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samedi 14 septembre 2019

Que sait-on des passeurs et des bateaux qui aident les migrants en Méditerranée?




 
 
 
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Ocean Viking, Open Arms, Lifeline, Alan Kurdi, Mare Jonio, Sea Watch 3... À qui appartiennent ces navires humanitaires? Qui les finance? Où opèrent-ils et où en sont les poursuites judiciaires? Carte à l’appui, Le Figaro fait le point.

Depuis le début de l’été, sur les six principaux navires d’aide aux migrants qui sillonnent la Méditerranée, quatre ont fait l’objet de saisies judiciaires et sont contraints de rester à quai dans divers ports de Sicile.

L’Ocean Viking de l’ONG SOS Mediterrannee et l’Alan Kurdi de l’ONG allemande Sea Eye sont les deux seuls bateaux actuellement libres d’exercer leurs missions de sauvetage.
Ils devraient être bientôt rejoints par l’Open Arms, dont la saisie a été levée par un juge italien.
 
L’Ocean Viking

L’Ocean Viking, le 4 août 2019 au port de Marseille. CLEMENT MAHOUDEAU/AFP

● Quelle ONG?

L’Ocean Viking est un navire affrété (loué) depuis avril 2019 par l’ONG européenne SOS Méditerranée, basée à Marseille.
Ce réseau européen est constitué de quatre associations, une en France, une en Allemagne, une en Italie et une en Suisse.
L’association française Médecins sans frontières assure un partenariat médical et logistique.

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● Quel pavillon?

«SOS Méditerranée a signé un contrat auprès de l’armateur norvégien Hoyland», détaille au Figaro Sophie Beau, cofondatrice et directrice générale de l’ONG.
Le navire bat pavillon norvégien.
Cela signifie que la nationalité de rattachement du bateau est celle de son pavillon, et non de son propriétaire ou locataire.
L’Ocean Viking est donc enregistré auprès des autorités norvégiennes et dépend de la réglementation de ce pays.

Un choix stratégique pour l’ONG: «le pavillon norvégien est très réputé en termes de sécurité et de certification des navires.
Et il dépend ainsi d’un État irréprochable dans la défense des droits maritimes et droits humains», estime Sophie Beau.
«Vu les déboires avec notre précédent navire Aquarius, dont le pavillon nous a été retiré à deux reprises - par Gibraltar puis par le Panama -, confie-t-elle encore, il était important de trouver un navire avec un pavillon qui le mettrait à l’abri des pressions politiques».

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Contraint d’abandonner sa mission en décembre 2018, rendu depuis à son armateur, l’Aquarius était devenu le symbole des tensions entre pays de l’Union européenne face à la crise migratoire.
Entre février 2016 et fin 2018, l’ONG revendique avoir secouru 29.523 personnes à bord de l’Aquarius.

● Quels financements?

Selon le rapport d’activité 2018 de SOS Méditerranée France, 98% des ressources de l’association sont issues de dons privés, principalement des particuliers (59%) mais aussi du mécénat - entreprises, fondations et associations - (39%).
Parmi ces derniers, on peut citer Agnès B., Emmaüs, ou encore la Fondation Abbé Pierre.
Enfin, il existe 2% de subventions publiques issues de collectivités territoriales, dont les régions Nouvelle-Aquitaine, Occitanie, et la mairie de Paris.
Selon l’ONG, l’affrètement de l’Ocean Viking coûte 14.000 euros ar jour.

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● Ses missions les plus récentes

Successeur de l’Aquarius, l’Ocean Viking a effectué une première mission en août dernier en Méditerranée centrale.
Entre le 9 et le 12 août, le navire avait secouru plus de 350 migrants.
Ces derniers avaient dû patienter 14 jours en mer entre Malte et l’île sicilienne de Lampedusa (Italie), dans l’attente de la désignation d’un port où débarquer.
Un accord européen avait finalement été trouvé le 23 août et les migrants avaient été transférés sur des bateaux militaires maltais chargés de les emmener à terre.

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Après sept jours de pause à Marseille et un ravitaillement en carburant, le navire est reparti pour la Méditerranée centrale le 2 septembre pour une nouvelle mission de sauvetage au large des côtes libyennes.
Le 9 septembre, l’Ocean Viking a secouru 50 migrants à 14 milles nautiques des côtes libyennes. Dans la nuit du 9 au 10 septembre, le navire a embarqué 34 migrants supplémentaires, qui venaient d’être secourus par le Josefa, un voilier de 14 mètres appartenant à une petite ONG allemande, la Reqship.
Les autorités maritimes ont proposé le débarquement des migrants en Libye, mais SOS Méditerranée refuse et réclame un «port sûr».
Dans la soirée du mercredi 11 septembre, une Nigériane enceinte de neuf mois a été évacuée de l’Ocean Viking avec son époux, par un hélicoptère de l’armée maltaise, en raison de «sérieuses complications médicales».
Trois jours plus tard, l’Ocean Viking était finalement autorisé à débarquer les 82 migrants sur l’île de Lampedusa.
«L’Ocean Viking vient de recevoir l’instruction de la part du Centre de coordination de sauvetage maritime de Rome de nous diriger vers Lampedusa, en Italie, désigné comme un port sûr pour les 82 rescapés sauvés lors de deux opérations», a expliqué SOS Méditerranée sur son compte Twitter.
Un premier débarquement sans bras-de-fer judiciaire, reflet du récent changement gouvernemental en Italie.

L’Alan Kurdi

L’équipage du navire Alan Kurdi effectue un exercice dans la zone SAR (Search and Rescue, recherche et secours) au large des côtes nord africaines, en Méditerranée centrale, le 29 août 2019.

L’équipage du navire Alan Kurdi effectue un exercice dans la zone SAR (Search and Rescue, recherche et secours) au large des côtes nord africaines, en Méditerranée centrale, le 29 août 2019. DARRIN ZAMMIT LUPI/REUTERS

    
 Quelle ONG et quel pavillon?

Le bateau Alan Kurdi, du nom du petit garçon syrien d’origine kurde mort noyé le 2 septembre 2015 et dont la photographie du corps avait provoqué une vague d’émotion à travers le monde, est affrété par l’ONG allemande Sea Eye, dont le siège est à Ratisbonne.
Construit en 1951, le navire Alan Kurdi a été racheté à l’automne 2018 par Sea Eye à l’entreprise Krebs, et bat pavillon allemand.
L’ONG revendique avoir sauvé 14.621 vies depuis le début de ses missions.

● Quels financements?

L’ONG assure être «entièrement financée par des dons», auxquels elle fait appel sur son site web. Parmi ses sponsors publics, on trouve plusieurs communautés chrétiennes allemandes: l’Église luthérienne évangélique du nord de l’Allemagne, et son évêque de Hambourg Kirsten Fehrs ; l’église évangélique d’Allemagne ; le diocèse catholique allemand de Ratisbonne ; l’Église de Lippe (Église protestante régionale), et une ONG de la communauté protestante mennonite locale.
 Outre ces soutiens, on trouve également... le groupe de rock alternatif allemand Revolverheld. Interrogé par Le Figaro, Simon Pompé, porte-parole de Sea Eye, assure toutefois que l’ONG est «indépendante religieusement et politiquement».

● Quelles missions récentes et quelles poursuites judiciaires?

Le 31 août, l’Alan Kurdi a secouru 13 migrants en Méditerranée centrale affirmant être originaires de Tunisie.
Après s’être fait notifier l’interdiction d’accoster en Italie, le bateau s’est dirigé vers Malte.
Jusqu’au 10 septembre, un véritable bras de fer a opposé le navire humanitaire et les autorités maltaises, qui refusaient à l’Alan Kurdi de débarquer.

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Les conditions de vie des migrants à bord s’étant très dégradées depuis, les migrants ont été débarqués sur Malte au compte-gouttes jusqu’au 10 septembre.


«Le sauvetage a eu lieu dans une zone maritime, où Malte était obligée légalement d’assumer la responsabilité de la coordination pour la répartition à venir des personnes secourues, assure au Figaro Simon Pompé, porte-parole de Sea Eye.
Toutefois, tandis que Malte admettait que l’incident avait eu lieu dans leur zone de responsabilité, ils niaient leur obligation d’assumer leur rôle de coordination».
Sea Eye avait déposé plainte devant une Cour maltaise, suite à quoi les autorités de l’île ont fini par proposer, avec l’appui de la Commission européenne, le débarquement des cinq migrants qui restaient à bord.
Sa mission terminée, l’Alan Kurdi est actuellement en route vers son port d’attache à Borriana en Espagne.

L’Eleonore

Le navire Eleonore, amarré au port de Pozzallo (Sicile), en dépit de l’interdiction des autorités italiennes, le 2 septembre 2019.
Le navire Eleonore, amarré au port de Pozzallo (Sicile), en dépit de l’interdiction des autorités italiennes, le 2 septembre 2019. ANTONIO PARRINELLO/REUTERS

● Quelle ONG et quel pavillon?

Le navire Eleonore est affrété par l’ONG allemande Mission Lifeline, fondée en 2016 et dont le siège est à Dresde. Il bat pavillon allemand.

● Quels financements?

L’ONG est financée exclusivement par des dons. Interrogé par Le Figaro, son cofondateur Axel Steier ne souhaite pas révéler le montant total mais assure qu’il s’agit «du budget le plus petit de toutes les organisations actives de sauvetage» et qu’un premier bilan sera rendu public à la fin de l’année 2019.
«Nous pouvons dire que nous sommes financés à quasi 100% par des dons privés.
Cela inclut des financements de l’Église et 28.000 euros de la German Fundraising Organisation - qui aide l’UNHCR, mais aussi de plus petits projets», détaille-t-il.
«Une infime part de nos revenus provient d’amendes imposées par les juges sur des infractions criminelles», révèle-t-il encore.
Enfin, particularité de l’ONG, il existe aussi des dons en provenance de «sources étatiques» qui ont généré «10.000 euros jusqu’à présent», confie Alex Steier.

● Quelles missions récentes et quelles poursuites judiciaires?

Bateau de pêche long de 20 mètres, construit en 1961 et transformé depuis en navire de sauvetage, l’Eleonore remplace le Lifeline, qui battait pavillon néerlandais, placé sous séquestre en juin 2018 par les autorités maltaises.
L’ONG a fait appel de la décision de justice.
Le capitaine de ce navire, Claus-Peter Reisch, avait été accusé par les autorités maltaises et italiennes d’avoir enfreint les règles en refusant de se plier aux ordres des gardes-côte libyens.
Il a été condamné à une forte amende pour des irrégularités concernant l’immatriculation du bateau, mais a fait appel de la décision.
Il est aussi aux commandes de l’Eleonore.

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Le 26 août, l’Eleonore a secouru en Méditerranée 104 migrants repérés sur un canot, tout en affirmant que son équipage avait été pris à partie par les gardes-côte libyens.
Le 2 septembre, après huit jours en mer dans l’attente d’un port sûr pour accoster, le capitaine du navire a forcé l’interdiction italienne en accostant au port de Pozzalo (Sicile).
Dans la foulée, l’embarcation a été saisie par les autorités du pays et une enquête a été ouverte contre le capitaine pour «soutien à l’immigration illégale».
L’Italie a en outre imposé une amende de 300.000 euros à l’ONG.
Dans un tweet, Claus-Peter Reisch a expliqué avoir été contraint de se diriger vers les côtes italiennes parce que la «situation à bord représentait un danger de mort» en raison d’une mauvaise météo. «Avec nos avocats, nous essayons de récupérer notre bateau et de contester l’amende de 300.000 euros, confie au Figaro Alex Steier, cofondateur de Sea Eye.


● Quels voiliers en soutien?

L’ONG possède également deux voiliers, malicieusement baptisés «Matteo S.» et «Sebastian K.», en référence à l’ancien ministre de l’Intérieur italien Matteo Salvini et à l’ex-chancelier autrichien Sebastian Kurz, deux des ministres ayant constitué ce qu’ils appellent «un axe des volontaires dans la lutte contre l’immigration illégale».
Ces voiliers sont un support pour d’autres ONG, précise Alex Steier, et peuvent accueillir une dizaine de naufragés maximum.
Sea Eye a également l’intention d’«acheter un bateau plus gros», déclare Alex Seiter.
«Nous avons récolté 200.000 euros, il nous manque encore la même somme».

Le Mare Jonio

Le Mare Jonio, de l’ONG Mediterranea Saving Humans, au large de l’île de Lampedusa, le 31 août 2019.
Le Mare Jonio, de l’ONG Mediterranea Saving Humans, au large de l’île de Lampedusa, le 31 août 2019. DARRIN ZAMMIT LUPI/REUTERS
    

● Quelle ONG?

Le Mare Jonio est affrété par l’ONG Mediterranea Saving Humans, qui se présente comme «une plateforme citoyenne» constituée au printemps 2018 pour résister à la politique anti-immigration du gouvernement Ligue-Cinq étoiles, raconte sa porte-parole Alessandra Sciurba au Figaro.
Ce collectif de gauche et d’extrême gauche a vu le jour officiellement le 4 octobre 2018, lors du premier départ en mer du Mare Jonio.
À l’origine, quatre associations italiennes, parfois proches de la gauche antifasciste ou du catholicisme progressiste, ainsi que l’ONG allemande Sea Watch qui organise des sauvetages en mer de migrants.
Le député LeU (gauche) Erasmo Palazzoto et plusieurs autres personnalités de la gauche italienne se sont ensuite joints au collectif.

●  Quel pavillon?

L’embarcation bat pavillon en Italie.
Tout un symbole, explique Alessandra Sciurba: «Nous voulions sortir de la rhétorique de Salvini selon laquelle seuls d’autres pays européens viennent sauver des migrants.
Ce bateau a été voulu par des Italiens!»
Afin d’assurer la poursuite des missions du Mare Jonio, une campagne de crowdfunding a été lancée. Elle a récolté plus d’un million d’euros en moins d’une année, dont «100% des donations privées», selon la porte-parole de Mediterranea.

● Quels financements?

Pour se financer, Mediterranea a contracté un prêt de 465.000 euros auprès de Banca etica, coopérative sociale italienne de finance éthique.
Plusieurs figures de la gauche italienne (LeU, Sinistra italiana) ont signé une garantie à ce prêt, ainsi que Sandro Metz, éducateur auprès de personnes handicapées.

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Une société armatoriale, dont Sandro Metz est le président, a été constituée afin d’acquérir, pour 360.000 euros, le Mare Jonio, navire de 37 mètres de long et 9 mètres de large, construit en 1972. «Le reste du prêt a été utilisé pour financer les travaux de remise en état du navire», détaille Sandro Metz, qui est donc juridiquement l’armateur et le propriétaire du Mare Jonio.
Il revendique déjà «le sauvetage direct de 237 personnes», et indirect (en signalant des naufrages aux autorités italiennes et maltaises) «d’environ 600 personnes», selon Alessandra Sciurba.

● Quelles missions récentes et quelles poursuites judiciaires?

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Le navire a été mis sous séquestre à trois reprises lors d’opérations de sauvetage en mars, en mai, puis début septembre.
Le 28 août dernier, le Mare Jonio avait annoncé avoir secouru 98 personnes.
Le 2 septembre, le bateau forçait l’interdiction italienne en approchant le port de Lampedusa, afin de débarquer les derniers rescapés (femmes et enfants avaient été débarqués entre-temps). L’ONG assure avoir eu toutefois le feu vert des gardes-côte italiens.
Mais «tard dans la nuit, notre capitaine et le propriétaire du bateau ont été notifiés de la saisie administrative du Mare Jonio, ainsi que d’une amende de 300.000 euros pour violation du décret sécurité Bis», déplorait Mediterranea dans un communiqué.

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Pour l’heure, le Mare Jonio est immobilisé dans le port de Licata, en Sicile méridionale. L’ONG a déposé plusieurs recours devant le procureur italien de la République.



● Quel voilier en soutien?

Mediterranea dispose aussi d’un voilier baptisé Alex.
Ce navire de 18 mètres avait lui aussi accosté de force à Lampedusa le 7 juiller dernier, pour débarquer 41 migrants qu’il avait secourus au large de la Libye.
Le voilier a été provisoirement saisi et son capitaine fait l’objet d’une enquête pour aide à l’immigration clandestine.
Il est lui aussi immobilisé à Licata (Sicile).
L’équipage a écopé de 65.000 euros d’amende.

L’Open Arms

Le navire Open Arms, devant la «porte de l’Europe», un monument érigé sur la côte de l’île sicilienne Lampedusa (Italie), le 16 août 2010. Guglielmo Mangiapane/REUTERS
      

● Quelle ONG et quel pavillon?

L’Open Arms est affrété par l’ONG catalane Proactiva Open Arms, fondée en octobre et dont le siège est à Barcelone.
Il bat pavillon en Espagne.

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● Quels financements?

L’ONG est financée à 90% par des dons privés de plus de 51.000 particuliers, et à 10% de dons d’organismes officiels et d’administrations locales.
 Il remplace le Golfo Azzuro, qui a cessé sa mission en août 2017, après de sévères menaces des gardes-côte libyens.
Le navire est issu d’une «donation qui remonte à 2016.
Il s’agissait d’un vieux remorqueur daté de 1974 qui après une refonte complète», aux frais de l’ONG, «a finalement repris la navigation en juillet 2017», précise au Figaro Laura Lanuza, directrice de communication d’Open Arms.

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 Quelles missions récentes et quelles poursuites judiciaires?

Après 19 jours d’attente, le procureur d’Agrigente (Sicile) avait finalement autorisé l’Open Arms à débarquer, le 20 août, les 87 migrants qui étaient à son bord sur l’île de Lampedusa.
Mais le 22 août, le ministre des Transports italien a fait saisir le navire en évoquant «de graves problèmes de sécurité» constatés par les gardes-côte lors d’une vérification technique.

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Le 30 août, un juge d’instruction d’Agrigente a toutefois ordonné «le retour immédiat» de l’embarcation à son propriétaire, à savoir l’ONG.
Le navire est pour l’heure encore immobilisé à Porto Empedocle, près d’Agrigente (Sicile) pour effectuer des «certifications et mises à jour mécaniques», précise Laura Lanuza.
«Dès qu’il sera prêt, il sera de retour en mer», ajoute-t-elle.

Sea Watch 3

Le Sea Watch 3, de pavillon néerlandais, près des côtes maltaises, le 4 janvier 2019, après avoir secouru 32 migrants le 22 décembre 2018. FEDERICO SCOPPA/AFP
       

 Quelle ONG et quel pavillon?

Le Sea Watch 3, long de 55 mètres, est affrété par l’ONG allemande Sea Watch, créée fin 2014, à l’initiative de quatre familles de la région de Berlin.
Le navire bat pavillon néerlandais, principalement «parce qu’il n’y a pas de restriction de taille pour l’enregistrement d’un navire non commercial», affirme sur son site l’ONG.
De décembre 2017 à janvier 2018, le Sea-Watch 3 revendique avoir contribué au sauvetage d’environ 1500 personnes.

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● Quel financement?

Les missions de Sea Watch «sont financées à 100% par des dons de particuliers et de petites entreprises.
L’Église protestante d’Allemagne soutient notre projet de reconnaissance aérienne, l’opération #Moonbird.», peut-on lire sur son site Internet.
Parmi les soutiens de l’ONG, on retrouve plusieurs personnalités de la gauche allemande et de l’Alliance 90/Les Verts (parti écologiste de centre gauche).

● Quelles missions récentes et quelles poursuites judiciaires?

Après une première saisie par la justice italienne en mai dernier, le navire était reparti en mission début juin.
Le 12 juin, il a secouru 53 migrants au large de la Libye.
Les gardes-côte libyens ont alors demandé de ramener les migrants à Tripoli, mais la capitaine a refusé en vertu du droit international de la mer, qui impose de débarquer des naufragés dans «un port sûr».
Un nouveau bras-de-fer s’engage entre l’ONG et l’Italie, qui interdit une nouvelle fois au navire d’entrer dans les eaux territoriales italiennes.

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Le 26 juin, après 14 jours de dérive dans le canal de Sicile, la capitaine allemande du navire Carola Rackete décide d’entrer de force dans le port de Lampedusa pour débarquer les 42 migrants restants (11 personnes vulnérables avaient été débarquées les jours précédents).
Le 29 juin, Carola Rackete est arrêtée.
Trois jours plus tard, une juge invalide l’arrestation, mais le parquet d’Agrigente se pourvoit en cassation contre cette décision.
Libre de ses mouvements, Carola Rackete est toujours visée par deux enquêtes, pour résistance à un officier en pénétrant de force dans les eaux italiennes, et pour aide à l’immigration clandestine.
La collecte de fonds lancée pour payer ses frais de justice et la poursuite des activités de son ONG a recueilli plus de 1,4 million d’euros en moins d’une semaine.
Le Sea Watch 3, quant à lui, est toujours sous séquestre dans le port sicilien de Licata.

lefigaro

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