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mardi 22 octobre 2019

« Si je vous dérange je vous invite à quittér (sic) mon pays »… et personne ne réagit ?

 
 



La photo a fait grand bruit sur les réseaux sociaux, mais n’a été relayée, pour le moment, à ma connaissance, par aucun grand média.

Elle a été prise lors de la manifestation de soutien à la désormais célèbre « mère voilée », place de la République, à l’initiative du Collectif de défense des jeunes du Mantois, qui rassemblait plusieurs centaines de personnes au cri de « Racisme d’État ! À bas l’islamophobie », avec la présence notoire de Clémentine Autain, Danièle Obono et Esther Benbassa.

En découvrant ce cliché sur le compte Twitter de Reseau1905, j’ai cru d’abord à un fake.
C’était tellement gros.
Ce ne pouvait être qu’un montage grossier, n’est-ce pas ?
Puis, sur une autre photo et sous un autre plan, j’ai vu la même pancarte, avec la même inscription atterrante, brandie par la même femme.
Elle apparaît encore furtivement sur le reportage du Huffington Post.
Entre le premier cliché et les suivants, une terminaison malheureuse a été hâtivement corrigée, même s’il en reste un stigmate : « Française musulmane et voilée. Si je vous dérange je vous invite à quittér (sic) mon pays. »
On a donc fait obligeamment remarquer à la femme souriante aux bras levés sous son hijab violet que son inscription offensait la grammaire, mais personne, apparemment, n’a pensé à lui dire – n’a pensé tout court, d’ailleurs, sans doute – que l’inscription offensait surtout ceux auxquels elle s’adressait : ces Français qui, parce qu’ils sont « dérangés » par le voile islamique – c’est à dire « gênés », faites attention à ne pas avoir le regard fuyant, l’air emprunté, les genoux en dedans ou à vous ronger les ongles en présence d’une de ces dames, vous pourriez éveiller les soupçons ! -, devraient partir de ce pays qu’elle appelle le sien et non le leur ou le nôtre, pour une destination que l’on aimerait bien qu’elle précise, car à vrai dire, ces « dérangés » n’ont de patrie que la France.
Qu’ils s’estiment heureux, toutefois, la demande n’a – encore – rien d’obligatoire : on les « invite », c’est à dire qu’on les prie, « en usant de la persuasion et de la douceur », dixit le Larousse.
C’est drôlement gentil et généreux.
C’est sans doute pour cela que le collectif à l’origine de cette manif parle de « rassemblement fraternel ».
Bien sûr, ce n’était qu’une pancarte parmi d’autres.
Mais on sait bien qu’il est d’usage, dans les manifestations – surtout lorsqu’il n’y a pas foule et que l’on peut donc maîtriser ce qui est déployé -, de demander poliment aux porteurs de slogans inappropriés, choquants ou loufoques, bref, en inadéquation avec le message des organisateurs, de remballer leur matériel ou de quitter les rangs.
Rien de cela n’a été fait.
On doit donc en conclure qu’en dehors de la faute d’orthographe, cette phrase n’a « dérangé » justement personne, pas même les députés présents.
Samedi, un grand calicot avec sous-titre en arabe annonçait déjà la prochaine manifestation : « Pour l’amour de nos enfants, marche des mamans, pour la justice et la dignité, le 8 décembre 2019 à Paris. »

Cela tombe bien, moi aussi je suis une « maman », et je le dis solennellement, avec « justice », « dignité » et « pour l’amour de mes enfants » : personne, pour quelque motif que ce soit, ne les « invitera » à prendre leur valise.

Non, ils ne deviendront jamais, ni aujourd’hui ni demain, pieds-noirs dans leur propre pays.

Qu’on se le tienne pour dit !

Gabrielle Cluzel

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