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mercredi 6 mai 2020

Les démocraties sont bien fragiles !






, verbalisations, StopCovid, fichier informatique des malades, vaccination obligatoire, « brigades des anges-gardiens », etc. : les signes de restriction des libertés publiques semblent se multiplier au nom du primat de la santé sur toute autre considération (on peut se demander si les élites en charge du bien public sont aussi soucieuses de la santé publique que de leur propre allégeance à la doxa humanitariste, laquelle sert d’échelle des vertus…).

Un pays dont les citoyens sont susceptibles d’être suivis à la trace par une puce électronique ou sommés de rendre compte, à chaque instant, de leur emploi du temps, au nom du bien public, un tel pays est-il encore une démocratie ?
Les citoyens y sont-ils encore en mesure d’exprimer leurs suffrages lors des consultations électorales ?
Il convient, cependant, de mettre ces mesures en perspective historique.
Elles semblent arrivées deus ex machina ou ex abrupto mais trouvent un début d’explication dans l’état d’impréparation, de désinvolture, de déliquescence presque, du pays face à une catastrophe non envisagée quoique prévisible (et prévue par nombre d’experts et d’oracles).

Pendant de longues décennies, les esprits se sont bercés dans une utopie qui enseignait la fin de l’Histoire, la fin des territoires, la fin des nations, la fin des peuples, la sécurité universelle et la concorde heureuse.
Et il ne manquait pas de tribuns pour en chanter les vertus.
 “Fols, fredons et fardafets”, aurait dit Rabelais.
Les événements prennent leur temps mais ils sonnent toujours le glas des utopies.
La planète est à la fois un paradis terrestre mais aussi un écosystème instable qui invite, en permanence, à rester sur ses gardes. Si vis pacem, para bellum !
Les démocraties cependant prospèrent pendant les années de vaches grasses et s’installent dans une certaine langueur, elles suscitent des vocations, elles se tournent vers les doxas qui plaisent à leurs opinions publiques, lesquelles, flattées (« Apprenez que tout flatteur vit aux dépens de celui qui l’écoute », La Fontaine.
Corollaire : tout flatté engraisse celui qui l’amuse !), sont plus sensibles au souhaitable qu’au probable.
Ainsi chassent-elles ces Cassandre qu’elles estiment être des oiseaux de mauvais augure !

Et lorsque viennent les années de vaches maigres, deviennent-elles la proie de quelque tyran qui œuvre à leur bonheur urbi et orbi.

Roland Goeller

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