pas nous faire peur. Vous avez dit complotiste ? Je me considère simplement vigilant, et libre.
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