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lundi 30 novembre 2020

Un producteur de musique


Alors que le monde occidental regarde d’un œil distrait les chrétiens du Haut-Karabagh, évincés, martyrisés et dépecés par les musulmans d’Azerbaïdjan aimablement appuyés par les troupes de l’État Islamique en rupture de Syrie, nous nous apprêtons, nous autres franchouilles, à entrer dans une phase plus ludique du confinement à la mords-moi le covid.

On ne peut pas courir, en effet, plusieurs lièvres à la fois, les Arméniens, parlons clair, on s’en fout comme de l’an quarante avant le néolithique; pour nous ce qui compte essentiellement se sont les déclarations des Macron-Castex et les petits bouts de liberté que ces derniers nous lâchent au compte-goutte, un peu comme les morceaux de sucre qu’on refile parcimonieusement à Médor histoire de lui entretenir l’obéissante fidélité. Donc, nous allons pouvoir désormais faire nos courses de Noël et préparer quasi-normalement les fêtes de fin d’année. Certes Papy et Mamy devront-ils manger dans la cuisine, conformément aux directives du Professeur Rémi Salomon, qu’il ne faut pas confondre avec son homonyme décompteur de macchabées à la télé. Ce Salomon-là, Rémi, donc, encore plus ahuri, si c’était possible, que l’autre précité, nous expliquait tranquillement qu’une stricte séparation inter-générationnelle devait présider aux repas de fête des Goyim. Noël, fête a priori chrétienne, ne saurait être prétexte à clusters synonymes d’embouteillages hospitaliers et d’embolie des services de réanimation (ce qui apparaîtrait comme un comble)… pour ce qui est de Hanoukka, en revanche, on peut y aller franco, les cacochymes du Peuple Élu feront table commune avec leurs descendants, l’Eternel en assumera la responsabilité. Face aux protestations indignées des braves incirconcis qui ne manquèrent pas de trouver fort peu catholique cet ostracisme prophylactique anti-vieux, le Salomon en question s’empressa toutefois de s’excuser et l’on n’en parla plus.
Cela dit, nous devrions peut être, quand même, nous désintéresser un peu moins du sort des pauvres Arménoches de là bas. Des types qui se font virer de chez eux à coups de canon par les mahométans de service, ça devrait nous parler, vous savez, c’est probablement ce qui nous pend au nez comme un sifflet de deux sous.

Moi, quand je vois ces pauvres gens contraints de brûler leur bicoque avant de foutre le camp dieu sait où pour échapper à l’avancée des zigomars en question, ça me fait de la peine, mais pas seulement, ça me fout la trouille pour ce qui tombera sur la gueule de nos successeurs. Nous avons complètement perdu le sens des réalités, les signes avant-coureurs de nos prochains gros soucis, nous les ignorons superbement, stupidement plutôt. Pourtant ça saute aux yeux, c’est aveuglant, on en prend plein la vue chaque jour et pourtant, comme disait feu Chirac, « notre maison brûle et nous regardons ailleurs ». Il ne se passe pas un jour sans qu’on n’ait à déplorer des flopées d’atteintes au Droit, ne parlons même pas des actes délictueux, on n’en finirait pas, contentons nous des crimes, ils sont monnaie courante. Les agressions de toute nature, les guets-apens pour flics et pour pompiers, les tirs de mortier sur forces de l’ordre, les incendies volontaires, les viols en réunion, j’en passe, toutes plaisanteries passibles des Assises mais tellement banalisées qu’on n’y prête même plus attention. Il faut dire que le silence des media offre au populo une douce quiétude, certes trompeuse mais bien confortable. Nous crèverons pépères, c’est moi qui vous le dis, dormons tranquilles, Gérald-Moussa Darmanin veille…enfin il veille surtout à ne pas prendre de risques avec la bien-pensance, celui-là, on n’est pas pour rien le stipendiaire de Présipède!
Oui parce que dans l’affaire du tabassage de la rue des Renaudes, il n’a pas attendu les résultats de l’enquête pour condamner de facto les poulets. Intéressante, cette histoire, à y regarder d’un peu près. Vous avez là un sieur Michel Zecler, qualifié « producteur de musique » par le chœur des media… ne vous méprenez pas, attention, on ne parle pas de Mozart, ni de Beethoven, ni même de Gershwin, allez, rien de tout cela, non, lui son truc c’est franchement la zicmu, si vous voyez; pour vous dire, il a une pointure comme le génial Stomy Bugsy dans son catalogue…plaît il? Stomy Bugsy connais pas? Pardon, c’est long comme lacune! (oups, excusez moi, une remontée de contrepèterie). Donc, puisque vous semblez l’ignorer, j’éclaire votre lanterne; ce Bugsy est à la fois le Ravel et le Baudelaire du rap, avec un paquet de cordes à son arc, sinon à sa targui! Il fait à la fois dans le hip-hop, le gangsta-rap, le rap hardore, tout ça, quoi, un pur artiste, un précurseur, un virtuose, faudra le coller au Pathéon, celui-là, on va juste attendre un peu qu’il claque, faut pas confondre vitesse et précipitation! Mais M. Zecler possède aussi une autre pointure, dans son écurie, le dénommé Rohff! Ça ne vous dit rien, Rohff? Mais si, voyons, Rohff, le grand ennemi de Booba!…Bon, je veux bien que votre culture rapeuse frise le zéro absolu, mais souvenez vous donc un peu de la bagarre des rappeurs, à Orly, le jour où deux bandes rivales, celles du charmant duo antagoniste précité, s’étaient mis sur la gueule avec une violence quelque peu excessive, vous savez, ils avaient démoli une douzaine de boutiques et fait des dégâts chiffrables en millions, juste pour vider leur différend, certes parfaitement ésotérique mais clairement compris, sans doute, dans le petit monde clos de la poésie annonée-rythmée pour arriérés mentaux. Voilà donc le genre de « musique » que notre producteur produit… Mais bon, après tout des goûts et des couleurs (mais non, pas des gousses et des enculeurs, m’enfin!) il ne faut point discuter. Le rap c’est de la musique, point final…et après tout la prose de votre serviteur c’est bien de la littérature, non? Ah, non, pas vraiment? Bon, vous avez sans doute raison…Mais la question n’est pas là.
Donc, notre producteur de musique de (pot de) chambre, apparaît depuis deux jours comme l’innocente victime d’une barbarie flicarde, horriblement aggravée par la connotation raciste du passage à tabac qu’il a subi. Bon, c’est vrai puisque les media l’ont décidé, immédiatement suivis en cela par deux membres éminents de l’équipe de France de fouteballe, avec l’appui, dans la foulée, du Ministricule de l’Intérieur et enfin de Présipède soi-même, tout ce joli monde hurlant à sa France qui a mal, à sa Répupu qui a honte et à l’immonde barbarie de quatre salopards qui déshonorent l’uniforme de cette dernière, jetant l’opprobre sur tout un corps dont, pourtant, l’immense majorité des membres montre un dévouement et un sens des responsabilités au dessus de tout éloge. Fermez le ban!
Or, on s’aperçoit en allant un peu plus au fond des choses, que l’innocente victime trimballe un passé judiciaire plus lourd qu’une locomotive à vapeur compound, qu’il a tiré des années de taule pour vol à main armée et association de malfaiteurs et que son interpellation par la volaille n’était sans doute pas aussi gratuite que le Tribunal Médiatique cherche à le laisser supposer. Un type qui se balade en pleine nuit, encapuchonné, chargé d’une grosse sacoche qui pue la beuze à pleins naseaux, n’a probablement rien à voir avec l’image idéalisée du digne producteur de musique qui sue l’honnêteté par tous les pores. Et quand le type en question se met à piquer un sprint effréné à la vue de la patrouille, pour s’engouffrer in-extremis dans sa belle boîte à zicmu du XVIIème (arrondissement veux-je dire), on peine à imaginer qu’il réponde à une envie de pisser aussi subite (de cheval) qu’impérieuse. Après, bien sûr, les images vidéos de l’intérieur de l’usine à rap montrent les poulagas occupés à foutre une branlée homérique à notre producteur de musique, lequel, manifestement, se rebiffe grave. La fin de la récré arrivera avec un lancer de grenade suivi d’un gros panache de fumée. Comme seule explication de ce dernier fait on n’a que les dires des policiers selon lesquels la résistance musclée du camarade Michel et l’arrivée à sa rescousse d’une bande de « jeunes » plus ou moins rappeurs issus du fond de la boutique, mettaient en grand danger leur sécurité.
Cela dit, encore une fois, on ne tiendra aucun compte du rapport des poulets, qu’est-ce qu’on en a à foutre! Ce qui compte ce sont les dires du doux Producteur de musique. Et qu’est-ce qu’il dit, le gentil Producteur en question ? Et bien il dit deux choses: « ils m’ont traité de sale nègre et ils m’ont tabassé ». Voilà. Avec, à l’appui, une chouette photo de sa chetron ensanglantée qui démontre bien, s’il le fallait encore, que la victime de la sauvagerie raciste policière c’est lui et qu’il faudra des sanctions d’une extrême sévérité, ainsi que le promettent les Macron-Darmanin brothers. Le ¨Pouvoir Médiatique a rendu le service qu’il convenait d’en attendre, il appartient maintenant au Pouvoir Judiciaire de prendre le relais et de finir le boulot en collant aux quatre infâmes racistes désonhorateurs de police républicaine, les impitoyables condamnations qu’ils méritent. Pour cela on peut faire confiance aux Juges! Encore les policiers indignes ont-ils du pot qu’on ne fusille plus, sans quoi ils pouvaient s’attendre à se retrouver collés au mur!
Cela dit, hier après-midi, les manifestations contre la loi à la con dite de « sécurité globale », se soldèrent par soixante deux blessés dans les rangs des Forcedelordres dont notamment un pauvre flic dont le lynchage par les braves gendegôches, à coups de bâtons et de tatanes, s’est miraculeusement interrompu avant décès, grâce à l’intervention rapide de ses collègues. Mais ça, voyez vous, ce n’est pas bien méchant. Après tout, n’est-ce pas, manifester est un droit constitutionnel, en tout cas c’est ce qu’on prétend…et puis, taper sur un condé, comme on disait dans le temps, c’est beaucoup moins grave que frapper un inoffensif producteur de musique, surtout s’il est noir! Black lives matter! White lives of cops…on s’en branle!

Bien amicalement à vous et bonne semaine, si vous allez à l’Église ne manquez pas de vous compter, faudra évaluer les mètres cubes et calculer à combien vous pourrez tenir sans risquer les violences policières.

Et merde pour qui ne me lira pas.

NOURATIN.

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