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vendredi 19 juillet 2019

Macron en Serbie apprend que pour recevoir, il faut donner

 
 
 


 
En début de semaine, le Président Macron s’est rendu en Serbie.

Les relations entre Belgrade et Paris sont pour le moins « distendues », en ce moment, et on est loin, très loin, des années de gloire où la France avait un allié de poids dans les Balkans et Belgrade pouvait compter sur le soutien indéfectible de Paris.

Il faut dire, aussi, que le Président français a des choses à se faire pardonner des Serbes : il reconnaît l’indépendance du Kosovo ; le 11 novembre dernier, il a placé le président serbe sur une estrade de second rang alors que la Serbie a été un allié majeur de la France pendant la Première Guerre mondiale, puis il a annulé sa dernière visite prévue à Belgrade, en décembre, en pleine tempête des gilets jaunes.
Attendu sur ce grand retour dans les Balkans, le Président français a proposé de faire table rase du passé et de regarder vers l’avenir.
Il l’a dit lors d’une cérémonie devant le monument en l’honneur de la France, au centre de Belgrade, sur lequel est gravé « Aimons la France comme elle nous a aimés », qui vient d’être rénové suite à des dégradations.
Macron n’est pas venu seul à Belgrade.
S’il a laissé son épouse à la maison, il n’a pas oublié d’embarquer plusieurs capitaines d’industrie, désireux de participer au développement économique du partenaire historique français.
Une vingtaine de contrats ont été signés.
Tout en enjoignant les Serbes à faire la paix avec les Albanais du Kosovo, il n’a pas manqué l’occasion de vendre des armes à Belgrade. Business is business.
Macron a déclaré qu’il voulait être plus présent en Serbie et a fait allusion à la présence grandissante de la Russie et de la Chine.
Mais le Président français se réveille peut-être un peu trop tard.
Depuis plusieurs années, Russes et Chinois sont devenus des partenaires économiques privilégiés dans des domaines que la France aurait pu briguer sans problème (défense, construction, chemin de fer…).
Faut-il s’étonner que les Serbes aient plutôt envie de laisser les Chinois construire les ponts du pays plutôt que les Français, alors que Pékin soutient la Serbie sur le Kosovo et lui octroie des prêts à taux préférentiels ?
Faut-il s’étonner que la Russie reconstruise les chemins de fer serbes plutôt que la France, qui a bombardé la Serbie, tué des Serbes et n’a même pas présenté ses excuses ?
M. Macron a raison, la France doit jouer un rôle important dans les Balkans et les Serbes, pas trop rancuniers, sont même prêts à lui redonner cette place.
En revanche, l’amitié est une histoire de réciprocité.

Si M. Macron veut vraiment que la France joue un rôle important en Serbie, alors il doit se couper de Washington et développer une nouvelle politique balkanique qui valorise les intérêts de la France tout en défendant ceux des Serbes.

C’est le prix à payer pour renouer une vieille amitié et s’ouvrir de nouveaux marchés.


Nikola Mirkovic

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