Suite à l’échec des négociations OPEC/Russie de vendredi dernier sur le volume des productions de pétrole, on ne parle, dans la presse, que d’une « guerre commerciale » entre la Russie et l’Arabie saoudite.
L’Arabie saoudite a annoncé, dimanche, des « discounts » massifs, 20 à 25 %, sur ses prix de vente export pour le mois d’avril.
Les cours de marché, ce matin lundi, tournent autour de 30 à 35 dollars le baril selon les qualités, dans un contexte déprimé par la chute de la demande asiatique à cause du coronavirus.
S’il y a guerre, la première victime ne sera pas l’un des deux belligérants, mais les États-Unis.
Le coût moyen d’extraction (seuil de rentabilité) du pétrole de schiste américain est d’environ 57 dollars et varie selon les gisements.
L’industrie du pétrole de schiste est hyper-endettée.
Les dépôts de bilan se multiplient depuis 2018.
Les obligations émises par les sociétés sont toutes classées en junk bonds (obligations pourries).
Le coup est très rude pour Donald Trump qui, de Davos au discours sur l’état de l’Union, se vante de l’indépendance énergétique des États-Unis.
Une faillite à grande échelle de cette industrie, notamment au Texas, État pétrolier traditionnellement républicain, représenterait un risque électoral majeur.
Cela viendrait s’ajouter à la gestion cavalière et négligente, par la Maison-Blanche, du risque que la « grippette asiatique » représente pour l’économie américaine.
Le tout sur fond de « massacre à la tronçonneuse » à Wall Streets.
Or, la bonne tenue du Dow Jones conditionne le maintien du niveau de vie de dizaines de millions d’Américains retraités.
Sur ces trois sujets très problématiques, Trump joue sa réélection.
Quelles mesures diplomatiques Trump va-t-il prendre pour « ramener à la raison » son allié historique saoudien, théoriquement lié par le pacte du pétrodollar (1974-1981) ?
Ou bien, quel coup tordu au niveau politique (renversement de Mohammed ben Salmane) ?
Cela va-t-il amener une nouvelle tentative de déstabilisation politique du Venezuela, dont les coûts d’extraction sont faibles ?
Quels sont, aujourd’hui, les moyens de pression dont dispose Trump sur une Angela Merkel très affaiblie pour dissuader l’Allemagne d’acheter son pétrole et son gaz à la Russie, à bas prix, alors que l’Allemagne est entrée dans une récession qui menace d’être durable ?
Par ailleurs, y a-t-il vraiment une « guerre » entre l’Arabie saoudite et la Russie ?
Je ne parle pas d’une entente secrète (pas de complotisme, SVP), mais ces deux acteurs majeurs ont quand même un intérêt objectif commun à faire tomber un concurrent, et l’occasion (chute de la demande en Asie) est rêvée pour mettre en faillite l’industrie du pétrole de schiste.
Lionel Rondouin
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire
Ici, les commentaires sont libres.
Libres ne veut pas dire insultants, injurieux, diffamatoires.
À chacun de s’appliquer cette règle qui fera la richesse et l’intérêt de nos débats.
Les commentaires injurieux seront supprimés par le modérateur.
Merci d’avance.