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vendredi 11 octobre 2019

De quoi ce «je ne comprends pas » est-il le nom ?


 
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Interrogé hier au sujet du camouflet infligé par les parlementaires européens opposés à la nomination de Sylvie Goulard à la Commission, claque visant en réalité Emmanuel Macron, celui-ci a déclaré, dissimulant mal sa colère : «je ne comprends pas, j’ai besoin de comprendre».

On peut, dans un premier temps, rire de l’aspect éminemment comique de cette déclaration, chacun jusqu’au plus simple des gueux «pas assez intelligents» (poke Gilles Le Gendre) que nous sommes, pauvres hères, étant probablement en mesure de fournir au président visiblement peu informé les explications de bon sens qui semblent lui faire défaut.

Ce «je ne comprends pas» est aussi l’exclamation d’un pouvoir qui depuis des mois n’a plus trouvé la moindre opposition à son désir hubrique de toute puissance, et qui soudain redécouvre la résistance, la vraie, celle qu’on ne peut pas piétiner ni éborgner.
Redécouvrir aussi, et ce n’est pas le moindre des paradoxes ni des surprises de la part de cette grosse institution molle qu’est l’UE dont Macron s’était tant fait le chantre, qu’un Parlement, comme son nom l’indique, c’est fait pour parlementer, et que le but et le fondement en est l’expression libre ainsi que la liberté de conscience et de choix.
C’est nouveau comme truc, ça s’appelle la démocratie, ça a l’air pas mal, on devrait essayer chez nous.

Comprendre qu’un Parlement n’est pas une chambre d’enregistrement dirigée par un mis en examen douteux recomptant à peine les voix lorsqu’on le lui demande et qui de toute façon s’en moque puisque ce sont les desiderata de l’exécutif qui toujours seront adoptés, au besoin par la force.
Comprendre enfin que les petites magouilles entre amis européens et les petits arrangements ne suffisent plus tant la popularité et l’image du chef de l’État français sont entachées.
Comprendre que même ses plus zélés soutiens européens prennent leurs distances désormais afin que l’individu ne vienne pas d’aventure leur porter la poisse : c’est que, Sire, les peuples grondent.
Après l’atterrissage complètement foireux de Nathalie Loiseau, la fessée de Goulard : il n’y a guère que le président à ne pas comprendre.
Comprendre enfin qu’à un moment, la probité des interlocuteurs et représentants des États doit être sinon exemplaire du moins la plus éloignée possible du cynisme affiché et assumé sans vergogne par cet exécutif depuis des mois.

Comprendre que l’ère du recasage européen de bras cassés avec des batteries de casseroles attachées à l’arrière train, c’est peut-être l’ancien monde finissant, celui dont le candidat Macron avait fait mine de vouloir se défaire.

Les donneurs d’ordre du cas Macron se carapatent ? À la bonne heure!

 Pour une fois, l’Europe vient de montrer un beau visage démocratique, et ce n’est pas la plus mauvaise nouvelle dans cette affaire.

Oh, regarde, là-haut, un Loiseau !

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