| 03 mars 2020 | |
Suite à la communication de la Direction
Générale de la Santé d’hier soir, s’est finalement produit ce que les
médecins redoutaient sans trop y croire tellement cela paraissait
relever d’une grande incompétence sinon d’une faute lourde.
Bien que dans le cœur de cible du #Coronavirus, les soignants libéraux devront se passer de masques de protection FFP2.
Non, face à une probable épidémie de virus respiratoire qui s’annonce comme plus contagieuse et possiblement plus mortelle que la grippe saisonnière, les médecins de ville, sans parler des infirmières, ni des dentistes, ne recevront pas la seule protection à même de garantir un niveau de protection adapté pour des professionnels de premier recours.
Et ce en dépit de toutes les recommandations qui prévalaient jusque-là.
Non, cette fois-ci, ils devront se contenter de masques chirurgicaux de type FFP1 et on ne parle toujours pas de lunettes, de surblouses jetables et de kits de protection complets incluant solutions hydro-alcooliques à l’instar de ce qui a été mis en œuvre en chine pour le Coronavirus ou en France lors de H1N1.
De nouvelles recommandations officielles pour les médecins libéraux
Pragmatique, la DGS a mis en ligne de nouvelles recommandations pour les médecins libéraux qui recevraient un patient avec toux et/ou fièvre : se laver les mains et porter un voire deux masques chirurgicaux de type FFP1 identiques à celui du patient.
Pourtant les recommandations du HCSP sont claires.
« En cas d’agent respiratoire hautement pathogène, le port d’un APR de type FFP2 chez les soignants doit être envisagé pour toute situation exposant à un risque de transmission aérienne de l’agent, notamment à l’occasion d’un acte impliquant un contact direct avec un cas suspect ou confirmé et/ou en cas d’entrée dans une pièce où se trouve un cas suspect ou confirmé potentiellement contagieux et ce quel que soit le mode d’exercice (hospitalier ou libéral) et le lieu d’exercice (hôpitaux, cliniques, Ehpad, établissements pour handicapés, cabinets médicaux…). »
La faillite de Santé Publique France et de la Réserve Sanitaire
Il y a dix ans, tous les généralistes avaient reçu un masque FFP2 contre H1N1.
Si contre le coronavirus ils doivent se contenter de FFP1, cela signifie concrètement que l’État a failli dans la gestion des stocks de masques FFP2.
Suite à la fusion des agences de santé dans Santé Publique France, ce n’est plus l’EPRUS qui gère les stocks de masques chirurgicaux, mais « la réserve sanitaire » dirigée par une vielle connaissance des médecins libéraux, la pharmacienne Catherine Lemorton.
Ancienne députée socialiste de Toulouse et surtout ancienne présidente de la commission des Affaires sociales de l’Assemblée, c’est le 1er mars 2019 qu’elle a pris la direction de la réserve sanitaire désormais chapeautée par Santé Publique France.
Ce changement institutionnel serait-il à l’origine de manquements en ce qui concerne la gestion des stocks de FFP2 ?
Si rien ne permet de le confirmer, on est en droit de se poser des questions.
Car en 2009 un rapport du Sénat a permis d’évaluer les stocks de FFP2 : le 11 février 2009 : 723 millions.
Le 6 mai 2009 : 579 millions, dont 463 millions relevant du stock stratégique, 116 millions relevant du stock des établissements de santé, et 228 millions périmés.
Le 13 juillet 2009, l’État évaluait ses besoins ainsi :
« 537 000 000 masques FFP2 (334 000 000 masques pour l’administration centrale ; 203.000.000 masques relevant des établissements de santé). 110 000 000 de masques restant à livrer. 295.000.000 masques périmés ».
Si en 2009, l’État disposait de plusieurs centaines de millions de maques FFP2, comment ne peut-il pas être en mesure d’en mobiliser ne serait-ce que quelques millions pour assurer la protection de tous les soignants libéraux sauf à avoir complètement négligé la gestion de ses stocks.
Et justement en la matière le HCSP recommande, pour déterminer un dimensionnement des stocks, de tenir compte des paramètres suivants :
- la reconstitution régulière d’une partie du stock et ce compte tenu des durées de péremption de ces masques ;
- le recensement des tailles de populations cibles et des volumes d’utilisation journaliers ;
- la durée de mise en place des mesures de prévention par les masques ;
- les capacités de fabrication et d’approvisionnement pendant une crise ;
- l’observance aux mesures de prévention par les masques
Rupture de stock
Cette probable défaillance de l'État aurait pu passer inaperçue si les circuits de distribution traditionnels étaient à même répondre à la demande.
Or ce n'est clairement pas le cas à ce jour.
Si lundi 24 février, le ministre de la Santé affirmait lors de sa conférence de presse « Il n’y a donc aucun problème d’accès à ces masques pour toutes celles et ceux qui en ont besoin ».
Il aurait tenu des propos d’une tout autre nature au président de MG France, Jacques Battistoni qui se confie à Libération.
« Il n’y a pas de stock de FFP2, Olivier Véran me l’a confirmé lundi. »
Antoine Chonion, directeur du site de vente en ligne d’équipement médical Robé Médical fait part au Figaro de ses propres difficultés d’approvisionnement :
« Depuis un mois, nous sommes submergés : trois à quatre mois de stocks, soit 400 000 masques, sont partis en une demi-journée. On espère être livré la semaine prochaine. Mais pour l’instant on ne prend plus de commandes. »
Tous les stocks des fabricants auraient déjà été mis à mal par les commandes venant de Chine et la plupart des pays européens sont logés à la même enseigne.
Même les solutions de gels hydroalcooliques ne sont plus disponibles en Pharmacie.
Sans gel ni masques de protection, les cabinets de consultation pourraient rapidement devenir un lieu à haut risque si l’épidémie venait à se confirmer.
Ce qui avec 191 cas confirmés, dont 61 pour la seule journée de lundi, parait de plus en plus probable.
Pour autant la livraison des masques chirurgicaux s’organise et chaque professionnel de santé libéral pourra dans le courant de la semaine retirer dans une pharmacie son premier lot de 50 masques antiprojection FFP1, sur présentation de sa carte professionnelle.
10 millions de masques auraient ainsi été libérés.
Les syndicats furieux
« Cela fait des jours que nous réclamons des masques FFP2, affirme le Dr Jean-Paul Ortiz, président de la CSMF au site legeneraliste. Si l’on est confronté à une grande épidémie et si seuls sont hospitalisés les cas les plus graves et les patients les plus fragiles, il faudra que tous les soignants soient protégés. »
« L’absence de protections (masques, lunettes, blouses) est un message désastreux envoyé à la médecine de premier recours. Être sans moyens énerve l’ensemble des médecins généralistes ». Jean-Paul Hamon, président de la FMF pour le Monde.
2 FFP1 : une protection sans fondements scientifiques, selon le Dr Marty
Lors de son point presse, le Pr Salomon a expliqué que dans le cadre de la médecine de ville « qui ne devrait traiter que les cas les plus légers », l’usage d’un masque chirurgical par le patient et par le professionnel de santé offrirait une protection suffisante.
Pour le Dr Marty qui s’interroge sur les bases scientifiques d’un tel raisonnement, « on frôle la sortie de route ». « D’un côté des personnels pompiers ou Samu habillés de la tête aux pieds et de l’autre un masque chirurgical pour les soignants libéraux »
https://www.facebook.com/jerome.marty.1674/videos/10158437184062446/
caducee.net
A combien les Chinois ont-ils acheté les masques à nos entreprises et à combien les revendent-ils à l'état Français aujourd'hui ?
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