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samedi 7 septembre 2019

Un Libérien soupçonné de crime contre l’humanité libéré à cause d’une erreur de procédure

 
 





 
Kunti K. 44 ans a été remis en liberté jeudi par la chambre de l’instruction de Paris.
 
Il avait été mis en examen l’année dernière pour crime contre l’humanité.  
C'est le colonel d'une guerre africaine, soupçonné de crimes contre l'humanité, qui vient de recouvrer sa liberté, vendredi à la maison d'arrêt de Fresnes (Val-de-Marne), à cause d'une erreur de procédure. Kunti K., a été libéré jeudi par la chambre de l'instruction de la cour d'appel de Paris.
Ce Libérien, de 44 ans, avait été interpellé en septembre 2018 à Bobigny (Seine-Saint-Denis), par les gendarmes de l'Office de lutte contre les crimes contre l'humanité alors qu'il se préparait à prendre la fuite au Portugal.
Il a été mis en examen pour « crimes contre l'humanité, actes de torture et de cannibalisme, utilisation d'enfants soldats et esclavage » sur la base d'un rapport remis à la justice par l'association suisse Civitas Maxima qui représente la voix des victimes des crimes contre l'humanité.
 
« L'avocat du colonel K. a présenté une demande de remise en liberté de son client car le juge d'instruction n'avait pas répondu à sa demande de permis de communiquer avec son client, précise une source proche du dossier. Une telle erreur entraîne automatiquement la libération du mis en examen ».
 
Soupçonné d'avoir réduit en esclavage les gens d'une ethnie différente

Cet ex-commandant de l'ULIMO (united movement of Liberia for démocracy) est soupçonné d'avoir participé à des exactions commises pendant la guerre civile au Liberia, entre 1992 et 1997.
C'était l'un des trois groupes qui s'opposait au sanguinaire Charles Taylor, lui-même condamné à cinquante ans de prison pour crime de guerre dans ce conflit qui a fait, entre 1989 et 1998, 250 000 morts.
Cette guerre avait particulièrement ému la communauté internationale par les atrocités commises sur les populations civiles dans le but de les terroriser.
Après le conflit, Kunti K. a émigré aux Pays-Bas, dont il a obtenu la nationalité.
Puis il a décidé de s'installer en France dans le but d'y faire venir son épouse libérienne.
Il n'avait jamais été inquiété avant la plainte de Civitas Maxima, déposée en juillet 2018 à Paris, se fondant sur la foi d'un témoignage anonyme devant le Tribunal spécial pour la Sierra Leone (TSSL).
 
L'association y rapporte le témoignage d'un villageois ayant vu Kunti K ouvrir le ventre d'un homme à coups de hache dans le but de manger son coeur avec ses hommes.
Toujours selon l'association suisse, le quadragénaire est aussi soupçonné d'avoir réduit des gens d'une ethnie différente de la sienne en esclavage et tué une femme désignée comme étant une sorcière, ce qui pourrait recevoir la qualification de crimes contre l'humanité.
 
Interdiction de quitter la France

Kunti K, qui est aujourd'hui, électricien, confirme qu'il était, lors de la guerre, un tout jeune homme à la tête d'un groupe de combattants.
Mais il nie avoir commis les horreurs dont il est soupçonné.
Depuis un an, de nombreuses auditions et confrontations ont été menées par le juge d'instruction dans cette affaire.
Mais ce dernier est confronté à une double difficulté.
Il instruit des faits qui se sont déroulés il y a plus de 20 ans, dans un contexte de guerre lointaine.
Et même si Kunti K. est soupçonné de crimes de guerre, il n'a peut-être pas participé à une entreprise d'élimination systématique d'un groupe ethnique.
 
L'homme a été placé sous contrôle judiciaire avec une interdiction de quitter la France.
Ses avocats Me Tarek Koraitem et Me Marilyne Secci, contactés ce samedi, n'ont souhaité faire aucun commentaire.

leparisien

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