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lundi 29 juillet 2019

Les défis et les atouts de Bojo

 
 



L’arrivée de Boris Johnson au 10 Downing Street laisse espérer la fin du tunnel… celui du Brexit.

Le choix du Brexit a été, sans doute, pour Johnson davantage une décision de stratégie personnelle que l’expression d’une conviction profonde.

Engagé dans cette voie qui lui vaut d’avoir été élu par la majorité des adhérents du Parti conservateur pour succéder à Theresa May, il se trouve comme elle confronté à de multiples difficultés.
Il lui faudra plus que son énergie ou son humour pour les surmonter.
Son atout principal est d’être le champion de la démocratie dans un pays qui peut revendiquer une longue légitimité dans ce domaine.
Le peuple britannique a voté la sortie de l’Union européenne à une majorité de 51,9 %.
Son gouvernement doit transformer l’essai.
Certains n’hésitent pas à évoquer un nouveau référendum qui pourrait, lui, annuler le précédent et le Brexit.
Non seulement l’écart n’était pas considérable, mais surtout les différences géographiques entre les votes étaient marquées : en Angleterre et au pays de Galles, globalement, les « périphériques » avaient voté pour le Brexit, quand les « métropolitains », ceux du Grand Londres, notamment, avaient voté contre ; plus grave, l’Écosse et l’Irlande du Nord s’étaient prononcées pour le maintien, et c’est là la source d’un nouvel épisode séparatiste au lendemain du Brexit.
L’Écosse demandera un nouveau référendum sur son indépendance afin de rester dans l’Union européenne, comme le veulent la majorité des Écossais.
La rigidité de la Commission européenne sur la restauration d’une frontière entre les deux Irlandes ou, au besoin, entre l’île irlandaise et le reste du Royaume-Uni, pour éviter un trou dans la maille douanière, a créé de vives tensions.
Les catholiques y voient une possibilité de réunification au profit de la République.
Les unionistes ne veulent évidemment pas être séparés de l’Angleterre, et la plupart des Irlandais ne désirent pas revoir l’ancienne frontière symbolique de la guerre civile.
Plus profondément, on voit donc bien que dans le Brexit, c’est la démocratie qui est en jeu.
Elle l’est de trois manières : d’abord, il s’agit de savoir si un peuple est maître de son destin.
Si les Britanniques renonçaient à quitter l’Union, ils révéleraient que la démocratie est une illusion parce que les peuples n’ont pas la maîtrise des sujets sur lesquels on leur demande leur avis.
Certes, il s’agit de la démocratie directe, et il restera la démocratie représentative, c’est-à-dire le pouvoir détenu par des professionnels de la politique.
On sait trop bien, en France particulièrement, que celle-ci oscille entre démagogie et technocratie et considère l’appel au peuple comme du populisme.
Ensuite, il n’y a de démocratie que s’il y a un « démos », un peuple animé par une volonté commune, bref, une nation.
L’Europe est une tentation, pour les régions dotées d’une forte identité, de dissoudre l’ensemble dans lequel elles se sentent prisonnières… pour rejoindre une autre prison aux barreaux apparemment plus larges.
Enfin, la démocratie donne la préférence à la politique sur tout autre déterminisme moins dépendant de la volonté populaire.
Lorsqu’une perspective économique est présentée comme inéluctable par la pensée unique, l’alternative disparaît et il n’y a plus de démocratie.
Les Britanniques, à tort ou à raison, ont choisi de se détacher de l’Union pour signifier leur refus de la submersion migratoire.
On leur dit que tel n’était pas le sujet et que le Brexit aura des conséquences catastrophiques : effondrement de la livre, recul du PIB entre 3 % et 8 % selon qu’il y ait accord ou non, augmentation du chômage.

« Bojo » affronte donc un défi considérable.
La France n’a pas forcément intérêt, à court terme, à ce qu’il y parvienne puisque le Royaume-Uni constitue notre premier excédent commercial, mais à plus long terme, son succès mettra fin à l’engrenage européen.

Pour cela, Boris Johnson possède deux atouts, le Commonwealth, et le soutien de Donald Trump, donc des États-Unis.

Peut-être devra-t-il surtout compter sur l’orgueil et la ténacité des Anglais.

Christian Vanneste

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