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lundi 12 août 2019

L’Europe prête à céder au chantage de la Turquie ?

 
 
 
 
Publié par Manuel Gomez le 11 août 2019

Le plus grand tort des dirigeants de l’Union Européenne est de ne pas avoir lu les romans de Mary Higgins Clark, car ils auraient appris qu’avec les « maîtres-chanteurs » il n’y a pas 36 solutions : il n’y a que la bonne et la mauvaise.

Quand on commence à payer, et à accepter le chantage, cela ne cesse jamais.
 
Il faudra toujours continuer à payer et toujours accepter les conditions imposées par le maître-chanteur.
L’une des bonnes solutions est de refuser tout chantage dès le début, ce qui n’a pas été fait, hélas !
Dès lors l’issue est inévitable : si vous arrêtez les paiements, il met en pratique ses menaces et vous êtes foutu.
L’autre bonne solution est de l’abattre sans pitié, d’une manière ou d’une autre, c’est-à-dire physiquement ou économiquement.
Cette dernière solution n’étant pas la plus rapide, ni la meilleure !
Qui est le maître-chanteur qui fait « banquer » l’Union Européenne depuis 2016 ? « Mais bien sûr » (comme s’écriait Raymond Souplex), Recep Tayyip Erdogan, bien évidemment, ce dictateur sanguinaire qui domine la Turquie.
Quel a été le marché des dupes, en mars 2016 ?
La Turquie bloquait sur son territoire un peu plus de 3,5 millions de migrants, principalement des Syriens, des Irakiens et des Afghans qui tous choisiraient de rejoindre l’Europe centrale et d’échapper aux Turcs le plus vite possible.
De son côté, l’Union Européenne s’engageait à verser 6 milliards d’euros par an à Erdogan et d’exonérer de visa, pour traverser l’Europe, les 85 millions d’habitants de la Turquie et, enfin, de relancer les négociations en vue de l’adhésion de la Turquie à l’Union Européenne.
Les négociations ont été interrompues lors du coup d’état manqué contre Erdogan, le 15 juillet 2016, et que plus de 100.000 citoyens avaient été emprisonnés et environ 160.000 fonctionnaires, policiers, journaliste et soldats étaient licenciés ou suspendus.
Face à cette épuration de masse, spécialité turque comme on le sait, le parlement européen avait appelé, en date du 13 mars 2019, à suspendre les négociations d’adhésion de la Turquie.
Et c’est cette décision qui provoque la colère d’Erdogan et de la Turquie et ses menaces « même pas voilées ».
Tout d’abord celles du ministre des Affaires Etrangères : « Ou vous mettez en pratique notre accord, permettre aux citoyens turcs de traverser l’espace Schengen sans visa et, bien sûr, vous continuez à nous verser les indemnités que vous nous devez, ou nous ouvrons les vannes de l’immigration et aucun gouvernement européen ne pourra survivre plus de six mois. »
Et ensuite, celles du ministre de l’intérieur, Suleyman Soylu, plus précises puisqu’elles accusent l’Union Européenne : «Nous n’allons pas patienter plus longtemps à la porte de l’Union Européenne. Nous sommes confrontés à la plus grande vague d’immigration de l’histoire et vous laissez notre pays isolé face à cette migration qui menace l’Europe. Nous vous conseillons de ne pas tester notre patience et de ne pas la mettre à l’épreuve. »
Examinons, à présent, les conséquences plus que néfastes de ce chantage.
Si la Turquie entrait dans l’Europe, elle serait l’Etat le plus important au niveau de la population, devant l’Allemagne.
Donc le principal état serait un état musulman et cela entraînerait le risque fatal d’une islamisation de l’Europe, ce qui est d’ailleurs l’objectif recherché, ou alors d’une implosion de l’UE ?

Or, il est une évidence : la Turquie n’est pas en Europe.
Le président actuel, Emmanuel Macron, en est conscient et il l’a affirmé, prudemment certes, mais affirmé tout de même, quant à Nicolas Sarkozy, il en avait fait le constat en 2016 : « La Turquie est en Asie mineure, c’est un pont entre l’Asie et l’Europe, mais si un jour on explique aux écoliers que la Turquie est en Europe, il faudra également leur faire comprendre que la frontière européenne est en Syrie.
Il y a une rive du Bosphore en Europe mais la Turquie n’est, en aucun cas, un pays européen, ou alors ce sera la mort de l’Europe ! » »
Il nous faut examiner avec lucidité ce problème qui devient un risque majeur, même mortel, pour l’Union Européenne.
La Turquie d’Erdogan a les cartes en mains pour provoquer un chaos inextricable en Europe. D’autant plus que, en plus des 3,5 millions de migrants actuellement « stationnés » en Turquie, ce pays compte plus de 10 millions de turcs en-dessous du seuil de pauvreté.
Dix millions qui ne rêvent que de s’installer en Europe.
Egalement le grave problème qui oppose les Turcs aux Kurdes depuis des décennies.
Ces derniers tenteront d’échapper aux persécutions et aux massacres d’Erdogan en rejoignant l’Europe centrale, ce qui déplacerait ce conflit interne de la Turquie vers l’Europe.
Voilà donc le chantage auquel l’Europe est confrontée et il est impossible d’imaginer quel en sera l’issue, comment se jouera le final, car, si l’Union Européenne refuse l’adhésion de la Turquie, la suppression des visas pour les turcs et le versement des milliards, ce sera inévitablement l’invasion migratoire du côté des frontières turques et, de l’autre, la reprise intensive de la migration de centaines de milliers de migrants d’Afrique.

En conclusion : Nous sommes « foutus », l’Europe « est foutue », car la Turquie sera européenne et cela malgré notre ferme volonté et notre farouche opposition : Il ne peut en être autrement !

Je ne vois pas une autre alternative ?

Reproduction autorisée avec la mention suivante : © Manuel Gomez pour Dreuz.info.

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