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dimanche 19 avril 2020

Déconfinement : pas si facile de sortir du loft !








Finalement, c’est bon, on ne confinera pas les vieux – pardon : les seniors – jusqu’à la Saint-Glinglin

La bonne nouvelle est tombée vendredi soir. Emmanuel Macron ne « souhaite pas de discrimination » des personnes âgées.

Il paraît que Brigitte Macron est souvent de bon conseil.
Il se peut, aussi, que les propos du professeur Jean-François Delfraissy, mercredi, devant les sénateurs, aient agacé le Président.
En effet, ce dernier, membre du fameux Conseil scientifique, ces espèces de mages que le pouvoir consulte depuis le début de la crise sanitaire avant toute décision, a déclaré, comme s’il était ministre : « Pour les personnes d’un certain âge, de 65 ou 70 ans… on continuera le confinement. »
Il est vrai, aussi, que cette mesure semblait bien difficile à appliquer.
D’abord, les vieux, ça vote, c’est même eux qui votent le plus et, diront certains, le mieux.
Et puis, on voyait mal comment rendre la mesure applicable : concrètement, comme on dit.
On aurait continué à exiger l’attestation dérogatoire pour cette catégorie de la population ?
Les forces de l’ordre auraient donc effectué des contrôles au faciès ?
Pardon, Madame, vos papiers. Goujat !
Et puis on mettait un flic devant chaque habitation occupée par un senior pour empêcher ses enfants ou petits-enfants d’entrer ?
La solution eût été, alors, le regroupement « seniorial ».
Monsieur, faites votre valise, vous avez un quart d’heure pour prendre le nécessaire… Bref, vous voyez le tableau.
Cet épisode de ce grand feuilleton, qui rassemble désormais la France entière dans une immense loft story ou de Prison Break, confirme bien, si c’était encore nécessaire, que l’allocution du Président, lundi soir, ne reposait sur aucun plan précis de .

Vendredi, La Croix titrait « Déconfinement : le gouvernement cherche le discours de sa méthode. » En fait, le gouvernement semble chercher la méthode.
Un proche du gouvernement le reconnaît : « Le plan de déconfinement n’est pas encore fait », rapporte La Croix.  
« C’est chaud », avoue un conseiller ministériel, selon 20 Minutes.
 Objectif : pondre un plan concret et précis en deux semaines.
Il est vrai que figer la France, du jour au lendemain, dans une vaste assignation à résidence était à la portée de n’importe quel État disposant d’un Code pénal et de forces de police à tous – ou presque… – les coins de rue.
Bloquer la circulation pour interdire le sur-accident sur la route, c’est assez facile.
La rétablir dans l’ordre et « la bonne humeur », c’est une autre paire de manches.
Les ministres ont reçu pour consignes du premier d’entre eux de faire remonter les questions qui relèvent de leur champ d’action.
Il s’agira d’« élaborer des réponses coordonnées à toutes ces questions », explique Matignon, selon 20 Minutes.
 Un bel exercice en perspective, à n’en point douter, technocratiquement pur, dans la grande tradition française.
Au printemps 1940, il y a quatre-vingts ans tout juste, tout remontait aussi comme ça au généralissime Gamelin, confiné dans son grand quartier général du château de Vincennes.
La suite, on la connaît.
L’avocat et ancien ministre Corinne Lepage semble avoir des doutes sur la réussite de cette brillante manœuvre.
Elle publie, en effet, une tribune dans Le HuffPost titrée « Vu sa gestion absurde du coronavirus, ce n’est pas de l’État que dépendra le succès du déconfinement ».
D’où viendra le succès, selon elle ? De nos collectivités locales.
Au fond, Emmanuel Macron, qui aime tant jouer au chef de guerre, devrait essayer – c’est l’occasion ou jamais ! – d’appliquer les trois principes de la guerre théorisés par le maréchal Foch : la concentration des efforts, l’économie des moyens, la liberté d’action.
Des exemples ? La concentration des efforts ? Les masques ! Car sans masques, quelle sera l’efficacité du déconfinement ?

Pas d’ici la Saint-Glinglin (encore elle) mais pour le 11 mai.
L’économie des moyens ? On a mis sur le pont quasiment toutes nos forces de santé, civiles et militaires.
Tiendront-elles longtemps ainsi ? La liberté d’action ? À nos collectivités territoriales, à nos entreprises.

Georges Michel

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