En pleine contestation de la réforme des retraites, certains membres du gouvernement n’ont pas leur pareil pour susciter la polémique.
C’est ainsi qu’Élisabeth Borne, ministre de la Transition écologique et solidaire, s’est envolée pour Marrakech passer les vacances de Noël en famille, selon Le Parisien. Inconscience ou insolence ? Peut-être les deux à la fois.
Pourtant, Emmanuel Macron avait déclaré qu’il n’y aurait « pas de trêve » pour les fêtes de fin d’année.
Lui-même, pour montrer l’exemple, est parti se reposer avec son épouse au fort de Brégançon. Dans un tête-à-tête romantique, pour se ressourcer ?
L’Élysée a fait savoir qu’on lui avait aménagé un bureau personnel où il pouvait continuer de travailler.
Et puis Brégançon, c’est tout près de Paris, tandis que Marrakech, au Maroc, a un parfum exotique.
Le cabinet d’Élisabeth Borne a cru bon d’expliquer qu’elle ne partait que « pour quelques jours », sur une ligne régulière, « intégralement à ses frais bien évidemment ».
Pourquoi le préciser si c’est si évident ?
Dans l’intervalle, elle reste « en contact permanent » avec Jean-Baptiste Djebbari, secrétaire d’État en charge des Transports, apparemment le larbin de service.
« Il n’y a pas de règle kilométrique ou d’interdiction de sortie du territoire pour les ministres », a ajouté le cabinet, assurant que Matignon était au courant et que, de toutes façons, Élisabeth Borne est « totalement joignable et mobilisable ».
Loin de nous l’idée de dénier à notre Président ou à ses ministres le droit de prendre quelques jours de vacances, comme tous les Français.
Mais il est des circonstances où c’est plutôt malvenu.
Alors que beaucoup de citoyens ordinaires ont les plus grandes difficultés à se déplacer pour ces fêtes de Noël, compte tenu des grèves de transport, nos dirigeants leur montrent que la France est loin d’être paralysée.
Si les TGV ou les Intercités ne marchent pas, prenez l’avion, semblent-ils leur conseiller.
Il paraît, nous dit-on, que les négociations se poursuivent pendant ces vacances.
Si discrètement qu’on se demande si elles ne sont pas une invention.
Au demeurant, Édouard Philippe n’a-t-il pas donné rendez-vous aux organisations syndicales le 7 janvier, à quinze jours de la présentation en Conseil des ministres du projet de loi ?
Tout se passe comme si le gouvernement, loin de vouloir sortir du conflit, mettait en œuvre une stratégie de pourrissement, présumant que l’opinion publique finira par se lasser des grèves à répétition et le soutiendra dans sa réforme.
En attendant que ça pourrisse, vive les vacances !
Mais il n’est pas sûr que les Français tombent dans le piège si peu subtil qui leur est tendu.
Bien au contraire !
Ils risquent fort de se rendre encore plus compte qu’on les prend pour des marionnettes, manipulables à loisir : cette réforme des retraites ne doit pas être si bonne que cela pour qu’on utilise les moyens les plus contestables pour tenter de la faire passer !
Ils se fichent bien que tel ou tel ministre se paye des vacances à Marrakech : ils sont prêts à leur offrir à tous, dès que s’en présentera l’occasion, de longues vacances… définitives !
Philippe Kerlouan
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