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lundi 15 juin 2020

Qui pour siffler la fin de la récréation et des délires ?



Agnès Buzyn est toujours candidate à la mairie de Paris et Christophe Castaner toujours ministre de l’Intérieur, malgré tout ce que l’on sait de la gestion calamiteuse de leur ministère et malgré la défiance maximale dont ils font l’objet de la part de ceux qui sont en première ligne : soignants et policiers. 

Et plus généralement de tous les Français.

 Mais le grand événement du déconfinement, c’est l’affaire Traoré !
Mais où sommes-nous, dans quel pays, pour que nous en soyons arrivés là ?
Alors que la France a subi et va subir l’une des plus graves crises de l’Histoire contemporaine et que cette crise survient après de longues années de délitement politique et social, c’est la stupeur qui domine.
Les Français semblent apathiques, tétanisés, médusés.
C’est la colère qui devrait être première, pas celle de la dynastie Traoré, bien sûr, mais celle du peuple contre un État qui a été défaillant, contre un pouvoir qui a couru de mensonge en mascarade et qui entend se maintenir, mais aussi contre une opposition incapable de formuler un réquisitoire clair et crédible, de former une équipe de substitution, un programme de rupture mobilisateur et populaire. Que font les LR, durant cette période ?
Ils négocient des alliances aux municipales avec LREM, parti majoritaire aux abois !
Quant au RN, on ne voit toujours pas de dynamique mobilisatrice se dessiner.
Il y a des élections municipales dans deux semaines, mais elles ne seront même pas l’occasion d’une sanction, ou d’une clarification.
Dans une démocratie normale, et dans une telle situation, l’opposition devrait remporter une victoire éclatante.
Or, une très faible participation et le brouillage des enjeux par les alliances feront que les résultats ne seront pas significatifs : des maires-barons de grandes villes reconduits – par défaut -, quelques taches vert-rouge ici ou là, ou RN sur le pourtour méditerranéen.

Mais pas de mouvement de fond.
Il y a là une situation politique inédite : un vide du pouvoir et de l’opposition, un peuple atomisé et sidéré.
Une telle situation de sidération pourrait, en effet, être propice à tous les possibles.
Pas étonnant que cela ait donné des idées à un en quête d’auto-réinvention.
Il est peut-être même l’un des seuls à avoir compris le caractère historique de la situation et les chances qu’elle ouvre, ce qui en dit long sur l’état du monde politique.
Jean-Luc Mélenchon, lui, s’est définitivement positionné sur une ligne Traoré, comme on le voit encore ce samedi.
Mais on apprenait cette semaine qu’Emmanuel Macron aurait envisagé une démission-réélection dans la foulée, à l’anglaise, faisant prendre conscience à chacun du vertigineux vide politique actuel. L’information a été, depuis, démentie.
Néanmoins, l’idée n’a rien de farfelu, pour 2020 comme pour 2022, vu l’état d’émiettement social et politique et de sidération qui résulte de cette crise.
Avec l’idée simple d’une réélection par défaut, soit face à Marine Le Pen dans un remake de 2017, soit face à une candidature type Mélenchon ou Ruffin.
Alors, qui ?
Qui peut faire sortir ce pays et ce peuple de cette sorte d’apathie et de fatalisme ?
Si ne se lève pas une personnalité en phase avec le peuple qui aspire plus ou moins consciemment, plus ou moins fermement, à remettre de l’ordre et à siffler la fin de la récréation et des délires, alors la France est condamnée à connaître, dans les années à venir, des séries de soubresauts dont nous ne vivons que les prémices.
On a dit cette crise du coronavirus « systémique ».
La crise politique qui en découlera – et qui a commencé – le sera tout autant.

Oui, l’heure est propice à tous les possibles.

 Frédéric Sirgant

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