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mardi 2 juillet 2019

Victime de harcèlement scolaire, Evaëlle a mis fin à ses jours à 11 ans



Evaëlle a subi l’enfer de la part de ses camarades. Le changement d’établissement n’a pas suffi à stopper le harcèlement. DR



 
Les parents d’Evaëlle, scolarisée à à Herblay (Val-d’Oise), avaient déposé plainte en février et l’avaient changée d’établissement. Ils mettent aussi en cause le personnel scolaire.

Comment peut-on mettre fin à sa vie alors qu'elle vient à peine de commencer ?

C'est la question que se pose encore l'entourage d'Evaëlle, 11 ans, retrouvée pendue à son lit, le vendredi 21 juin à Herblay (Val-d'Oise).
Ses parents, Sébastien et Marie, nous reçoivent dans le jardin de leur pavillon, dans un quartier tranquille.
Le couple fait preuve d'une vaillance incroyable dans cette épreuve.
Les mouchoirs ne sont jamais loin, mais les préparatifs des obsèques, prévues ce mercredi matin au cimetière du Père-Lachaise à Paris, et les formalités leur commandent de rester stoïques.
Scolarisée au collège Isabelle-Autissier depuis la rentrée, Evaëlle avait changé d'établissement et intégré Georges-Duhamel, dans le même secteur, après les vacances de février.
Ses parents venaient de déposer plainte pour harcèlement scolaire.
Depuis le drame, ils en ont déposé une nouvelle.
Ils ne veulent pas en dévoiler le contenu afin de préserver l'enquête en cours.
S'ils veulent nous parler, c'est pour dire « que ce n'était pas un harcèlement que de la part des élèves », indique Marie, ingénieure informatique.
« Il faut prendre le mot harcèlement au sens large », complète Sébastien, éducateur.
 

«Une professeur la traitait de folle»


Evaëlle a subi l'enfer de la part de ses camarades.
Des insultes, des brimades, des coups aussi.
Des élèves de son premier collège évoquent aussi une de ses professeurs.
 « C'est parti de là. Elle la traitait de folle », témoigne une amie.
« Quand tu n'arrives pas à faire quelque chose, elle te dit que tu es nulle. Elle dit à tout le monde : Vous êtes la pire des classes », témoigne une de ses anciennes élèves.
« Ça dépend des personnes, ajoute une autre. Elle s'attaque aux plus faibles. »
La plus faible peut-être pas, mais une élève à part, Evaëlle l'était certainement.
« Elle était pleine de joie. Une enfant précoce, avec une très grande lucidité. Bien trop grande pour son âge », décrivent ses parents.
Ils pointent sa très grande empathie.
Elle rêvait de devenir institutrice.
« Elle voulait être amie avec tout le monde. Souvent dans l'excès et quand on est dans l'excès, on se
fait rejeter », déplore son père.

Ils insistent aussi et surtout sur sa volonté d'aider les autres, parfois à son détriment. Evaëlle déjeunait le plus souvent seule à la cantine.
« Elle était très investie dans le mouvement scout. Avec les témoignages que j'ai reçus, je pense que c'était sa bouffée d'oxygène », estime Marie.

 
 «Il faut des cours d'empathie dès la maternelle»


« C'est sûr qu'on a élevé nos enfants dans l'empathie. Mais ce n'est pas le cas de tout le monde », souligne Sébastien.
Pour lui l'origine du problème est là.
Cette sensibilité qu'avait sa fille fait défaut aux jeunes d'aujourd'hui.
« Ils ne se rendent pas compte. Pour eux, ce ne sont que des moqueries », déplore-t-il.
« Il faut mettre des cours d'empathie dès la maternelle.
En Finlande, c'est ce qu'ils font », juge Marie.
Elle pense aussi que les messages de prévention sont à revoir.
« On montre toujours des jeunes qui harcèlent, on dit que c'est mal, mais on ne montre pas comment un harcelé peut s'en sortir », ajoute-t-elle.
Le fait d'aller voir un adulte est un tabou.
Être vu comme un « poucave » (une balance), la pire des transgressions.
« Pour eux c'est une montagne insurmontable d'aller voir quelqu'un », explique-t-elle.
Evaëlle l'a fait une fois spontanément avec ses parents.
C'est ce qui a enclenché la procédure qui lui a permis de changer de collège.
Mais cela n'a pas suffi.
Elle s'est sans doute sentie tirée d'affaire jusqu'à ce que le harcèlement reprenne.

Comme un cauchemar que rien ne semblait arrêter.

leparisien

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