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vendredi 12 juillet 2019

Les Françaises font plus de bébés que leurs voisines. Mais est-ce bien les Françaises ?

 
 



Il faut, on le comprend bien, tuer dans l’œuf cette méchante idée reçue selon laquelle ce sont les immigrées qui repeuplent la France.

On avance en effet, çà et là, et plutôt là que çà, que nos ventres sont plus féconds quand ils arrivent d’outre-frontière.

Faux ! nous disent Sabrina Volant, Gilles Pison et François Héran qui publient ce jour, dans Populations et Sociétés, la revue de l’INED (Institut national des études démographiques), une étude approfondie sur le sujet.
La question, donc : « La France a la plus forte fécondité d’Europe. Est-ce dû aux immigrées ? »
La réponse : non, trois fois non, finissons-en avec ce fantasme ridicule.
Reste, toutefois, à savoir de qui et de quoi l’on parle exactement, ce qui, à la lecture du document, n’est pas franchement clair…
Et pour s’en expliquer, il va falloir une fois de plus tourner autour du pot puisque les mots, comme les images, sont parfois frappés d’interdiction majeure.
Pour commencer : cocorico !
La France fait mieux que ses voisins avec un taux de fécondité, en 2017, de 1,9 enfant par femme, quand la moyenne européenne est à 1,59.
Il convient donc d’aller fouiller dans les berceaux pour tuer dans l’œuf cette « hantise d’un rapport de force numérique entre les natifs de France et les immigrés qui mettraient en péril l’identité nationale ».
Pour y parvenir, nos trois chercheurs avancent une explication qui, je l’avoue, a du mal à pénétrer mon cortex frontal : « L’immigration contribue fortement aux naissances mais faiblement au taux de fécondité. »
Heureusement, nos confrères du Huff ont décrypté pour nous le message : « L’apport des femmes immigrées au taux de fécondité de la France s’élève à 0,1 enfant.
Si elles contribuent à 19 % des naissances sur notre territoire, elles ne représentent que 12 % des femmes en âge d’avoir un enfant. »
Et donc, « mathématiquement, même si elles ont en moyenne plus d’enfants que les femmes natives, elles sont trop peu nombreuses pour influer de manière importante sur le taux de fertilité ».
Passons sur la confusion entre « fertilité » et « fécondité », mots qui, en français, n’ont pas le même sens…
Reste que les femmes immigrées ont, en moyenne, 2,6 enfants par femme, contre 1,8 pour les femmes natives (d’aucuns diraient « françaises de souche », mais cela relève des interdictions plus haut évoquées).
Arrivent en tête les femmes originaires du Maghreb avec, en moyenne, 3,5 enfants par femme, puis celles originaires d’Afrique subsaharienne et de Turquie, avec une moyenne avoisinant les 3 enfants par femme.
Les femmes nées en Europe ou dans les autres régions du monde n’ont, elles, en moyenne que 2 enfants.
Mais la suite est plus intéressante encore, et si l’on veut bien lire entre les lignes, on comprend ce qui distingue les têtes chercheuses du bon peuple, lequel est assez bête pour ne croire que ce qu’il voit.
Pour rappel, en France, « les statistiques ethniques ne sont pas complètement interdites mais elles sont fortement contrôlées », écrit notre confrère.
« Il existe précisément une interdiction de principe et une liste d’exceptions clairement définies, parmi lesquelles les grandes enquêtes régulières de l’Ined », comme celle dont il est question ici.
Se pose donc la question épineuse du “ressenti”, maladie dont on nous assure qu’elle perturbe depuis des décennies, par exemple, notre perception de l’insécurité : on nous l’a assuré, nous souffrons d’un “sentiment” d’insécurité sans rapport, sinon avec les faits, du moins avec les statistiques.
Ainsi le Français natif, pauvre crétin qui ne croit que ce qu’il voit – à savoir que les crèches et les écoles maternelles sont dans certains quartiers désormais peuplées exclusivement de petits subsahariens à la peau sombre – a-t-il le “sentiment” que la population de son pays se transforme.

Ce qui est faux au regard de l’administration chiffrée.

Marie Delarue

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