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vendredi 17 mai 2019

Entre un et deux millions de travailleurs pauvres en France selon l’Observatoire des inégalités




Source: AFP
Photo d'illustration prise en Juin 2012.
17 mai 2019

Il y a en France, de manière structurelle, entre un et deux millions de salariés pauvres. 

L’Observatoire des inégalités publie une analyse détaillée de leur situation, alors que le Smic s’invite dans la campagne pour les élections européennes.

Selon les dernières données publiées par l’Observatoire des inégalités, un million de personnes exercent un emploi mais disposent d’un niveau de vie inférieur au seuil de pauvreté, fixé à la moitié du revenu médian (soit 855 euros par mois pour une personne seule en 2016).
Si on fixe le seuil de pauvreté à 60% du niveau de vie médian (1 026 euros), on en compte deux millions.

La pauvreté des travailleurs évolue peu en France.
Elle a légèrement diminué au début des années 2000, puis est remontée pour atteindre 1,1 million de personnes en 2011 au seuil à 50% du niveau de vie médian.
Après une nouvelle baisse au début des années 2010, elle semble stagner dans les années récentes.
De la même façon, le taux de travailleurs pauvres a oscillé entre 4 et 4,6% entre 1998 et 2016.

Comment est-il possible qu’en France un million de salariés perçoivent un salaire inférieur aux seuils de pauvreté alors que le salaire minimum (Smic) est situé au-dessus avec 1 200 euros net par mois et peut éventuellement être complété par des allocations ?

L’Observatoire explique qu’une partie non négligeable des travailleurs sont employés en temps partiel ou par intermittence (CDD, intérim, etc.) et sont pour ces raisons loin d’atteindre le Smic sur l’ensemble de l’année.

La question du niveau d’un Smic européen, calculé par rapport au salaire médian dans chaque pays, s’est imposée dans la campagne pour les élections européennes.
Certaines listes proposent un seuil calculé selon un pourcentage qui aboutirait à un revenu inférieur ou égal au seuil de pauvreté.
Les bas salaires fortement touchés par l'intermittence

En France, l’intermittence et la précarité touchent en particulier les bas salaires.
Ainsi, 57% des salariés au Smic travaillent à temps partiel et 15% sont en contrat à durée déterminée ou en intérim.
Environ 5% des salariés sont rémunérés à un salaire inférieur au Smic horaire : apprentis, personnes mineures, animateurs de centres de vacances, assistantes maternelles, etc.
Enfin, une partie des indépendants présentent des revenus mensuels moyens très faibles, largement inférieurs au Smic.

Les dernières données disponibles sur le nombre de travailleurs pauvres datent de 2016.
Depuis, selon l’Observatoire des inégalités, la part d’emplois précaires a augmenté et le chômage a légèrement baissé.
Dans son analyse, l’institut se demande «si les mesures de flexibilisation du droit du travail prises depuis 2015 vont dynamiser l’emploi et permettre à des chômeurs de remettre le pied à l’étrier ou, au contraire précariser encore plus ceux qui sont les plus précaires ?»

En revanche, l’augmentation de la prime d’activité décidée début 2019, pourrait permettre à des personnes proches du seuil de pauvreté à 60% du niveau de vie médian de passer au-dessus et sortir ainsi du décompte des travailleurs pauvres.

Fondé en 2003, l’Observatoire des inégalités est un organisme privé indépendant qui se donne pour mission de dresser un état des lieux des inégalités, en France, en Europe et dans le monde.
Certains de ses projets reçoivent le soutien matériel ou financier d’acteurs de l’économie sociale et d’organismes publics comme la Fondation Abbé Pierre, le groupe d’assurance mutuelle Macif, ou encore le magazine Alternatives économiques.

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