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mardi 20 août 2019

Yannick Jadot se prend pour Rastignac, à la conquête de Paris !

 
 



Fort de ses résultats aux européennes, Yannick Jadot se sent pousser des ailes et construit des châteaux en Espagne. 

« Nous n’avons jamais été aussi légitimes pour gouverner », estime-t-il dans un entretien accordé au JDD.

Il veut « placer l’écologie au cœur de la société » et vise un beau score aux municipales de 2020.
En attendant mieux.
Pauvre Jadot, qui prend ses désirs pour des réalités !
Il cherche à persuader l’électorat, en commençant par lui-même, que les écologistes sont incontournables et dans le vent de l’Histoire.
Pas question d’alliance privilégiée avec des partis de gauche, même s’il doit rencontrer François Ruffin, le plus insoumis des Insoumis, aux Journées d’été 2019.
Il veut rassembler, construire un projet avec toutes les bonnes volontés, n’excluant pas des alliances avec des maires de droite écolos, souhaitant « qu’il y ait des listes écologistes dans un maximum de villes et de villages ».
Tel Rastignac contemplant Paris, il lance ces mots grandioses : « À nous deux maintenant ! »
Las ! Il n’a rien d’un Rastignac, sinon son ambition.
Mais, contrairement au héros de Balzac, il n’a guère les moyens de cette ambition.
C’est plutôt un joueur de poker, qui bluffe avec tant d’affectation que ça se voit comme le nez au milieu de la figure.
Son score aux européennes est purement conjoncturel.
Ces élections ont toujours été favorables aux écologistes.
En 2009, Europe Écologie, avec l’appui de Daniel Cohn-Bendit, obtint 16,28 % des voix.
Quand on sait que l’ex-soixante-huitard est devenu le thuriféraire de Macron, on se demande si c’est une bonne référence.
Sans compter qu’en 2019, les électeurs qui ne se satisfaisaient pas du duel LREM-RN n’avaient pas beaucoup le choix.
Bref, les élections européennes ne suffisent pas à déterminer l’influence véritable des partis politiques.
Quant à la volonté de rassembler à gauche, à droite, au centre et ailleurs tous les écologistes de cœur, elle fait penser au fameux « et en même temps » de Macron, que Jadot se garde bien d’attaquer de front.
Quand on veut arriver, on ne doit négliger aucun appui ni rejeter aucune alliance.
Encore faudrait-il qu’il fît l’unité de son parti, ce qui n’est pas gagné si l’on en juge par les réactions à ses appels du pied à la droite.
Les écologistes ne sont pas près de se débarrasser du sobriquet de la pastèque : verte à l’extérieur, rouge à l’intérieur.
Historiquement, ils se sont presque toujours associés à la gauche, avec une prédilection pour la gauche extrême.
Ils sont aussi, comme elle, d’emblée favorables aux réformes sociétales.
Lors de la présidentielle, Yannick Jadot se déclarait pour l’extension de la PMA et voulait ouvrir le débat sur la GPA.
Qui se souvient qu’en 2013, lors de l’examen du projet de loi sur la refondation de l’école, la députée écologiste Barbara Pompili, qui s’est ensuite ralliée à Macron, voulut faire adopter un amendement sur « l’égalité des genres » ?
Yannick Jadot, malgré ses gesticulations verbales, ne parviendra pas à faire croire que l’écologie, quand elle se transforme en idéologie, est, avant tout, de gauche.
S’il fait des alliances pour les municipales, ce sera avec cette composante ou LREM (ce qui est parfois la même chose).
À moins que la droite ne se renie – ce ne sera pas la première fois – ou qu’il ne renonce lui-même aux principes qu’il a toujours défendus.

Dans le spectacle guignolesque qu’est devenue la politique, tout est possible.

N’a-t-on pas vu la bourgeoisie catholique, qui défilait avec ardeur contre le mariage pour tous, voter en masse pour Macron ?

Sans doute préférait-elle son porte-monnaie à ses convictions.

Philippe Kerlouan

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