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lundi 6 janvier 2020

Céline Pina: «Lorsque l’on tue au nom d’Allah, l’excuse du déséquilibre mental ne tient pas!»

 

CHRISTOPHE ARCHAMBAULT/AFP
 
FIGAROVOX/TRIBUNE - Vendredi, à Villejuif, la France a été frappée une nouvelle fois par le terrorisme islamiste tandis que le meurtrier a d’abord été présenté comme «déséquilibré». Pour Céline Pina, ce manque de courage et cet aveuglement des autorités doivent cesser.
Par Céline Pina


Ancienne élue locale, Céline Pina est essayiste et militante. Elle est la fondatrice de «Viv(r)e la République», elle a également publié Silence coupable (Kero, 2016).


Le mode opératoire: assassinat au couteau aux cris d’Allah Akbar ; le port de la djellaba ; le jour choisi, un vendredi; la conversion à l’islam et le Coran retrouvé dans ses affaires.

Tout indiquait dès les premières constatations que l’on était bien en face d’un individu qui avait décidé de se soumettre aux mots d’ordre de l’État islamique, incitant chacun à son niveau à prendre les armes contre les juifs et les mécréants.

C’est confirmé depuis que la procureure a parlé à la fois de la détermination du meurtrier mais aussi d’une réelle cohérence dans ses revendications et ses références puisque le criminel a épargné un passant qui était capable de citer une prière musulmane.
Cela dit, dès l’annonce, tout le monde avait compris ce qui s’était passé à Villejuif.
 

La maladie mentale n’explique pas le choix de se placer sous l’égide de l’islam pour justifier ses crimes.

Pourquoi? Parce que le scénario est toujours le même et que seul notre gouvernement paraît incapable de le reconnaître: l’assassin monte sa petite entreprise de meurtre au couteau, le fait au nom d’Allah comme le recommandait en son temps l’État islamique et nos autorités s’empressent de nier les faits pour mettre la poussière de la violence inspirée et magnifiée par les islamistes sous le tapis du «déséquilibre».
Mais la maladie mentale n’explique pas le choix de se placer sous l’égide de l’islam pour justifier ses crimes en l’occurrence.
Ni la récurrence de cette référence chez tous ceux qui sont qualifiés de déséquilibrés.
À ce titre, le tweet d’Emmanuel Macron suite à ce drame est exemplaire de l’aveuglement volontaire de nos représentants élus.
Il est le premier d’entre eux, il donne le ton de l’absence de courage: le tweet ne nomme pas ce qui nous tue et ignore l’idéologie qui relie entre eux les assassins de Charlie, les terroristes du Bataclan et le tueur de Villejuif.
Il semble de plus en plus que face à l’agression de leur peuple, conséquence directe de la propagande islamiste sur notre sol, nos autorités n’ont rien de plus pressé que de nier et dénier ce lien.
Les victimes les indiffèrent, c’est le coupable qu’il faut protéger et empêcher que le lien soit fait avec les salafistes ou les Frères musulmans.
Le déséquilibre mental devient alors la martingale absolue qui interdit de se demander pourquoi tous ces déséquilibrés tuent au même cri «Allah Akbar» et nom au nom de Bouddha, du Christ ou de Yahvé.
Or si les personnes fragiles psychologiquement tuent au nom d’Allah même si elles n’appartiennent pas toutes à la culture musulmane, c’est parce que la propagande à l’œuvre sur notre territoire crée des phénomènes de décompensation, de passage à l’acte.
Cela signifie quelque chose que de revendiquer de tuer au nom d’Allah.
Ce n’est pas un hasard, ni une coïncidence.
Cela parle d’un imaginaire de haine et de violence qui est valorisé dans certains territoires, qui est présenté comme une forme d’accomplissement.
Le meurtre devient un geste sacré qui élève.
L’idéologie donne un sens eschatologique au meurtre et à la destruction.
Sur les esprits faibles, la force de ce type de représentation est une bombe à retardement.
 
L’impact de la propagande sur les malades mentaux témoigne d’une telle emprise de la représentation du monde des islamistes dans nos sociétés.

La première chose qui étonne donc, c’est que brandir la carte du déséquilibre mental ne résout rien. Surtout dans un pays où les malades mentaux sont de plus en plus laissés en liberté et où la psychiatrie est sinistrée.
Au contraire, l’impact de la propagande sur les malades mentaux témoigne d’une telle emprise de la représentation du monde des islamistes dans nos sociétés que cela se répand en dehors du cadre communautariste.
Les meilleurs signaux sont justement cette force d’attraction exercée sur les esprits les plus faibles.

 C’est de cela dont nous parle aussi le dernier attentat qui a eu lieu dimanche 5 janvier à Metz.
 
Se réfugier derrière l’excuse du «déséquilibre» témoigne aussi du refus de regarder en face le réel. Nos politiques croient-ils vraiment que la chair à canon de toutes les guerres se caractérise par son équilibre mental?
Pensent-ils sérieusement que quand l’État islamique demande que l’on tue dans les écoles, dans les crèches, que l’on s’en prenne à ses voisins, à son entourage, il cible des gens sains d’esprit?
Nos dirigeants savent pertinemment que pour qu’une entreprise de déstabilisation politique et de terrorisme fonctionne, il faut que les dirigeants, eux, sachent où ils veulent aller et soient habités par la conscience de leurs objectifs politico-religieux, la masse, elle doit juste être fanatisée et sous emprise pour exécuter ce qu’elle n’a pas à penser, d’autres le font pour elle.
Les concepteurs des attentats ou ceux qui incitent au meurtre de proximité savent parfaitement ce qu’ils font et sur qui ils comptent pour répandre la terreur.
Ils savent qui ils ciblent et pourquoi et ce ne sont pas les esprits les plus affûtés que leur propagande vise.
Et cela marche: Villejuif et Metz nous l’ont encore prouvé.
 
Ils sont de parfaits autoentrepreneurs du meurtre et de la terreur.
Et quoi de plus effrayant que cette emprise sur ces personnalités faibles, indétectables mais susceptibles de tuer le moindre d’entre nous?
Ces déséquilibrés auront sans doute du mal lors des interrogatoires à tenir le discours de personnalités radicalisées en conscience comme ont pu l’être ceux des partisans d’Al-Qaïda.
Ils sont incapables de fomenter des attentats de masse nécessitant complicités et coordination, mais ils sont de parfaits petits auto-entrepreneurs du meurtre et de la terreur.
Et nos autorités, qui devraient les traiter pour ce qu’ils sont, des supplétifs des terroristes, se décrédibilisent à ne pas dire la vérité des faits, à dissimuler ce qui saute aux yeux de tous: s’il y a un point commun à tout ce sang qui ne cesse de ruisseler depuis 2012 et l’affaire Merah, c’est l’implantation des islamistes sur notre sol, leur réseau de mosquées, leur propagande par les livres, les antennes paraboliques, leurs discours et leurs représentations qui imprègnent certains quartiers et territoires, leurs manifestations de force, jamais empêchées.
Pire même, la construction de l’Islam dit de France est un formidable cadeau fait aux Frères musulmans par la volonté personnelle d’Emmanuel Macron.

Le pire, c’est qu’à force de ne pas agir et de fermer les yeux, certains individus dans les quartiers gangrenés par l’islamisme finissent par protéger ouvertement les radicalisés.
On le constate à Metz où un certain nombre de jeunes et d’habitants, enivrés par leur toute-puissance, la haine du policier et le sentiment de victimisation, s’en prennent aux forces de loi et les traitent d’assassins, alors que ces derniers n’ont fait que leur travail.
Peut-être parce qu’ils pensent que les radicalisés font le tri dans les victimes et que le tueur de proximité veillant soigneusement à ne pas tuer les musulmans, quand celui de masse ne fait pas dans le détail, il mérite la protection du groupe.
L’aveuglement ne protège donc de rien et attise la violence communautaire comme l’influence de l’islamisme à l’intérieur de la communauté musulmane.
Alors pourquoi un tel aveuglement de ce pouvoir qui finit par confiner à de la complicité?
La question devient lancinante, plus les cadavres s’empilent.
Par peur de la guerre civile?
Parce que dès aujourd’hui le pouvoir n’est pas sûr de pouvoir contrôler certains territoires s’il se décide à s’attaquer à l’islamisme sur notre sol?
Parce que l’argent des Qataris et de l’Arabie saoudite ferme les yeux et les bouches?
Parce que nos élites pensent inconsciemment qu’elles sont protégées des violences communautaires, que c’est nous qui payons et payerons le prix du sang et qu’elles ne sont que modérément concernées par notre sort?
Parce que pour assurer leur pouvoir, certains édiles ne connaissent plus que le clientélisme et sont trop enfoncés dans les tractations avec les islamistes pour reculer alors que les Municipales se profilent?
Malheureusement aujourd’hui toutes ces questions sont légitimes et détruisent, autant que le mépris de classe du gouvernement, la confiance qui devrait exister entre un peuple et ses représentants.
 
L’auto-entrepreneuriat du terrorisme fonctionne très bien ainsi et tue à bas bruit pendant que les politiques se rassurent à coup de «déséquilibrés» et autres fumeurs de joints pour continuer à refuser de voir la progression des représentations et des mots d’ordre des islamistes dans certaines communautés et certains territoires.
Ils contribuent ainsi à construire et rendre inéluctable ce qu’ils disent vouloir éviter.
Autrement dit, à refuser de combattre la propagande islamiste, celle-ci ne peut que s’étendre et continuer à susciter ces passages à l’acte en bas de chez nous ; à refuser de voir que les représentations des salafistes et des frères musulmans sont devenues une référence dans certaines banlieues et bien au-delà, que ces discours commencent à trouver leur place à l’université via les études dites décoloniales, que des personnalités médiatiques se font le relais du discours sur l’islamophobie, tel que voulu et porté par les Frères musulmans, on encourage l’influence de ces discours sur nos institutions.
Résultat: l’école peine à faire respecter la laïcité ; la justice se fait instrumentaliser via le «jihad judiciaire» ; le monde de l’université et de la culture tend à devenir le promoteur d’un nouveau racisme rebaptisé racialisme ; la légitimité de la police est attaquée en reprenant le discours des associations de quartiers qui sèment à la fois la haine du blanc et du flic.
 
Les Français voient bien que la situation n’est pas sous contrôle et que le déni du pouvoir les expose de plus en plus.
De tels faits participent du délitement d’un pays, de la rupture de la confiance entre le peuple et ses dirigeants, de l’altération du lien social et de l’incapacité collective à faire face à la violence terroriste.
En ayant finalement choisi d’assumer la dimension terroriste de l’attentat de Villejuif, le Parquet a fait œuvre utile au-delà de son périmètre de compétence.
Il a joué le rôle que l’on attend d’une institution et celui que l’on aimerait voir exercer par nos politiques.
À voir à Metz les tensions et l’esprit de vengeance que génèrent dans les quartiers sous influence islamiste l’intervention des policiers et la neutralisation de l’homme armé d’un couteau qui voulait s’en prendre à eux aux cris d’Allah Akbar, on mesure à quel point il est urgent que ce pouvoir se réveille et arrête de jouer: les Français voient bien que la situation n’est pas sous contrôle et que le déni du pouvoir les expose de plus en plus.

lefigaro.fr/vox

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